ECONOMIE - BIBLIOTHEQUE D'AL MANACH - LIVRES - ESSAIS : A. HADJ NACER, JEAN LOUIS LEVRET ET MOURAD PREURE......
- La Martingale algérienne. Réflexions sur une crise,
de Abderrahmane HADJ-NACER. 1999 pages, 600 dinars. Editions Barzakh, Alger 2011. Ouvrage déjà édité au Canada en 2007.
L'auteur: Né en 1951 à Alger, Abderrahmane Hadj-Nacer est docteur en sciences économiques. De 1989 à 1992, il a été gouverneur de la Banque centrale d'Algérie. Ecarté après le départ du gouvernement de Mouloud Hamrouche dont il était très proche (il a fait partie du groupe des "réformateurs") , il travaille par la suite en tant que consultant dans le secteur bancaire privé en Algérie et à l'étranger.
Le contenu : Une analyse "sans concession" (sauf pour les réformes entreprises par Mouloud Hamrouche qui, à vrai dire, n'étaient pas aussi mauvaises qu'on le laisse croire aujourd'hui, dans certains milieux) de l'état général actuel du pays. Il remonte le temps , loin, très loin, plus loin que l'héritage familial, et c'est cela , peut-être, qui donne à l'ouvrage un poids socio-historique d'importance.
Avis: A lire. Ouvrage très bien écrit, alliant un style sobre et un contenu maîtrisé. D'autant que certaines pistes concrères sont proposées...pour sortir de l'impasse. Que Dieu l'entende!
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France-Algérie. Le grand malentendu.
Ouvrage de Jean-Louis Levret et Mourad Preure (Entretiens avec Stéphane Bugat)
Emergy Editions , Alger 2012
326 pages, 1 300 dinars.
Un livre à deux voix, mais à trois mains, à dire vrai. Il y a, en effet, l’interviewer, Stéphane Bugat……et il y a les “auteurs”, Jean-Louis Levet et Mourad Preure qui répondent selon la question …..et selon l’atmosphère, le premier n’étant pas toujours (et c’est tant mieux !) d’accord avec le raisonnement ou la perception du second et vice-versa. Approche originale de l’écriture, mais approche qui facilite la lecture qui se trouve , de ce fait, relancée au détour de chaque page ou même avec chaque question .
Cela était attendu (ou programmé , nos deux experts s’entendant , on le sent bien, comme « larrons en foire ») : M. P, géopoliticien , fils de moudjahid, né tout juste deux années avant le déclenchement de la guerre de libération nationale, et J-L L, économiste, né à Sétif en 1955, fils de pieds-noirs bon teint, et qui n’a quitté l’Algérie , avec ses parents, qu’en 1964. Onze et huit ans chacun à l’Indépendance du pays….Ce n’était pas beaucoup pour saisir les situations dramatiques du moment, mais c’est assez suffisant, aujourd’hui, cinquante ans après , pour restituer avec fraîcheur, sincérité (naiveté ?) et franchise tous les problèmes et leurs conséquences. On sent ,chez l’un comme chez l’autre, la volonté de dépasser les incompréhensions du passé et de construire un bout d’avenir ensemble. Bien sûr, il fallait dissiper tous les malentendus existants, tout particulièrement ceux du passé, ceux liés à la colonisation , à la la lutte de libération nationale , aux actions meurtrières de l’OAS, au départ précipité d’Algérie des Pieds –noirs (en tout cas ,une bonne partie d’entre-eux), aux rancunes ou aux « nostalgies » tenaces des « rapatriés » qui ont, on le voit assez nettement au niveau des réponses ou des répliques d’un J-L L, plus « camusien » que « sartrien », contaminé leur descendance . Celle-ci ,désormais obnubilée par le « paradis perdu », par la « rente pétrolière » à jamais perdue ,habitée par le concept de « pouvoir algérien » et, faisant fi de l’existence d’un Etat-nation, reprend donc ,à son compte, des clichés éculés, ressassés durant les longues soirées varoises bien arrosées autour d’un couscous « bien d’chez nous », lui-même mythifié et trompeur largement , surtout pour ceux qui ont vécu leur jeunesse ou leur vie d’adulte (et non leur première enfance) sous le « joug » colonial : un apartheid déguisé dans les villes et villages sauf pour les « Arabes de service » , et une exploitation « quasi-esclavagiste » dans les grosses fermes coloniales.
D’ailleurs, pour nous, la partie la plus intéressante, c’est bien la première, « Empreintes »…Car, une autre partie est consacrée à l’analyse critique des 50 années d’indépendance. Du déjà-vu et entendu ou écrit : Les aléas du modèle algérien / De la terreur islamiste aux ghettos des banlieues. Avec bien des « révélations » pour le commun des lecteurs (ex : le foisonnement de conseillers et autres stratèges économiques et industriels étrangers dans les années 60-70 puis dans les années 80) et des « affirmations » assez douteuses ou vraies pour les spécialistes: « Si Ben Bella a imprimé une orientation dictatoriale aux premiers pas de l’Etat algérien, le président Boumediène , moine guerrier, avait de grandes ambitions pour l’Algérie » (M.P). « Des milliers de morts ont jonché les rues (sic !) de la capitale au cours d’ l’été 62 après les affrontements meurtriers qui se déroulèrent aux portes d’Alger entre l’armée des frontières et les maquisards » (J-L L). « La communauté pied-noir n’avait pas d’intellectuels organiques, au sens gramscien » (M. P). « Les pieds noirs ont aimé (peut-être) la terre, mais pas les gens » (M.P)
Le reste est de la même veine . Critique , mais heureusement généreux…chacun défendant , l’un à partir d’Alger, et l’autre à partir du sud de sa France, les deux avec l’Algérie (en fait, une certaine Algérie) au cœur, son idée de l’avenir des relations algéro-françaises. Les grandes lignes d’un « avenir commun » sont proposées, avec une grande sincérité , générosité et démarche scientifique. Oublieux cependant que si, parfois, les (bonnes) relations internationales sont freinées par des malentendus, souvent, elles sont bloquées par des malentendants,ceux-ci plus difficiles à éviter que ceux-là !
Avis : A lire, bien sûr, car c’est un ouvrage de haut niveau de réflexion, faisant parler deux intellectuels vrais…qui , malgré leur approches différentes dialoguent (font-ils exprès ?) sans grands heurts, malgré les divergences d’analyse des situations. Livre très utile. A qui ? Surtout à ceux qui n’arrivent pas, encore, à « nous » comprendre…et, à ceux qui veulent apprendre à dialoguer sans violence.
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La décennie de la dernière chance. Emergence ou déchéance de l’économie algérienne ? Essai de Abdelhak Lamiri , Chihab Edition, 287 pages, Alger 2013
Le titre est, à lui tout seul, toute une thèse……….ce qui nous amène à aller directement, avant même de commencer par l’introduction, à la conclusion. « Le scénario de la déchénace est fort probable si des mesures salutaires et radicales ne voient pas le jour dans les toutes prochaines années. Tout le monde y perdrait », même les membres de la Nomenklatura dont les fortunes amassées à l’étranger seront de peu de secours à leurs détenteurs. Chih fihoum ! Voilà qui diminuera de la future affliction populaire. Les petites gens ne seront pas les seuls à payer les « pots cassés»par leurs dirigeants.toujours ça de gagné !
Retour au cœur du livre : l’auteur ne se contente pas d’exposer , comme il le fait d’ailleurs depuis des années, sa vision des choses…vision qu’il livre de manière régulière par le biais de chroniques de presse….et de l’Ecole de management (privée) qu’il dirige . Situation. Analyse et diagnostic. Propositions: Exposé des schémas conceptuels. Histoire économique du pays (« loin des clichés sentimentaux auxquels nous avons eu souvent droit »)…avec un « oubli » étonnant, celui de la période 79-88. Et………on n’y coupe pas , et c’est tant mieux pour avoir un varitable manuel de gouvernance (« un terme creux » qui n’est autre que la qualité des institutions ) globale …..des recommandations « pour éviter la déchéance et aller vers l’émergence et le développement ». Et, cerise sur le gâteau, l’auteur ne se faisant pas beaucoup d’illusions, …....pour ceux parmi les décideurs qui ne veulent pas (ou ne savent pas ) lire, un dernier chapitre qui résume l’ensemble , résumant les scénarii possibles.
Avis :Un livre très utile et se lit facilement . Ouvrage de terrain et d’ actions. Clair, net, précis ! Pour un thème aussi complexe ! Un bon manager de l’écriture. Assez pessimiste, bien que se disant alarmo-optimiste. De plus, le livre vient (un peu) en retard, tant les dégâts sont importants et les retards cumulés irratrapables……….dans les conditions actuelles.
Le livre aurait gagné en attractivité avec un titre plus court et plus accrocheur
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L’Unité économique du Maghreb est-elle possible ? Aux origines de l’unité maghrébine. Essai de Belaid Abdesselam, Dar Khettab. 263 pages, 750 dinars, Alger 2013
D’emblée, l’auteur du livre annonce la couleur. Il paraît que le thème de l’unité maghrébine « demeure un sujet qui semble intéresser notre opinion nationale ». Vrai ? Faux ? En tout cas , lui, n’y croit pas , ou plutôt plus. Et , cela ne date pas d’aujourd’hui. Il remonte le temps et démonte la « volonté » clamée , affichée des uns et des autres. Il montre que l’Algérie sur ce plan ne doit rien et ne doit pas se sentir obligée d’y aller les « yeux fermés ». A partir de l’hypothèse ( ?) suivante : « On parle volontiers, aujourd’hui, des concours et des appuis dont la Révolution algérienne avait bénéficié de la part de la Tunisie et du Maroc, devenus indépendants, comme d’une dette dont l’Algérie serait redevable . Si dette il y a , l’Algérie l’avait payée à l’avance. »
Le reste de l’argumentaire coule de source et la thèse développée est claire, nette et franchement écrite . Ce ne sont – depuis toujours - que coups fourrés ou tordus, manigances et conjurations (entre autres de la part de Bourguiba et de Hassan II) contre la souveraineté nationale ou contre les projets , surtout les plus révolutionnaires (dont ceux industriels…) ou contre les prises de position politiques (frontières, Sahara Occidental….) qui n’arrangeaient ni les voisins, tous les voisins, à l’exception, peut-être de la Mauritanie et les pays du Sahel, ni l’ancien pays colonisateur, toujours à l’affût. ….
Pour lui, avant toute chose, il faut d’abord se poser certaines questions comme au temps de la guerre de libération nationale…..et juste après quand « la chanson de l’unité maghrébine prenait bien les intonations d’une antienne néocolonialiste » : Le Maghreb , pourquoi faire ? Quel Maghreb édifier ?
De la méfiance ? non. De la prudence excessive, peut-être ; Du doute sur la bonne volonté des autres ? certainement. C’est dans la nature du bonhomme.Et, il n’a peut-être pas tort.
Il y a , aussi, des regrets, comme la décision prise , par le préisent H. Boumediène , après Amgala I , en janvier 1976, « d’expulser » les ressortissants marocains établis en Algérie, parfois depuis longtemps ». Une « décision fâcheuse » !
Avis : Pédagogique, loin de la construction habituelle du discours politique bien que texte politisé. On aime ou on n’aime pas …..l’auteur. Il faut cependant le lire pour
(re-)découvrir beaucoup plus le personnage que le problème . Il écrit beaucoup plus pour lui-même, et c’est bien.Mais, il nous apprend énormément de choses …..jusqu’içi oubliées ou évitées ou tronquées .Pas mal de révélations (comme la proposition de Boumediène faite, le 12 mai 1973, à Bourguiba d’unir les deux pays, l’Algérie et la Tunisie ; comme la recommandation de l’auteur, non acceptée, par H. Boumediène, de demander , également que le territoire sahraoui, fut rattaché à l’Algérie ; comme… ;)….qui permettront de savoir (en lisant , parfois , entre les lignes) le pourquoi du comment.
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