Le burnous «oubar», soigneusement tissé avec du poil de dromadaire dans les régions steppiques du pays, notamment à M’Sila, est devenu une «marque déposée» dans le Hodna où le simple fait d’en offrir un constitue une marque de haute estime.
Ce manteau bien du cru, sans manches, quelquefois doté d’une capuche pointue, est resté longtemps confiné dans les campagnes et les villages de l’Algérie profonde. Il a fini, aujourd’hui, par devenir un vêtement de luxe porté même par de grandes personnalités étrangères à l’occasion de cérémonies religieuses ou officielles.
Taillée pour l’hiver, cette longue cape en poil de dromadaire est tissée puis cousue avec beaucoup de savoir-faire par des artisans qui ont pris le risque de s’y investir, conscients, sans doute, du confort qu’elle procure et de cette douce sensation de chaleur et de bien-être qu’elle apporte lors des longues journées d’hiver.
Un risque payant dès lors que le burnous «oubar» a connu une résurrection à grande échelle, à la grande joie des artisans soucieux de préserver ce vêtement traditionnel dont la confection est essentiellement fondée sur le (bon) choix de la matière première, à savoir la qualité du poil de dromadaire qui doit, dit-on, provenir de la peau d’une bête jeune qui n’aura pas «roulé sa bosse» bien longtemps.
L’origine de cet habit traditionnel remonte, selon des artisans, aux nomades Berbères d'Afrique du Nord qu’Ibn-Khaldoun appelait «As’hab El Baranis» (les gens du bournous).
Les producteurs de cette seyante sape de couleur «blanc cassé» ou brune soutiennent qu’il est toujours préférable d’utiliser les poils de chamelons, doux et souples quitte à verser une différence allant jusqu’à 2.000 dinars par kilogramme.
La confection d’un burnous passe par plusieurs étapes à commencer par la tonte de la peau et le nettoyage des poils de chameaux. C’est alors que débute le filage après l’entrée en action du «Kardeche» (peigne métallique à carder), puis le tissage suivi d’une couture à la main, détaillent des femmes expérimentées en la matière.
Pour réduire la période de fabrication du burnous qui dure plusieurs mois, les femmes ont recours à une sorte de Touiza qui leur permet de se regrouper et de travailleur ensemble dans une convivialité qui fait oublier le caractère ardu de l’ouvrage. Cela permet, assure-t-on, de fabriquer plusieurs burnous en un temps record.
Il faut savoir que le burnous tissé manuellement demeure incontestablement le meilleur et, forcément, le plus cher. Plus cher, en tout cas, que celui que l’on confectionne de façon industrielle. Pour s’offrir un burnous authentique, fait main, il ne faut pas hésiter à mettre la main à la poche. Il faut parfois débourser jusqu’à 80.000 dinars, voire 150.000 dinars pour le «top du top».
Des prix qui, pourtant, ne semblent pas de nature à faire reculer les jeunes de la wilaya de M’sila, de plus en plus nombreux à s’emmitoufler confortablement dans un burnous lorsque survient l’hiver.
Ils seront sûrement nombreux, mardi, au salon national du burnous qu’abritera la ville de Boussaâda, histoire, peut-être, de faire une bonne affaire.