LES TRAVAUX PUBLICS (Synthèse septembre 2010)
Lors de la réunion restreinte , fin août 2010, consacrée à l’évaluation du secteur des Travaux publics, , le Chef de l’Etat a souligné que « la concrétisation de l’important programme des travaux publics nécessite d’être accompagnée par des actions liées au développement de la veille technologique, à la consolidation de l’outil national pour l’émergence de nouvelles capacités d’études et de réalisation performantes, et à l’amélioration de la qualification de la ressource humaine par la formation ».
Il a, par ailleurs, insisté , sur « le respect des délais de réalisation, l’exigence de qualité des ouvrages et la maîtrise des coûts, ajoutant que l’expérience acquise par les cadres et les travailleurs du secteur doit être valorisée pour conforter l’outil d’études et de réalisation national ».
Ca sont là des remarques qui démontrent, d’une part l’importance du secteur et , d’autre part, des importants effets et influences sur l’économie du pays en général et sur la maîtrise des connaissances technologiques en particulier.
Ce sont là , aussi, des remarques qui tenaient compte de l’envergure des programmes de développement et des travaux engagés dans les secteur, des programmes et des travaux parmi les plus importants (« projets du siècle ») et les plus difficiles du pays
Dans le cadre de la stratégie sectorielle à l’horizon 2030, on visait la concrétisation de deux objectifs : la sauvegarde d’un patrimoine infrastructurel de plus en plus important et la modernisation à travers la réalisation de plusieurs projets structurants en relation avec les grandes options d’aménagement du pays.
1000 milliards de dinars , soit l'équivalent de 10 milliards de dollars , tel était le montant global des 1000 opérations inscrites dans le secteur des travaux publics au titre du plan quinquennal 2005-2009.
Pour sa part, un programme d’investissements publics 2010-2014 consacre plus de 3 100 milliards de dinars au secteur (sur un total de 6447 milliards de dinars consacrés au développement des infrastructures de base du pays) afin de poursuivre l’extension et la modernisation du réseau routier et l’augmentation des capacités portuaires.
UNE ŒUVRE PLANIFIEE
Le secteur des Travaux publics a engagé, ces deux dernières décennies, un certain nombre de réformes qui se sont révélées nécessaires à la mise en œuvre de la stratégie de développement adoptée et qui ont permis de lui apporter un nouveau dynamisme et une nouvelle synergie assez perceptibles.
Ces réformes qui portent sur plusieurs aspects (techniques, juridiques ou institutionnels) consistent en une vision précise et claire du futur. Ainsi, le secteur s’est doté d’instruments de planification et de prospective qui lui ont permis de définir sa stratégie de développement à l’horizon 2025 et d’arrêter son programme d’actions à court, moyen et long termes. Sept schémas directeurs sont en place :
- le schéma directeur routier et autoroutier;
- le schéma directeur de l’entretien routier;
- le schéma directeur de la signalisation routière;
- le schéma directeur des infrastructures aéroportuaires;
- le schéma directeur des infrastructures maritimes;
- Le schéma directeur de la signalisation maritime;
- Le schéma directeur des ressources humaines.
LES REALISATIONS 1999-2004
Durant cette période ,le secteur a connu une certaine dynamique confortée par l’évolution des budgets alloués et les programmes lancés , notamment le Programme de soutien à la relance économique (PSRE) et le Fonds de développement des régions du Sud (FDRS).
1999 à 2001 s’est caractérisée par le lancement des programmes retenus et le parachèvement des projets en cours avant 1999. Les projets accusaient, en effet, des retards en raison de manque de crédites. Ainsi, en trois années, on a vu 1486 km de routes réalisés, 163 ouvrages d’art et 3 964 km de routes entretenus
2002 à 2004 est une deuxième étape qui a connu l’exécution effective des travaux inscrits dans le cadre du PSRE et du FDRS. Durant ce trois années, plusieurs projets ont été achevés et réceptionnés dans les délais prévus et ce, conformément aux critères de qualité exigés par le nouveau cahier des charges mis en place.
LE PROGRAMME QUINQUENNAL 2005-2009
Les résultats obtenus, et présentés en 2010, sont multiples. Parmi les plus importants, en plus du fait important qu’il y a eu création de 3 500 nouvelles entreprises et 400 bureaux d’études dans la filière travaux publics, ainsi que l’amélioration de la circulation des usagers :
La consistance des ouvrages d’art
- 2642 ouvrages d'art sur les routes nationales;
- 1302 ouvrages d'art sur chemins de wilayas ;
. 966 ouvrages d'art sur les chemins communaux.
LE PROGRAMME QUINQUENNAL 2010-2014
….qui doit créer près de 700 000 emplois, désenclaver et améliorer les conditions de déplacement des populations et renforcer l’outil national de réalisation et d’engineering, avec la création et le développement de nouvelles entreprises et bureaux d’études dans la filière des travaux publics.
S’agissant des infrastructures routières ,le programme consiste en:
- la réalisation d’un linéaire de 18 100 km avec des actions de développement (extension de capacité, modernisation , renforcement) et des actions d’entretien,
- l’entretien, le confortement et la réalisation de près de 1 200 ouvrages d’art
Actions à engager :
- le développement des liaisons routières, dans les régions des hauts plateaux et du Sud, d’un linéaire total de 2 000 km,
- l’amélioration des dessertes et la décongestion des grandes villes avec la réalisation de 195 km de routes de contournement pour 25 villes, 24 trémies, la construction de 4 grands ouvrages d’art à Constantine, Annaba, Oued Menar dans la wilaya de Mila et Alger,
- le renforcement du dispositif d’entretien routier pour la construction de 108 nouvelles maisons cantonnières et l’acquisition, au profit des 15 parcs régionaux , d’un matériel d’appoint dédié aux interventions lors des intempéries.
S’agissant du programme autoroutier, il est prévu :
-l’édification des installations, équipements et aménagements annexes d’exploitation de l’autoroute Est-Ouest (1 720 km) qui couvre les domaines du péage, la sécurité, la viabilité, les services, l’assistance aux usagers et l’entretien de l’infrastructure,
- l’aménagement des voies de raccordement du réseau routier vers l’autoroute Est-Ouest, à travers la création de nouvelles voies ou l’aménagement des voies existantes du réseau routier situées sur le corridor de l’autoroute Est-Ouest. Huit wilayas sont concernées par ce programme, d’un linéaire global de 183 km.
- la réalisation de la 4è rocade autoroutière, d’une longueur de 350 km qui traversera 5 wilayas du Centre (Ain Defla, Médéa, Bouira, M’sila et Bordj Bou Arréridj) et reliera Khemis –Miliana à Bordj Bou Arréridj,
- la réalisation de la liaison autoroutière reliant la ville de Bejaia à l’autoroute Est-Ouest sur 100 km (Bejaia, Bouira),
- la réalisation de la pénétrante autoroutière reliant la port de Djen Djen et l’autoroute Est-Ouest sur 100 km (Jijel, Mila, Sétif),
- la réalisation de la liaison express Bou Ismail/Cherchell sur 65 km,
- la réalisation de 7 liaisons autoroutières d’un linéaire global de 515 km qui relieront les ports d’Oran, Mostaganem, Ténès, Skikda et certains chefs-lieux de wilaya ( Laghouat-Djelfa, Tizi-Ouzou et Tipasa ) à l’autoroute Est-Ouest.
S’agissant des infrastructures maritimes, on relève 56 projets , répartis comme suit :
- 10 projets dans le cadre de la préservation de l’existant par le renforcement et le rempiétement des infrastructures au niveau de 8 ports,
- l’extension du terminal à conteneurs du port d’Oran,
- la réalisation de 4 ports et abris de pêche
-6 projets d’extension, d’aménagement de ports de pêche,
- 21 projets de protection de 22 sites de rivage,
- 10 projets pour le dragage de 3 ports de commerce, 5 ports et abris de pêche, 1 port de plaisance ainsi que la protection de 2 ports de pêche contre l’ensablement.
Quant aux infrastructures aéroportuaires, il y a 30 projets :
-le renforcement des aérogares d’Oran, Timimoun, Béchar, Tiaret, Illizi, In Amenas, Tébessa, Alger, Jijel et d’El Goléa,
- l’extension de la piste principale de l’aérodrome de Sétif et des parkings des aérodromes d’Annaba et d’El Goléa,
- la réhabilitation de l’aérodrome de Mostaganem,
- des travaux d’assainissement et de protection des aérodromes de Béjaia, Tébessa et Annaba.
L’AUTOROUTE EST-OUEST : LE « PROJET DU SIECLE » !
L'autoroute Est-Ouest (ou transmaghrébine qui est l’appellation originelle, puis abandonnée) –est , en fait, un projet décidé en 1987 et débattu , déjà, en Conseil de gouvernement en 1964 . C’est "le projet du siècle en Algérie" selon le ministre des Travaux publics (9 juin 2005). Elle s'étire d'Est en Ouest sur 1216 kilomètres de longueur avec un coût de réalisation estimé , au départ (qui a été , par la suite re-évalué à 11,1 milliards de dollars) , à 7 milliards de dollars totalement fournis par l'Etat (dont, au départ, en 2005, 10 milliards de dinars pour les procédures d'indemnisation).
L’ETAT DES ROUTES
EVOLUTION DE LA CONSISTANCE DU RESEAU ROUTIER 2005 - 2008
Année
|
RN
|
CW
|
CC
|
TOTAL
|
2005
|
28 156
|
23 806
|
56 340
|
108 302
|
2006
|
28 275
|
23 926
|
57 251
|
109 452
|
2007
|
28 655
|
23 879
|
57 591
|
110 125
|
2008
|
29 146
|
23 634
|
58 481
|
111 261
|
• Les actions de développement du réseau routier ont permis à notre pays de
disposer actuellement d’un réseau enviable de l’ordre de 180.039 Km
réparti comme suit :
R.N : 29 146 km dont 25 689 revêtus,
C.W : 26 634 km dont 21 618 revêtus,
C.C : 58 481 km dont 34 433 révêtus,
Auxquels il faut ajouter la Voirie urbaine : 68.000 Km.
• Le taux de revêtement du réseau routier a atteint, en 2009, 85 % (ce taux
est de 50% en Afrique du nord et 30 % sur l’ensemble du continent
africain)
• 80 % du réseau routier à une largeur supérieure à 7 m (30% en Afrique du
nord et 10 % sur l’ensemble du continent africain)
• Les actions engagées lors de ce quinquennal ont permis l’amélioration de
l’état général du réseau routier :
95 % des R.N sont en 2009, dans un état acceptable, contre 55%
en 1999,
75 % des C.W sont en 2009, dans un état acceptable, contre 45%
en 1999,
71 % des C.C sont en 2009, dans un état acceptable, contre 40%
en 1999.
• La mise en place pour la prise en charge du réseau routier, à travers les (500)
maisons cantonnières et les ( 15) parcs à matériels, a permis d’assurer, en tout temps, un
service public de proximité par :
Une disponibilité de matériels et d’équipes en astreinte, prêts à
intervenir à tout moment, sur tout le réseau,
Une intervention rapide en cas d’intempéries, et les routes sont
rouvertes en des temps record, moins de 04 heures, contre plus de
03 jours auparavant.
Le Plan quinquennal 2005-2009
1 000 milliards de dinars, soit l'équivalent de 10 milliards de dollars, tel est le montant global des 1 000 opérations inscrites dans le secteur des travaux publics au titre du plan quinquennal 2005-2009.
On citera notamment la livraison des 920 kms restants de l'autoroute Est-Ouest, le programme de réhabilitation, de maintenance et de réalisation qui touchera 19 000 kms de routes, l'extension et l'aménagement de 20 infrastructures portuaires et 20 autres aéroportuaires.
Le tunnel le plus long d’Afrique
Le tunnel ferroviaire d'El Achir, mis en service jeudi 27 juin 2002, est le plus long d'Afrique. Il se trouve à 13 kms de la ville de Bordj Bou Arreridj, sur la ligne ferroviaire Alger-Constantine.
D'une longueur de 5 202 mètres, il remplace celui qui date de 1889 et dont les caractéristiques techniques ne correspondaient plus aux normes de sécurité et de performance.
Une enveloppe financière de 12 milliards de dinars a été consacrée à la réalisation du tunnel, confiée à une entreprise italienne, et financée par la Banque africaine de développement à hauteur de 46% du coût global du projet.
L'ouvrage a été conçu pour recevoir une double voie et répondre à des caractéristiques modernes de circulation des trains en termes de vitesse et de tonnage.
La signalisation maritime
Tout au long des 1281 kms de côtes, gérés par l'Onsm, il y a 16 phares d'atterrissage, 10 phares de jalonnement, 160 feux de ports ou d'approches, 20 bouées de balisage , 3 stations Gps et 12 stations de mesures hydrographiques scindés en régions tout au long du littoral. Leur état (surtout les phares) est acceptable, mais 54% de ce patrimoine mérite d'être revu, mis à niveau et modernisé. L'Algérie se doit, en effet, d'augmenter de 50% ses capacités, car il faut assurer la navigation dans les eaux territoriales qui s'étendent à 12 miles des côtes (les eaux sous juridiction nationale s'étendent jusqu'à 52 miles nautiques à l'est et 32 miles à l'ouest). 3292 bateaux de pêche et 18000 bateaux commerciaux naviguent annuellement sur les eaux territoriales algériennes ou les parcourent.
Un schéma directeur de la signalisation maritime en Algérie, s'inspirant de la législation internationale, élaborée en 2003 par le ministère des Travaux publics, existe. Il couvre la période allant de 2005 à 2025. Uniquement pour le quinquennat 2005-2010, 30 milliards de dinars devaient être investis dans l'extension et la construction de nouvelles infrastructures maritimes. Et, 3 à 4,5 milliards pour la modernisation des phares et des balisages.
Pour rappel, le mot "Phare" vient du grec Pharos, nom de l'île où a été bâtie (à proximité d'Alexandrie au IIIème siècle Av. J-C) une tour au sommet de laquelle brûlait un feu de bois, la nuit, pour guider les navires. Cette tour a été considérée comme une des sept merveilles du monde.
Les nouvelles techniques
Le pneu-sol : Expérimentée avec succès au départ sur un ouvrage d’art au niveau du contournement de Bou Ismail (wilaya de Tipasa),la technique du pneu-sol consiste en l’utilisation d’un talus de remblai avec des pneus réformés, mesurant approximativement 5 mètres de hauteur sur une largeur de 50 mètres , ce qui équivaut à quelque 5 000 pneus lourds.
Cette technique novatrice s’annonce prometteuse quant au recyclage des millions de pneus qui défigurent le paysage des banlieues et de la campagne .
L’ouvrage pilote de contournement de Bou Ismail a été réalisé grâce aux ingénieurs du TTC qui ont travaille en étroite collaboration avec l’Ecole nationale des Travaux publics pour finaliser l’étude expérimentale assortie de la note de calcul.
Le projet a été , par la suite, confié à l’entreprise ETRHB (groupe Haddad) qui l’a réalisé avec l’assistance technique de deux experts représentant l’ENTP et le CTTP
Les géosynthétiques : Cette technique a été utilisée pour les travaux d’extension de la piste de l’aérodrome de Sétif sur 2 400 mètres. Sa réalisation a nécessité la confection d’un remblai de 13 mètres sur un sol compressible renforcé par des géosynthétiques (fibres HS Woven 400/50), associés à du géotextile non tissé disposé en couche anticontaminante (Fibrex-410) et, pour finir, la mise en place de 4 nappes de géo-grille de renforcement (Fibrex40/40) au dernier mètre du remblai, sur la face supérieure de la couche drainante pour uniformiser d’éventuels tassements de l’ouvrage.
La route transsaharienne
Le projet de la route transsaharienne (RTS) - d’un linéaire d’environ 7 000 km - a été lancé au début des années 1970 . L’idée a été évoquée déjà en 1860, elle connaître une relative maturation en 1960 et c’est en mars 1962 que les Directeurs des routes se réunirent à l’initiative de la Commission économique pour l’Afrique (CEA). Le projet avait été alors appelé « Route de l’Unité africaine ».
Pour le réaliser, les pays directement concernés , car traversés, ont créé, en 1966, un Comité de liaison de la route transsaharienne (CLRT). Ces pays sont : l’Algérie, le Mali, le Niger, la Tunisie, la Nigéria et le Tchad.
Le CLRT , est composé des directeurs des routes de chacun des 6 pays membres et d’un secrétaire général. Il se réunit deux fois par an pour faire le point de ses activités, alternativement à Alger, siège du comité, puis dans un pays membre du comité.
40 ans après, la RTS est totalement bitumée au Nigéria et plus de la moitié des 1200 km de ce pays sont en 2X2 voies . En Algérie, pays qui a commencé les travaux en 1971, lancés en grande pompe par feu le Président Houari Boumediène, entouré de milliers de jeunes du Service national, la RTS est revêtue d’Alger à la frontière du Niger et l’Algérie a construit quelque 1 500 km. En Tunisie aussi, la RTS est entièrement bitumée. De très grands efforts ont été accomplis dans les 3 pays enclavés (Mali, Niger et Tchad) , surtout lorsqu’on sait qu’au lendemain de l’indépendance , ces trois pays réunis avaient moins de 500 km de routes bitumées. On peut dire que, malgré le linéaire important qui reste à réaliser (650 km au Mali, 223 km au Niger et 500 km au Tchad) , les résultats ont été corrects, si on sait que les mêmes trois pays comptent aujourd’hui un réseau routier revêtu de plus de 8 700 km dont 2 300 km appartenant au projet de la route transsaharienne .
A noter que l’axe transafricain Alger-Lagos , long de 4 500 km est, aujourd’hui entièrement bitumé , à l’exception de la section Arlit-Assamaka sur 223 km au Niger, dont le montage du financement est, en septembre 2010, en cours.
Aujourd’hui, la Transsaharienne figure sur la liste des projets prioritaires établie dans le cadre du NEPAD ….et , sur sa trajectoire, doivent passer un gazoduc reliant Kano (Nigéria) à Béni Saf (Ouest algérien), ainsi q’une ligne de fibre optique.