COMMUNICATION-DOCUMENTS ET TEXTES REGLEMENTAIRES-FORUM DE HAMMAMET -DECLARATION ET CODE DE DEONTOLOGIE ADOPTES
Les éditeurs de journaux, journalistes et experts des médias maghrébins (NDLR : un total de 32 personnes d’Algérie, du Maroc, de Tunisie, de Libye et de Mauritanie dont les directeurs de publications algériennes El Watan -Belhouchet Omar, El Khabar -Rezki Chérif, Liberté -Abrous Ourtoudert et El Fedjr -Hezzam Hadda ), réunis dans la ville de Hammamet, Tunisie, les 23 et 24 janvier 2013, considèrent que l’adoption d’un code déontologique pour la profession de journaliste, représente un pas important pour renforcer la crédibilité du public envers la profession de journaliste et permettre aux médias de travailler dans un climat plus serein.
En plus de leur publication du code et des efforts louables qu’ils ont déployés pour faciliter sa mise en œuvre, les participants invitent les gouvernements maghrébins à cesser d’opprimer et de harceler les journalistes et d’œuvrer, plutôt, à créer un climat propice qui leur permettrait de travailler dans des conditions plus libres et confortables. La réussite de cette expérience est tributaire d’un certain nombre de lois journalistiques avant-gardistes et démocratiques, aptes à mettre à l’abri le journaliste contre toute forme de sanction carcérale. De même, la réalisation de ce programme nécessite l’adoption d’une panoplie de mesures juridiques permettant au journaliste de partir en quête de l’information en toute liberté tout en lui offrant, lors de l’exercice de sa mission, la protection requise contre toute exaction possible de la part des autorités politiques. En outre, les participants à ce forum insistent sur la nécessité de redoubler d’efforts afin de permettre à tous les éditeurs de journaux maghrébins de travailler conjointement et étayer davantage l’apport des institutions médiatiques, les aider à améliorer le niveau social des journalistes, habiliter la femme journaliste afin qu’elle puisse atteindre les postes de décisions dans un climat économique salubre caractérisé par une concurrence loyale.
Tout en louant les efforts déployés par leurs collègues tunisiens, et avec le concours de l’Union européenne, pour la réussite du Forum de Hammamet, mettre en œuvre le code déontologique et forcer le respect des règles éthiques et morales à l’échelle maghrébine, les participants ont convenu de ce qui : suit
: considérer le 24 janvier de chaque année “la journée Premièrement déontologique professionnelle”.
Deuxièmement : tenir une réunion régulière dédiée aux journalistes maghrébins et dont la fréquence et l’ordre du jour seront décidés ultérieurement par un comité de suivi issu du Forum de Hammamet.
Troisièmement : créer un observatoire du journaliste maghrébin qui sera chargé d’assurer le suivi de toute forme de coordination, coopération et solidarité pour une presse maghrébine qui respecte le droit de ses lecteurs à une information libre et intègre qui réponde aux attentes de tous les citoyens maghrébins.
Les participants au Forum de Hammamet Forum de Hammamet
NOTE : La rencontre a été organisée avec l’aide de la Fondation allemande Frederich Ebert Stiftung (FES)
Code de déontologie des journalistes maghrébins
Préambule
Le journaliste œuvre pour la promotion des droits humains consacrés universellement. Le droit à l’information, à la libre expression et à la critique est une des libertés fondamentales de tout individu. Le journaliste défend ces libertés. L’indépendance du journaliste est une condition essentielle d’une information libre.
Le journaliste doit toujours avoir conscience des conséquences des informations qu’il diffuse. L’intégrité professionnelle est la pierre angulaire de la crédibilité d’un journaliste.
Le droit du public à une information de qualité fonde l’ensemble des devoirs et des droits des journalistes.
Les devoirs essentiels du journaliste dans la recherche, la rédaction et le commentaire des évènements sont :
I- DEVOIRS DU JOURNALISTE
1- RESPECT DES FAITS
Le journaliste est tenu de respecter les faits. Il publie uniquement les informations dont l’origine, la véracité et l’exactitude sont vérifiées et établies. En cas de doute, il s’oblige à émettre les réserves qui s’imposent dans les formes professionnelles requises en pareil cas. Il s’engage à ne pas altérer les textes et les documents utilisés à l’appui des informations qu’il diffuse. Toute modification volontaire d’un document quel qu’il soit doit être portée à la connaissance du public.
2- ORIGINE DE L’INFORMATION
Le journaliste s’interdit de recourir à des méthodes déloyales pour obtenir des informations ou toutes sortes de documents.
L’origine des informations publiées doit être clairement identifiée.
Dans les cas où la collecte d’informations ne peut être obtenue qu’en cachant soit sa qualité de journaliste soit son activité journalistique, il s’en explique, le cas échéant, auprès du public.
3- SÉPARATION ENTRE COMMENTAIRES ET FAITS
Le journaliste s’oblige à séparer les faits des commentaires.
4- RAPPORT AUX SOURCES D’INFORMATION
Le journaliste fait preuve d’esprit critique et garde la distance nécessaire avec toutes les sources d’information et les services de communication, publics ou privés.
Il se méfie de toute démarche susceptible d’instaurer entre lui-même et ses sources un rapport de dépendance, de connivence, de séduction ou de gratitude.
5- LE PLAGIAT
Le journaliste s’interdit le plagiat. Il cite ses sources.
6- INFORMATION ET PUBLICITÉ
L’information et la publicité doivent être séparées. Toute production à visée promotionnelle doit être mentionnée en tant que telle.
7- INCOMPATIBILITÉS ET CONFLIT D’INTÉRÊT
La fonction de journaliste est incompatible avec celle d’attaché de presse, de chargé de relations publiques et autres fonctions assimilées.
Le journaliste ne confond pas son travail avec celui du policier.
8- PROTECTION DES SOURCES
Le journaliste protège ses sources et ne révèle pas l’origine des informations obtenues confidentiellement.
9- LA RECTIFICATION ET LE DROIT DE RÉPONSE
Le journaliste rectifie dans les meilleurs délais et de manière franche et évidente les informations inexactes qu’il a pu diffuser. Le droit de réponse est garanti par la législation en vigueur.
10- RESPECT DE LA VIE PRIVÉE ET DE LA DIGNITÉ DE LA PERSONNE
Le journaliste respecte les droits de l’individu à la vie privée et à la dignité. Il respecte la présomption d’innocence et veille à ne pas mettre en cause, sans information crédible, la réputation et l’honneur d’autrui.
Il s’interdit la calomnie, la diffamation, l’injure et les accusations sans fondement.
11- LA NON-INCITATION À LA VIOLENCE ET À LA HAINE RACIALE, ETHNIQUE ET RELIGIEUSE
Le journaliste veille à ne pas nourrir les discriminations ou les préjugés à l’égard des personnes, des minorités ou de groupes particuliers. Il ne relaie pas des réactions de lecteurs qui risquent d’alimenter ces mêmes sentiments. Il s’interdit l’apologie du crime et veille à ne faire preuve d’aucune complaisance dans la représentation de la violence et l’exploitation des émotions.
12- RESPECT DES CULTES ET DES CROYANCES
Le journaliste respecte tous les cultes et les croyances.
13- LES RESTRICTIONS À L’INFORMATION
Aucune information ne doit être altérée ni supprimée tant qu’elle ne contredit pas les dispositions de ce code.
14- PROTECTION DES MINEURS ET DES PERSONNES VULNÉRABLES
Le journaliste respecte les droits des mineurs et des personnes vulnérables.
Il n’abuse pas de l’état de fragilité ou de détresse des personnes vivant des évènements dramatiques pour obtenir d’elles des informations ou des documents.
15- SOLIDARITÉ ENTRE CONFRÈRES
Le journaliste s’interdit d’utiliser les publications, ou tout autre support d’information, à des fins de règlement de compte avec ses confrères.
II- DROITS DU JOURNALISTE
Tout journaliste doit, dans l’exercice de sa profession, revendiquer les droits suivants :
16- LE LIBRE ACCÈS AUX SOURCES
Dans l’exercice de sa profession, le journaliste a un droit d’accès à toutes les sources d’information et a le droit d’enquêter librement sur tous les faits qui relèvent de son métier.
17- LA CLAUSE DE CONSCIENCE
Dans l’exercice de sa profession, le journaliste peut invoquer la clause de conscience. Il ne peut être contraint à accomplir un acte professionnel ou à exprimer une opinion qui serait contraire à sa conviction ou à sa conscience.
18- LA PROTECTION DU JOURNALISTE
Le journaliste a droit, sans conditions ni restrictions, à la sécurité de sa personne, de son matériel de travail, à la protection légale et au respect de sa dignité.
19- CONTRAT ET RÉMUNÉRATION
Le journaliste a droit au bénéfice des conventions collectives, mais aussi à un contrat de travail individuel lui assurant la sécurité matérielle et morale ainsi qu’à une rémunération qui garantisse son indépendance économique.
Le journaliste a droit à des conditions de travail décentes ainsi que le droit à la formation continue.