VIE POLITIQUE – ETUDES ET ANALYSES - ELECTIONS – VOTE – SONDAGE OKBA COM 2012
(Extraits, Liberté, 21 novembre 2012 . Article signé Hafida Ameyar)
Les abstentionnistes, ces Algériens et Algériennes inscrits sur les listes électorales qui ne se sont pas rendus aux urnes, forment désormais “le premier parti en Algérie”. Ce constat, déjà établi par des partis politiques, des experts et des professionnels des médias, est confirmé à présent par une enquête de l’institut Okba Com, menée au lendemain des élections législatives du 10 mai dernier. Les résultats des questionnaires, effectués “face-à-face”, montrent que 71,5% des personnes interviewées n’ont pas été en le voter, dont 72,2% sont des femmes et 70,9% des hommes. Autre enseignement : plus gros des abstentionnistes se trouve dans les rangs des jeunes, des chômeurs, des cadres et professions libérales. En effet, plus des trois quarts des 18-39 ans (76,9%) ne se sont pas présentés dans les bureaux de vote. De plus, 86,9% des chômeurs ont boudé les urnes le 10 mai dernier, suivis par la catégorie des cadres et professions libérales (74,9%).
L’étude postélectorale de l’institut Okba Com, a été menée pendant quatre jours, : Oran, Mostaganem, Aïn Témouchent, du 11 au 14 mai 2012, dans 15 wilayas Tlemcen, Alger, Tipasa, Boumerdès, Blida, Tizi Ouzou, Constantine, Annaba, Guelma, Batna, Oum El-Bouaghi et Djelfa. Elle a concerné un échantillon de 1 314 personnes, représentatif de la population algérienne âgée de 18 ans et plus (61% ont entre 18 et 39 ans, 27% entre 40 et 59 ans et 12% sont âgés de plus de 60 ans), dont 51% sont des hommes et 49% des femmes. L’enquête indique en outre que 25% des personnes interviewées sont de l’Ouest, 41% des régions du Centre et 34% de l’Est.
L’enquête de l’institut Okba Com vise avant tout à “connaître le profil des abstentionnistes” et les raisons pour lesquelles ils se sont abstenus, sans négliger toutefois “la sociologie des électeurs”. Pour l’équipe de l’institut, la compréhension des raisons de l’abstention est importante, dans la mesure où elle constitue “un élément déterminant dans la compréhension du scrutin” et peut donc s’avérer utile pour les scrutins à venir, où il s’agira d’inverser la tendance de la participation aux votes. Le choix du démarrage du sondage, au lendemain des élections, permettait de réaliser le sondage “au plus près du 10 mai, pour réduire au maximum tout risque d’oubli de la part des interviewés”. Se référant aux pronostics établis, par des observateurs, quant à une forte abstention aux élections législatives du 10 mai, ainsi qu’aux déclarations faites récemment par le ministre de l’Intérieur, dans lesquelles il souhaitait que les prochaines élections locales “enregistrent un taux de participation de 40 à 45%”, le patron de l’institut Okba Com, Khiar Okba, se “combien seront-ils ceux qui croient encore et veulent bien aller voter demande Selon lui, outre les “vertus scientifiques” des sondages le 29 novembre”. d’opinion pour l’étude des processus électoraux, les enquêtes sur les profils des votants et des abstentionnistes peuvent “jouer un rôle important pour améliorer la gouvernance, en permettant aux ‘sans voix’ d’exprimer leur point de vue. Okba K. précise aussi vue et peser sur l’orientation des politiques publiques”. qu’à travers les résultats de ce sondage, son institut tente à la fois de “cerner les raisons d’un incivisme croissant”, pour mettre les hommes politiques “quelques pistes pour devant leurs responsabilités, et de donner à ces derniers ramener les abstentionnistes sur le chemin des urnes”.
“C’est d’abord la critique d’un système politique”
L’enquête de l’institut Okba Com repose sur trois grandes questions, posées aux personnes sondées ? Quelle est la raison principale pour laquelle “Avez-vous voté le 10 mai 2012 ? Regrettez-vous ou non de ne pas être allé voter le jeudi vous n'avez pas voté le10 mai 2012 ?”. Les abstentionnistes ont été interrogés sur les raisons de leur acte, pouvant être d’ordre personnel ou idéologique. Du point de vue de l’analyse du profil sociodémographique des abstentionnistes et des votants, elle a révélé que la propension à s’abstenir de voter est plus forte, lorsque la personne interviewée est jeune, inactive et qui possède un niveau d’instruction moyen/secondaire (73,3%) et supérieur (73%). D’après l’institut Okba Com, l’abstention “c’est d’abord la critique d’un système politique qui déçoit”. Elle s’explique davantage par “un effet de génération, l’appartenance à la catégorie socioprofessionnelle à laquelle appartient la personne interrogée et son niveau d’instruction”, en notant dans le même temps que les variables région et sexe se Pourtant, on observe que 66% des personnes sont avérées “peu discriminantes”. âgées de 40 à 59 ans et 52,6% des plus de 60 ans se sont abstenus d’aller voter le 10 mai dernier. Par ailleurs, les tableaux présentés montrent que les abstentionnistes sont le plus concentrés dans les régions du Centre (73,8%) et de l’Est (70,3%). À la question de savoir quelle est la raison principale pour laquelle l’interviewé a boudé les urnes, 32,3% ont fait part de leur “manque de confiance dans les hommes politiques”, surtout parmi les plus de 60 ans (36,7%) et les 18-39 ans (33,2%), dont 36,8% sont des hommes et 26,3% des femmes. En seconde position, les répondants évoquent “le manque d’intérêt pour les élections”, avec un taux de 15%, dont 16,9% sont des femmes et 13,7% des hommes, suivi de près par le “mécontentement à l’égard de la classe politique” (12,5%, dont 13,7% sont de sexe masculin et 10,9% de sexe féminin) et par “je ne vote pas” (11,2%, dont 12,2% sont des femmes et 10,5% des hommes). Vient ensuite le “aucune liste ne me convenait” (9,1%, dont 9,9% sont des groupe qui pense qu’ femmes et 8,7% des hommes). Les personnes ayant justifié leur absence des bureaux de vote pour raisons personnelles ou “un empêchement” sont minoritaires (8,8% dont 11,2% sont des femmes et 7% des hommes).
Il y a lieu de souligner, concernant ladite enquête, qu’au lendemain des législatives, 72,9% déclarent ne pas regretter d’avoir boycotté les élections, dont 76, 8% sont des hommes et 67,7% des femmes, contre seulement 18,4% qui regrettent de ne pas être allé voter (22,3% sont des femmes et 15,5% des hommes). À ce niveau, ce sont d’abord les jeunes qui ne regrettent pas leur acte (76,2%), suivis des 40-59 ans (67,4%) et des plus de 60 ans (63,9%). Comme l’ont si bien souligné les experts de l’institut Okba, “les Algériens sont en réalité tous des abstentionnistes” et ce, même si les moins de 39 ans figurent parmi les “plus protestataires”.
Le première pièce travail de l’institut Okba Com, qualifié par celui-ci comme “une du puzzle”, a le mérite d’approcher les causes de l’abstention aux dernières élections législatives. Mais, elle reste insuffisante pour expliquer le phénomène de la baisse du taux de participation électorale actuel, parce qu’elle ne s’appuie que sur un seul sondage et ne porte que sur une seule élection.