VIE POLITIQUE – ETUDES ET ANALYSES – REVISION CONSTITUTIONNELLE - SONDAGE LIBERTE/INSTITUT OKBA 2013
Lundi, 27 Mai 2013 09:50 (repris de Liberté )
Inscrite dans l’agenda du pouvoir et sa clientèle comme le projet de l’année, la révision de la Constitution ne semble pourtant pas emballer les citoyens. Et pour cause, selon un sondage réalisé par Okba Com Institut pour Liberté, la grande majorité des Algériennes et des Algériens sondés se déclarent, les uns, “non concernés” par ce projet, les autres “sans aucune idée”.
Sur un échantillon de 1 579 personnes, représentatif de la population algérienne, âgée de 18 ans et plus, la représentativité étant assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée), après stratification par région, ce sondage a montré que 44% des interviewés (par questionnaire en face-à-face) ont répondu qu’ils n’ont “aucune idée” sur la consistance de la prochaine révision constitutionnelle, 21% se sont déclarés “non concernés”, tandis que 35% croient que la révision de la Loi fondamentale n’est envisagée que pour limiter le nombre des mandats présidentiels. Le président Bouteflika, rappelons-le, avait sauté, en novembre 2008, le verrou de la limitation des mandats, qui était imposé dans la précédente Constitution.
Ce qui lui avait permis d’être réélu pour un troisième quinquennat consécutif. Entre les personnes “non concernées” et celles n’ayant “aucune idée”, ils sont exactement 65% des sondés à ne pas savoir encore en quoi consiste (réellement) la prochaine révision constitutionnelle. N’empêche, le même sondage montre, en revanche, que 43% des personnes sondées jugent que la révision constitutionnelle est, aujourd’hui, “opportune”. “Cette révision vous paraît-elle opportune ?” était précisément la question posée par les sondeurs et à laquelle 26% des sondés ont répondu par la négative, tandis que les 31% restants se sont déclarés “sans opinion”. C’est dire que même sur l’opportunité de la révision constitutionnelle, une grande partie des citoyens se montre très peu enthousiaste tant qu’elle sait, surtout, que cela n’impactera pas forcément sur son vécu.
Dans ce sondage intitulé “Les Algériens et la Constitution”, il était question, par ailleurs, de chercher à savoir qui, aux yeux des Algériens, a voulu cette révision ?
Pour la majorité des personnes sondées, l’idée de cette révision appartient naturellement au président Bouteflika. Selon le même sondage, 58% se sont dit informés de l’installation, dernièrement, par le président de la République, d’une commission pour la révision de la Constitution.
Le sondage d’Okba Com Institut montre en effet que 45% des personnes sondées croient que la révision de la loi fondamentale est voulue par le président de la République. Mieux, 30% d’entre elles déclarent carrément qu’(elles) “ne savent rien” à propos de ce sujet, tandis que 17% pensent que la révision de la Constitution est voulue par les partis politiques et 8% croient que c’est le choix de la société civile.
Concernant la voie à choisir pour l’adoption de la future Constitution, le sondage montre que plus de la moitié des personnes sondées, soit 54%, souhaitent voir la Constitution (de Bouteflika) soumise à un référendum pour être approuvée (ou non) par les citoyens et non pas par les parlementaires de l’actuelle Assemblée populaire nationale (APN). L’actuelle Assemblée manquant visiblement de crédibilité aux yeux des citoyens.
21% des personnes sondées restent “sans opinion”, 16% jugent que cette révision ne devra pas avoir lieu et seulement 9% croient que son vote par l’APN suffirait.
L’Institut Okba
Le quotidien Liberté a initié, récemment, un sondage pour connaître l’opinion des Algériens sur la révision de la Constitution. L’enquête, réalisée par Okba Com Institut (OCI), concerne un échantillon de 1 579 personnes, représentatif de la population algérienne âgée de 18 ans et plus : la représentativité dudit échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région.
Le sondage s’est déroulé pendant trois jours, et ce, du 16 au 18 mai derniers, dans 16 wilayas du pays : 14% situés au Centre (Alger, Boumerdès, Tipasa, Tizi Ouzou, Blida, Bouira, Aïn Defla, Sétif), 25% à l’Ouest (Oran, Mostaganem, Tlemcen, Sidi Bel-Abbès) et 34% à l’Est (Constantine, Annaba, Batna, Tébessa).
Sur les 1 579 personnes interviewées — 51% des hommes et 49% des femmes —, 61% sont âgées entre 18 et 39 ans, 29% appartiennent à la tranche d’âge 40-59 ans et le reste (10%) est constitué par des sondés de 60 ans et plus. Côté niveau d’instruction, 18% des personnes interrogées sont analphabètes, 64% ont un niveau moyen et secondaire et 18% un niveau supérieur. L’échantillon choisi révèle, également, que 13% des personnes interviewées sont des cadres ou occupent une profession libérale, 27% des ouvriers ou des employés, 26% des femmes au foyer, 14% des étudiants, 11% des individus inactifs et, enfin, 9% des retraités/pensionnés. En cinq décennies, l'Algérie a connu quatre Constitutions, 1963, 1976, 1989 et 1996, et 9 révisions constitutionnelles. La Constitution de 1976 a subi trois révisions, en 1979, 1980 et 1988. Quant à celle de 1996, elle a connu deux révisions, en 2002, avec l’officialisation de la langue tamazight, et en 2008 avec la consécration des droits politiques de la femme et la non-limitation des mandats présidentiels.