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Monument funéraire - Massinissa

Date de création: 25-06-2013 14:32
Dernière mise à jour: 24-07-2013 14:35
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HISTOIRE – PATRIMOINE – MONUMENT FUNERAIRE – MASSINISSA

Sur une colline de la localité d'El Khroub (10 km  à l'est de Constantine) se dresse le tombeau gréco-punique du roi Massinissa,  fédérateur de la Numidie. Le monument funéraire annonçait fièrement aux voyageurs  venus de Carthage, de Thevest ou de Calama (actuelles Tébessa et Guelma) l'entrée  de l'antique Cirta. A l'intérieur d'un périmètre jouxtant une zone d'habitation, se dresse  la partie encore intacte du monument —aujourd'hui sous la responsabilité de  l'Office de gestion et d'exploitation des biens culturels (Ogebc) — défiant le  temps depuis plus de dix-huit siècles. L'édifice, construit en blocs de pierre taillés et superposés à sec  avec des filons de jointure en plomb, a été construit sur la route menant de  Cirta à Carthage sur une colline qui surplombe, aujourd'hui encore, les grands  centres urbains de Constantine.  De forme cubique en sa base, le monument porte sur les murs du deuxième niveau deux boucliers symbolisant le rang du défunt ainsi qu'une fausse porte  remplacée par un muret, élément étranger à l'édifice, maintenu avec du mortier coloré et érigé lors d'une opération de restauration menée visiblement à la  hâte.  Les deux niveaux manquants se composent de colonnes, de fûts de colonnes,  de chapiteaux et de fausses portes, tous catalogués en prévision d'une reconstitution  qui se fait toujours attendre.  L'ouvrage reste une curiosité architecturale, comparativement aux autres  monuments funéraires royaux berbères comme l'Imedghacen, le mausolée royal de  Maurétanie (Tipasa), ou le tombeau commémoratif du roi Syphax (Siga, Ain Temouchent),  qui présentent tous une forme circulaire coiffée d'une toiture conique en pierre et des colonnes décoratives.          
Le tombeau étant scellé et sans entrée, des archéologues français ont  dû le démanteler pour pouvoir accéder à la chambre funéraire, avant de reconstituer  le monument sans les deux niveaux supérieurs détruits par un séisme dont la  date reste inconnue.          
Après une première opération de réhabilitation, qualifiée en 2006 de "massacre" par la ministre de la Culture, Khalida Toumi, en personne, une clôture a été installée et une aire de repos avec parking aménagé à l'attention des  visiteurs à une vingtaine de mètres du monument.          
Les colonnes et blocs de pierres constituant les deux niveaux manquants  ont été entreposés dans le périmètre à même le sol...          
C'est à la faveur de cette "opération" que les fausses portes en pierre  du deuxième niveau ont été retirées et remplacées par un muret en pierre  et ciment pigmenté complètement étranger à la structure originelle.    
La pierre, elle, a été décapée au moyen d'abrasifs pour s'en trouver  gravement fragilisée, rendant difficilement déchiffrables les éléments de datation.          
Un projet de reconstitution du "Village numide" à proximité du site,  qui aurait permis l'aménagement d'une cinquantaine d'hectares, avait été évoqué  en 2006, mais le projet n'a jamais pu voir le jour.

 L'Aguellid aux deux tombeaux                    
La puissance de Massinissa et sa renommée dans le monde antique ont  fait que deux tombeaux, l'un à El Khroub, l'autre à Dougga (nord ouest de la  Tunisie), furent érigés en souvenir de l'Aguellid (roi berbère).  Quasiment identiques, ils portent l'inscription MSNSN (Massinissa) sur ce qui reste d'une épigraphe, et leur architecture présente des influences grecques et égyptiennes auxquelles des ouvriers bâtisseurs étrangers ont apporté une touche personnelle.  Le monument de Dougga, élevé dix ans après la disparition du roi,  porte l'inscription MQDS (sanctuaire en phénicien) évoquant le culte voué  au plus illustre des Aguellids et consacré par un "temple offert par les  dirigeants de la cité", selon des archéologues tunisiens.  Des spécialistes avancent que ce sanctuaire pourrait symboliser une  proclamation d'autonomie de Dougga, alors que d'autres y voient un acte d'allégeance  à la dynastie Massyle et de défiance à l'égard du successeur de Massinissa,  son fils Micipsa, dont le règne sans partage sur la Numidie irritait la société  berbère. L'édifice est tout de même considéré comme monument commémoratif, les  fouilles archéologiques entreprises en 1915 sur le tombeau d'El Khroub ayant  permis de mettre au jour une chambre funéraire renfermant des ossements ainsi  que des objets (épée, côte de maille, pointes de lances et des flèches) — désormais exposés au musée de Cirta — attestant du véritable tombeau de Massinissa.          
Pour demeurer debout et continuer à témoigner de l'épopée de l'unificateur  de la Numidie, le tombeau funéraire du grand Aguellid ne peut compter, pour  l'heure, que sur la solidité intrinsèque de ses pierres et le savoir-faire de  ceux qui l'ont bâti il y a 1.800 ans.