HISTOIRE- RESISTANCE - CHANT PATRIOTIQUE - MIN DJIBALINA
Le chant patriotique Min Djibalina (De nos montagnes), que les Scouts musulmans algériens ont exécuté le 8 mai 1945 à Sétif, comportait, entre ses lignes et ses refrains, un "défi des plus audacieux au +Régiment de Sambre et Meuse+ de l'armée coloniale qui inspira sa musique", estime Lamine Bechichi, moudjahid, musicologue, ancien ministre de la Communication et ancien DG de l'ENRS
Ce chant, né une nuit du Mawlid Ennabaoui vers 1942-1943, reflète le "génie stratégique et artistique" des révolutionnaires algériens, ajoute l’ancien ministre de la Communication dans un entretien ( El Moudjahid, quotidien, mercredi 8 mai 2013) , soulignant que c’est la chorale de "Faoudj El Hayet" des scouts de Sétif, dirigée par le martyr Hassen Belkired, qui avait répété, cette nuit-là, ce chant sur les planches du théâtre municipal de Sétif.
Le texte littéraire de ce chant a été écrit en 1931 par le poète algérien Mohamed-Laïd Al Khalifa qui le déclama au cours d’une fête, précise L. Bechichi, se référant au journal du père du grand chanteur Abdelhamid Ababsa, connu à l’époque comme étant le "poète des tribus".
Estimant qu’une "discorde" persiste encore autour du véritable adaptateur du texte de Min Djibalina, L. Bechichi, qui avait mentionné dans son ouvrage Chants patriotiques pour l’Algérie (éditions SNED, 1998) que l’adaptation était signée de Mohamed El Hadi Cherif, connu sous le nom de Djennadi, a indiqué qu’il faudrait "laisser au temps et aux analystes, le soin de se fixer sur ce sujet".
Le chef scout Hassen Belkired avait chanté, en 1942 à Constantine, Min Djibalina Talaâ Saout El Ahrar (De nos montagnes s’est élevée la voix des hommes libres), à l’issue de la lecture par Ferhat Abbas du manifeste demandant un nouveau statut pour l’Algérie, précise encore L. Bechichi qui se réfère, dans ce témoignage, aux propos de Mohamed-Salah Ramdane, également auteur de chants scouts.
Qualifiant les scouts musulmans algériens de "réservoir des chants patriotiques", l’ancien ministre de la Communication a également souligné le "rôle stratégique" des écoles des Oulémas musulmans et du parti du peuple algérien (PPA) dans le développement de "ce mode de lutte et de résistance (le chant patriotique) qui exacerbe la fibre patriotique du peuple algérien alors soumis à une terrible oppression".
Lamine Bechichi, auteur de plusieurs ouvrages regroupant des textes de chants patriotiques, affirme que l’histoire de l’Algérie recèle encore "beaucoup de secrets et de détails", que les chercheurs d’aujourd’hui et de demain ont "le devoir de mettre au jour".