VIE POLITIQUE - DOCUMENTS - CLANS - WIKILEAKS
(Extraits de plusieurs câbles diplomatiques américains diffusés par Wikileaks en février 2011 et tournant, depuis février 2009 tout particulièrement , autour de la qestion -clé : Existe-t-il (en Algérie) des groupes ethniques ou religieux capables de manifester de l'hostilité envers les Etats-Unis?)
- 2005 : L'ambassadeur Richard Erdman avait déjà évoqué la notion de "clanisme" , avec Arslan Chikhaoui (un économiste, consultant international) , "observateur réfléchi de la scène locale "et de plus, "neveu par alliance de ministre délégué à la Défense".
Selon Chikhaoui, il y a ,environ, 15 clans majeurs en Algérie, "des éléments qui composent l'équilibre des forces dans la société algérienne"
Les clans, note l'ambassadeur "jouent un rôle informel mais important dans l'élaboration des décisions gouvernementales, l'application des décisions et la sécurisation des faveurs financières, de l'emploi, des partis, du logement et d'autres avantages"
Selon Chikhaoui, il existe plusieurs types de clans:
Les clans régionaux, les clans fonctionnels et les clans bâtis autour de personnalités importantes.
Parmi les quinze clans, il y en a
deux de Kabylie et un assortiment d'autres provenant d'endroits comme Souk Ahras, Annaba, Batna, Tlemcen, Tiaret...
Les clans de l'Est sont répartis entre les différentes villes , tandis que le "clan de l' Ouest " a été assez unifié et inclut plusieurs proches collaborateurs du président Bouteflika.
A titre d'exemple, il a déclaré que le ministre Belkhadem était de clan de Tiaret, qui est traditionnellement lié à la zaouïa dans la région.
Larbi Belkheir , probablement " l'individu le plus intelligent en termes de leadership" est resté proche de l'ancien président Chadli., avec qui il a travaillé en étroite collaboration dans les années 1980.
Après de longues années de service, Benbouzid , le ministre de l'Education, avait réussi à conserver son portefeuille lors des nombreux changements de gouvernement parce qu'il faisait partie du clan associé à son beau-frère, l'ancien président Zeroual.
A en croire Arslan Chikhaoui, certains clans sont tapis dans l'ombre pour agir contre les actions du président de la République.
Pour lui, " dans le processus de réforme , il y a des clans de deuxième et de troisième rang qui sont ancrés dans la bureaucratie gouvernementale et qui sont souvent responsables du blocage ou de retarder les efforts de réforme du Président Bouteflika".
Par ailleurs, un autre câble , se basant sur les "confidences" de Abdesslam Bouchouareb (NDLR: Conseiller de A. Ouyahia, mais assez proche de Said Bouteflika), Amara Benyounès (de l'Udr) et Smain Chikhoune (du Forum algéro-américain des Affaires) , "trois observateurs fiables de la politique algérienne" , ont dit "que le général-major Mohamed Mediène, le puissant chef du renseignement et des services de sécurité, travaille à favoriser l'ancien premier ministre Ahmed Ouyahia comme le successeur éventuel du président Bouteflika. Leurs opinions divergent quant à savoir si Ouyahia va devenir héritier de Bouteflika en retournant à la tête du gouvernemnt ou en prenant le poste de vice-président. Des sources (nous) disent également que Bouteflika et Mediène cherchent à remodeler la politique algérienne en deux courants:
un conservateur /islamiste dirigé par A. Belkhadem et un second moderniste/nationaliste dirigé par A. Ouyahia "(câble rédigé par Thomas F. Daughton , chef de mission de l'ambassade desEtats-Unis à Alger).
NOTE: - Ali Mebroukine, Professeur d'université, publie une "étude (El Watan) dans laquelle il présente quatre (4), groupes de "protagonistes" dans le paysage politique à partir de février 2011, début, dit-il , de la contestation politique et non pas seulement populaire :
1/ Le premier est incarné par les partisans inconditionnels du primat des droits de l'homme, des libertés individuelles et collectives . Entre autres figures de proue, Maîtres Ali Yahia Abdenour et Mustapha Bouchachi)
2/ Le deuxième est représenté par l'ensemble des partis politiques qui ne font pas partie de l'Alliance présidentielle (Fln, Rnd et Msp) mais qui ne constituent pas pour autant des partis d’opposition . Ils réclament des changements substantiels dans l'organisation des pouvoirs publics mettant en cause tantôt le président de la République, tantôt le Haut commandement militaire dans les lenteurs et les obstructions apportés au cheminement du processus démocratique...Certaines de ces formations sont inféodées à des clans du pouvoir....
3 / Le troisième groupe constitue un ensemble hétérogène de personnalités qui se prétendent indépendantes et dont le dénominateur commun est le constat qu'ils font d'un essoufflement du régime. Ces personnalités plaident la nécessité de mutations qualitatives essentielles permettant une plus grande mobilité des élites politiques et restituant la parole au peuple souverain grâce à des élections libres.
3/ Le quatrième groupe émane de l'élite dirigeante elle-même qui estime fondée en son principe la revendication des autres segments , tout en faisant valoir qu'elle n'a eu de cesse d'y répondre depuis 1999.
Dans sa conclusion , il relève que l’Algérie a raté bien des occasions…et se retrouve « contrainte, une fois de plus, d’envisager un énième nouveau départ , 50 ans après avoir recouvré son indépendance .. »
Comment peut-il en être autrement, s’interroge-t-il, « lorsqu’on sait, lorsque tout Algérien sait que l’appareil de l’Etat est le siège permanent de conflits – le, plus souvent larvés – entre clans et factions portant sur la captation et le partage de la rente pétrolière ? ».