CULTURE – RELIGION – ISLAM- BEN BADIS ABDELHAMID
A la fois Homme politique, faqih, homme de sciences, ouvert à la connaissance universelle Abdelhamid Ben Badis aura été l’un des plus grands précurseurs du mouvement réformiste algérien à l’instar du cheikh Mohmmed Abduh en Egypte . Il est l’Auteur d’une triade célèbre : «l’Islam est notre religion, la langue arabe est notre langue, l’Algérie est notre patrie».
Abdelhamid Ibn Badis naît à la fin de l’année 1889 à Constantine d’une lignée dont les racines plongent dans la tribu berbère des Beni Sanhadja , ceux-là qui ont enrichi l’histoire de l’Algérie avec les zirides, dynastie musulmane fondée par Bologhine Ziride. Son père, Mohamed Mostefa était une personnalité politique puisqu’il était membre du Conseil Supérieur Algérien.
A 13 ans Ibn Badis apprend le Coran et vers 1908 il s’initie aux sciences théologiques et aux sciences sociales dans la célèbre université Zeitouna de Tunis. Et c’est à l’occasion du pèlerinage qu’il effectua aux lieux saints de l’Islam qu’il s’impliqua d’une façon définitive aux idées réformistes. De retour, sa conscience politique était déjà mûre, affûtée contre un de ses premiers combats : le code de l’indigénat. Toute sa vie il n’eut de cesse de lutter par le verbe et la plume contre toutes les tentatives de dépersonnalisation de l’Algérien.
« Pourquoi je vis ? Je vis pour l’Algérie et l’islam ». Cet éditorial signé de sa main fait l’effet d’ un tonnerre dans la conscience de nombreux algériens, même ceux gagnés par l’anesthésie coloniale. La religion, la culture la patrie étaient indissociables à ses yeux …. « le monde musulman émerge de l’ère post-Almohade depuis le siècle dernier, sans toutefois retrouver encore son assiette. Comme un cavalier qui a perdu l’étrier et ne parvient pas encore à le reprendre, il cherche son nouvel équilibre. Sa déchéance séculaire, qui l’avait condamné à l’inertie, à l’apathie, à l’impuissance, à la colonisation, a conservé néanmoins ses valeurs plus ou moins fossilisées » écrit Malek Bennabi dans « Le problème des idées dans le monde musulman ».
Ibn Badis avait une passion : l’Algérie, une langue pour l’exprimer : l’arabe et une foi pour traverser ce monde dans une spiritualité généreuse : l’islam. C’est un Intellectuel au strict sens du terme. Ses armes sont le verbe et la plume. il les mettra au service d’un idéal et d’une cause éternelle. La pédagogie sera au centre de sa méthode d’enseignement, de conscientisation et d’éducation. Fin orateur, dès 1917, il dispense un cours public dans la mosquée Sidi Qammoûch, de sa ville natale et avec un petit noyau de proches il dispense des cours du soir en arabe et en français pour adultes. L’année suivante, au moment où l’humanité vit les dernières heures d’une guerre totale, la première, la plus meurtrière de son histoire où les techniques et les sciences ont été conviées sur les champs de bataille. Ben Badis, visionnaire envoie à l’Université de Tunis un premier groupe d'étudiants algériens, future colonne vertébrale de l’enseignement libre. En 1934, Ech-Chihab parlera de l’existence de 70 écoles. Mais la première école de filles ouvre en 1919 à Sidi Boumaza . Avec Moubarak el Mili, celui qui deviendra plus tard l’un des théoriciens de l’Association des Oulémas Algériens, il montre par la pratique que l’éducation de la femme est le canal fondamental par où transite la renaissance algérienne. Ibn Badis meurt le 16 avril 1940. Il reste comme l’un des grands savants religieux du siècle dernier.