- Djama'a Ketchaoua est un édifice religieux qui aurait été construit à l'époque ottomane , vers 1612 (certains chercheurs disent que la première mosquée Ketchaoua été bâtie par la tribu Rebai au milieu de XVè sièvcle, auprès de l'emplacement d'une source, au lieudit Le Plateau des chèvres, d'où son nom en langue turque.). La facade se compose d'un portique de trois arcades flanqué de deux tours polygonales. Cette mosquée fut transformée et agrandie par le dey Hassan Pacha vers 1794-95. Son style est inspiré des mosquées construites en Turquie dans le style byzantin.
A partir de 1832, Djama'a Ketchaoua est affecté au culte chrétien sur ordre du duc de Rovigo, commandant de la place militaire au culte catholique. Par cet acte, il venait de rompre la convention du 5 juillet sur la protection du culte. Pour légitimer cette décision, une commission incluant deux notables musulmans et les muftis de la ville fut créée. Brandissant l'argument du respect de la religion musulmane tel que stipulé dans le traité de capitulation, les Algériens refusèrent de donner leur accord sur la transformation de leur mosquée en cathédrale. On raconte que près de 4 000 musulmans s'enfermèrent dans la salle de prières. Le duc de Rovigo dépêcha toute une armée pour les déloger le 18 décembre 1831.
L'inauguration de la cathédrale eut lieu le jour de Noël 1832. Surmonté d'une croix en 1840, cet édifice allait subir peu à peu un "lifting" radical. Le minaret est remplacé par deux tours-clochers, alors que la façade néo-byzantine subit des transformations sous la houlette d'Albert Ballu, architecte diocésain. Presque entièrement reconstruite, la façade alignée sur Dar Hassan Pacha (le palais d'hiver) est doté d'un escalier monumental. Seules les colonnes intérieures échappent au "relooking". Des restes de thermes ainsi que des citernes romaines servant à l'alimentation en eau de la ville sont découverts en 1890 par Ballu aidé des sculpteurs Fulconis et Latour. En 1860, l'ex-Djama'a Ketchaoua change de nom. Elle est baptisée Saint-Philippe.
Le 18 septembre 1860, elle reçoit Napoléon III et son épouse,l'impératrice Eugénien pour la messe.
Classée en 1908, la cathédrale est rendue au culte musulman à l'indépendance du pays. Les deux croix au sommet des clochers sont alors déboulonnées.
Djama'a Ketchaoua a abrité la première prière de l'Algérie indépendante. Une plaque apposée à l'entrée le rappelle.
En 2009 - 2010, la mosquée connaît des travaux de restauration qui traînèrent en longueur ,en raison de l'état avancé des dégradations , surtout au niveau des deux minarets et ce, suite au dernier séisme qui a ébranlé les éléments de l'édifice.