FINANCES – ETRANGER – CAPITAUX- TRANSFERTS DE CAPITAUX- RAPPORT BAD
L’Algérie s’illustre à nouveau dans les classements mondiaux en se plaçant, cette fois-ci, parmi les pays d’Afrique qui favorisent le plus le transfert illégal de capitaux. A la lecture du dernier rapport de la Banque africaine du développement (BAD) ,traitant de la problématique de la migration illicite de capitaux, l’Algérie arrive au 4e rang africain.
«Les cinq principaux pays qui ont connu les flux financiers illicites les plus élevés au cours de la période 2000-2009 ont été le Nigeria, l’Afrique du Sud, l’Egypte, l’Algérie et la Libye », lit-on dans le rapport qui est diffusé sur le site web de la BAD (18 juin 2013),. Cette institution monétaire multilatérale africaine précise qu’à l’origine de ces transferts illégaux de capitaux figurent des fléaux tels que la corruption, les pots-de-vin, la fraude fiscale, les activités criminelles, les transactions de certaines marchandises de contrebande et d’autres activités commerciales illicites à travers les frontières. Le verdict est sans appel pour les cinq pays cités par le classement de la BAD. La répartition géographique des « flux de capitaux illicites » a été inégale, fera constater la BAD. L’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale arrivent cette fois-ci sur le point culminant de la pyramide en déclassant les autres régions avec au tableau 494 milliards de dollars de capitaux illicitement transférés (37 %), suivie par l’Afrique du Nord (415,6 milliards de dollars, soit 31 %) et l’Afrique du Sud (370 milliards de dollars, soit 27 %).
Globalement, le transfert illégal de capitaux vient de déclasser en volume comme en valeur les sorties légales, lesquelles se sont établies à 30,4 millions de dollars au cours de la période 2000-2009. Les sorties qui provenaient principalement de la région de l’Afrique du Nord représentaient 83 % de la totalité de cette cagnotte. Les transferts nets enregistrés ont été également considérables en Afrique occidentale et centrale et s’expliquent principalement par les sorties liées aux remboursements d’emprunts et les crédits commerciaux. La Banque africaine de développement a tenté, dans son étude, de cerner les causes profondes qui sont à l’origine des flux financiers illicites. Ces causes invoquent surtout les systèmes de gestion financière faibles, l’instabilité politique et macroéconomique des pays souffrant de ce fléau, l’absence de libéralisation financière, la recherche de rendements plus élevés sur investissement…
« Les conséquences directes et indirectes de ces flux financiers illicites sont des contraintes majeures pour la transformation de l’Afrique. La corruption de haut niveau, combinée aux risques et l’incertitude de l’économie nationale affaiblissent les mesures économiques et sociales mises en place, limitant désormais la perspective d’une croissance plus inclusive », estiment les experts de la BAD. C’est dire que les conséquences de ce phénomène de transfert illicite de ressources sont considérables sur l’Afrique. « Ces ressources pourraient être mobilisées et investies dans le plan de transformation de l’Afrique ». Pour limiter les dégâts, la Banque africaine de développement, en association avec Global Financial Integrity, prévoit des mesures stratégiques pour aborder la question des flux financiers illicites. La BAD appelle à promouvoir la transparence dans le système financier, l’échange automatique des renseignements fiscaux. La BAD estime que dans les pays riches en ressources naturelles, à l’image de l’Algérie, le secteur des hydrocarbures est généralement la principale source de flux financiers illicites. « Ces pays n’ont généralement pas les structures de bonne gouvernance qui permettraient aux citoyens de surveiller la quantité et l’utilisation des recettes provenant du secteur des ressources naturelles. Ces pays devraient promouvoir la transparence ».