La valeur de la monnaie nationale a enregistré une hausse de 7% à la fin du premier semestre de l’année 2013 et ce, malgré le déficit dans la balance des paiements pour la même période dans un contexte où l’activité économique nationale a repris de la vigueur, a indiqué, mardi 17 décembre 2013, le gouverneur de la Banque d’Algérie en séance plénière à l’Assemblée populaire nationale. Il a expliqué à ce titre que cette activité économique, qui est impulsée par une hausse de la demande, notamment de l’investissement, et par des croissances sectorielles de l’activité, hors hydrocarbures, bien reparties avec une croissance réelle du PIB, a connu un taux de croissance de 7,1%. Un taux relativement élevé et en progression, a encore soutenu Mohamed Laksaci, lors de sa présentation du rapport de l’évolution économique et monétaire du rapport annuel de 2012 de la Banque d’Algérie.
Abordant les indicateurs de l’évolution de l’économie algérienne, Mohamed Laksaci a indiqué que les investissements publics ont progressés, les exportations des hydrocarbures ont reculé de 14,31% au cours du 1er semestre de 2013, le taux d’inflation a reculé de 8,89% en 2012 (le taux le plus élevé de la décennie) à 6,59% en moyenne annuelle pour 2013. Il a, cependant, noté l’amélioration de l’investissement productif générateur de richesses hors hydrocarbures contre une hausse des importations de 20%, en insistant sur la politique monétaire qui vie à juguler l’excédent des liquidités des banques et à améliorer la gestion. Le compte courant de la balance des paiements extérieurs a enregistré un déficit de 1,2 milliard de dollars contre un excédent de 10 milliards de dollars pour le premier semestre 2012, ce qui représente un choc pour la balance des paiements extérieurs pour l’année en cours.
En détail, l’évolution des prix selon le rapport de la BA s’est caractérisée en 2012 par l’accélération de l’inflation pour atteindre 9,7% au titre de l’indice national des prix à la consommation et 8,9% pour celui du grand Alger. Les causes résident dans l’accroissement de la masse monétaire qui explique 84% de l’inflation. D’autres causes sont liées aux dysfonctionnements des marchés des opérateurs, des concurrences.
A propos de la balance des paiements et du taux de change, le rapport souligne la forte réduction de la dette extérieure opérée dans les années 2000 dans le cadre de la consolidation de la stabilité financière extérieure. Quant au marché interbancaire, il demeure en phase de libéralisation du régime des changes et d’amélioration de la balance des paiements alors que l’intervention de la BA a permis d’atténuer l’impact de la volatilité des cours de change des principales devises sur l’économie nationale, notamment en atténuant l’effet sur les prix intérieurs.
Le rapport annuel de la Banque d’Algérie, pour l’année 2012, présente une activité économique qui a repris de la vigueur, impulsée par une hausse de la demande, notamment de l’investissement, et, par des croissances sectorielles de l’activité, hors hydrocarbures, bien réparties avec une croissance réelle du PIB estimée à 7,1%, un taux relativement élevé et en progression. Aussi, la croissance économique a repris en 2012, tirée par tous les secteurs d’activité, notamment l’agriculture qui a réalisé la plus forte croissance avec une production de 9% du PIB et ce, en dépit de l’important recul de celle du secteur des hydrocarbures. Le BTP a renoué avec ses niveaux de 2007 avec un taux de croissance de plus de 8,2% pour se placer en troisième place en termes de contribution à la richesse nationale. Le secteur de l’industrie, public et privé, progresse de 5,1%, un taux appréciable même s’il demeure inférieur à ceux des autres secteurs. Le secteur des hydrocarbures n’a toujours pas renoué avec la croissance et pour la septième année consécutive, la valeur ajoutée recule en raison du ralentissement de la croissance économique mondiale et l’émergence de nouvelles offres, jouant sur la demande et les prix. Le recul du prix du pétrole brut a été compensé par la hausse du prix du gaz naturel.
Les finances publiques, qui restent marquées par la hausses des dépenses publiques, liées, jusqu’en 2008, par la hausse des recettes budgétaires, ont abouti à un déficit budgétaire substantiel et demeurent en conséquence vulnérables à la solvabilité des prix des hydrocarbures de sorte que la marge de manœuvre de la sphère budgétaire dans l’allocation des ressources à la croissance se resserre. La forte expansion des crédits à l’économie, appuyée par des conditions financières et des mesures de soutien aux petites et moyennes entreprises (PME) contribue au dynamisme de l’activité économique hors hydrocarbures. Les recettes fiscales qui ont progressé de 29,9%, représentent 89,1% des recettes hors hydrocarbures, celles non fiscales ont diminué de 14,2% alors que les recettes budgétaires ont progressé en 2012 de 10,7%, avec 84,8% pour les hydrocarbures, 23% en hors hydrocarbures.
Les dépenses budgétaires ont connu une hausse de 22,5% en 2012, contre 31% en 2011 et 5,2% en 2010, augmentant de plus de 60% ces deux dernières années.
La capacité de financement du Trésor, exprimé par l’encours des épargnes financières auprès de la Banque d’Algérie, s’est consolidée pour représenter 35,6% du PIB, 87,9% des recettes totales et 78,6% des dépenses publiques, mais si la constitution de cette capacité de financement du Trésor, au cours de la décennie, a concouru à prémunir les finances publiques d’éventuels chocs externes, l’évolution de la structure des recettes budgétaires constitue un élément additionnel de vulnérabilité, et, autant de défi face à la nouvelle structure des dépenses budgétaires.
Le gouverneur de la Banque d’Algérie a traité dans son exposé des motifs de l’évolution de la politique monétaire, les éléments liés à la stabilité du taux de change effectif avec l’objectif de juguler les impacts en contexte de décélération significative du rythme d’expansion monétaire. Si l’efficacité de la conduite de la politique monétaire a été décisive en 2012 en matière de résorption de l’excès de liquidité sur le marché monétaire, le taux d’inflation a bondi sous l’effet de la hausse de l’inflation endogène.
Les années 2011 et 2012 ont été marquées par la persistance de l’inflation qui a contrarié l’effet attendu de la diminution des cours mondiaux des produits de base au cours de l’année sous revue qui a représenté le deuxième exercice de conduite de l’objectif explicite d’inflation.
L’efficacité de la conduite de la politique monétaire a contribué à la stabilité financière, d’autant que l’année en question a été marquée par une amélioration des indicateurs de solidité financière du secteur bancaire.
Une solvabilité appréciable, des ressources hors hydrocarbures accrues et une position de liquidité très solide ont permis d’asseoir une allocation dynamique des fonds prêtables, pendant que les organes de supervision bancaire ont intensifié les contrôles des risques au niveau des banques pour endiguer une éventuelle reconstitution de créances non performantes.
Dans son rapport annuel, le gouverneur a analysé les principales évolutions macroéconomiques, financières et monétaires de l’année 2012, mettant l’accent sur les développements du secteur bancaire et sa contribution accrue au financement de l’économie, en situation de finances publiques plus vulnérables au risque de baisse du prix du pétrole. Il a néanmoins affirmé que l’économie algérienne a réalisé des performances financières appréciables en 2012, en consolidation de la position financière extérieure nette conjuguée à une stabilité monétaire et financière renforcée, mais en creusement du déficit budget et d’accentuation de la vulnérabilité de l’économie au secteur des hydrocarbures.
Aussi la mise à jour du dispositif règlementaire portant instruments de conduite de la politique et la mise en place de prévision de l’inflation à court terme ont permis à la BA d’affiner la conduite monétaire en 2012 avec une approche prospective qui appuiera le retour du taux d’inflation vers l’objectif arrêté par le Conseil de la monnaie et du crédit, d’autant que la consolidation budgétaire devra contribuer à partir de l’année 2013.
L’approfondissement de la réforme du secteur financier comme cela a été annoncé par le ministre des Finances, devra également prendre en charge l’important volet de l’inclusion financière pour un meilleur accès des ménages et des PME au crédit bancaire, par l’investissement en logement pour les premiers et les services bancaires de base pour les seconds. D’où la portée stratégique d’une allocation efficace des ressources d’épargne nationale au profit de l’investissement productif et du financement de la croissance hors hydrocarbures, à savoir une croissance inclusive créatrice d’emplois et moins dépendante de la sphère budgétaire sur le moyen terme.