RELATIONS INTERNATIONALES – ETRANGER – INVESTISSEMENTS – QATAR/FRANCE
Immobilier de prestige, fleurons de l'industrie ou encore escapades dans le monde du sport, les investisseurs du Qatar
ont multiplié ces dernières années leurs emplettes sur le territoire français, avec un goût prononcé pour des joyaux nationaux.
"En cinq ans, le Qatar a vraisemblablement investi, de manière directe ou indirecte, environ 15 milliards de dollars" en
France, "ceci sans compter les investissements privés de l'émir et de sa famille", explique le ministère des Affaires étrangères
concernant ce pays de 1,7 million d'habitants. En 2010, le Qatar est devenu le pays le plus riche au monde en termes de
PIB par habitant, grâce à de phénoménales réserves de gaz et de pétrole. Pour ne pas dépendre uniquement de ces ressources,
l'émir Hamed ben Khalifa al-Thani a lancé en 2005 la Qatar Investment Authority dont les avoirs sont estimés à
150 milliards de dollars—pour "renforcer l'économie du pays en se diversifiant dans de nouvelles classes d'actifs". Avec un
puissant bras financier, Qatar Holding. Entre autres entités. Et les investisseurs privés qatariens ne lésinent pas non plus. Selon
le ministère du Commerce extérieur, la France attirerait 10% des investissements qatariens à l'étranger. Probablement du fait
d'une convention fiscale particulièrement généreuse qui exonère les plus-values immobilières de l'Etat du Qatar et des entités
publiques. Ce n'est pas terminé: en novembre dernier, l'ambassadeur du Qatar en France Mohamed Jaham Al- Kuwari, indiquait que son pays envisageait d'investir 10 milliards d'euros supplémentaires dans de grandes entreprises françaises. Le tableau de chasse
est déjà impressionnant: les grands magasins Printemps, le maroquinier Le Tanneur, des participations dans des groupes du CAC 40 comme Total (3% et peut-être 5%, 2e actionnaire), Vivendi (3%), Lagardère (12,8%, 1e actionnaire), Vinci (5,5%, 2e actionnaire), Veolia Environnement (5%) ou encore LVMH (1%). Des capitaux qatariens ont également mis la main sur le club de football emblématique du PSG et sur le Paris Handball, ainsi que sur une partie des droits de la Ligue 1 de football jusqu'en 2016
pour les dernières nées (beIn Sport 1 et 2) du groupe de télévision Al-Jazeera. Leur appétit s'est aussi assouvi dans l'immobilier.
Dans l'escarcelle de ressortissants du plus petit des Etats du Golfe (11.437 km2) figurent désormais les hôtels parisiens Raffles (ex-Royal Monceau), Concorde Lafayette, hôtel du Louvre et Peninsula, ainsi que le Martinez et le Carlton à Cannes et le Palais de la Méditerranée à Nice. Près d'un quart (23,37%) de la Société fermière du casino municipal de Cannes (SFCMC), exploitant du Majestic Barrière et du Gray d'Albion, est qatarien depuis 2009.
L'avenue des Champs Elysées n'a pas échappé à la gourmandise puisque 35.000 m2 de locaux seraient désormais sous sa
bannière. Il détiendrait aussi près des Grands Boulevards un immeuble de 23.000 m2 accueillant notamment le siège du
quotidien Le Figaro. L'émir lui-même a mis la main en 2003 sur l'hôtel d'Evreux, niché dans la prestigieuse place Vendôme
à Paris. L'hôtel Lambert, à la pointe de l'Ile Saint Louis, a été acheté en 2007 par son frère.
Le marché de l'art n'est pas dédaigné. La société française Artprice constatait en septembre dernier "un nombre impressionnant"
de requêtes en provenance du Qatar. Début 2012, le pays a acheté de gré à gré les "Joueurs de cartes" de Paul Cézanne pour un montant estimé à 250 millions de dollars, soit la plus importante transaction jamais enregistrée à l'époque sur le marché de l’art.