TOURISME - SITES- CAFE EL GOFLA DE CONSTANTINE
Situé entre la Médersa, Echatt devenu la rue Said Benchikou et le quartier Arbaine Chérifs qui abritait l’imprimerie des Ulémas, appelé aujourd’hui rue Ben Badis, le café Nedjma, qui domine la place Laâdjabi Mohamed Tahar (ex-Molière) renferme entre ses murs et sa terrasse des décennies d’histoire.
Le lieu qui était une étable pour les chevaux au début du XXè siècle, fut aménagé en café en 1926 par son premier propriétaire Hadj Khodja Laâdjabi , dit El Gofla, d’où le nom du lieu.
C’est le dernier propriétaire, un neveu d’El Gofla, Beldjoudi Hadj Medjdoub, décédé le 24 janvier 2005, qui décida de donner au lieu, le 1er mai 1950, le nom de Nedjma, suite à la réglementation française imposant l’installation des enseignes dans les lieux publics.
C’est, après la disparition du café Benyamina en 1950, le plus vieux café de Constantine et, c’est le seul où l’on peut encore s’offrir un berrad de thé à siroter entre amis.
Arrêt obligé entre la gare ferroviaire et le centre-ville, le café a été la destination préférée des étudiants de la Médersa El Kettania et le Cheikh A. Ben Badis s’y rendait souvent.
Le café a connu bien des visiteurs devenus par la suite célèbres : Mohamed Boukharouba (H . Boumediène), Rabah Bitat, Mohamed Boudiaf, Smail Hamdani, Kateb Yacine, Tahar Ouettar, Mohamed Tahar Belounissi, Makek Bennabi, Abdelmoumène Ben Tobbal, Mohamed Bendjelloul, Mahieddine Bachtarzi, M’Hamed El Anka, Abdelkrim Dali….
C’est dans ce café qu’est né, durant les années 30, le club de football, le Moc. Il a abrité, aussi, les rencontres des Aissaoua.
-----------------------------------------------------------------------
Café Nedjma à Constantine
86 ans d’histoire et de rencontres
Par Kais Benachour © Horizons, mardi 7 avril 2014
Lieu mythique et incontournable de la ville, le plus ancien et le plus connu des cafés de Constantine est toujours là, un passage obligé pour les touristes et les enfants de la ville qui viennent pour siroter un thé à la menthe et redécouvrir la magie de cet établissement. Le café Nedjma, appelé aussi par le passé El-Goufla, a été inauguré en 1928 par son premier propriétaire, Hadj Khoudja-Ladjabi, aujourd’hui tenu par un de ses neveux de la famille Beldjoudi. Avec son emplacement idéal, dominant la place Ladjabi (ex-Molière) entre la fameuse Médersa, le quartier EChatt et la ruelle Arbaïne-Chérif (les quarante saints) où se trouvait l’imprimerie de l’association des oulémas, le café était un lieu de rencontre pour les artistes, les médersiens et les disciples de Cheikh Benbadis. A côté de Nedjma, on comptait aussi deux autres cafés très prisés à l’époque : celui de « Bouarbitt » et « Benyamina » (fermé dans les années 1950). De grands noms fréquentaient les lieux tels que Kateb Yacine, Makek Bennabi,Tahar Ben Lounissi, Zouaoui Fergani (frère aîné de Mohamed-Tahar), Rabah Bitat, Mohamed Boudiaf, Smail Hamdani, Tahar Ouettar, l’ancien Président Houari Boumediene, Abdelmoumène Ben Tobbal, Mahieddine Bachtarzi ou encore M’Hamed El Anka. La « sedda », sorte de mezzanine, petite annexe du café, servait d’espace de rencontre et lecture pour les médersiens et les étudiants. Elle est fermée depuis environ dix ans reconvertie en studio de photographie. 86 ans après son ouverture, la même ambiance règne au café Nejdma qui continue d’ouvrir ses portes aux artistes. Et même si le décor a beaucoup changé, les actuels propriétaires que sont Hadj Beldjoudi et son fils le jeune Yazid sont déterminés à conserver le lieu comme il l’est : « Si nous étions tentés par l’argent, nous aurions pu le reconvertir en restaurant chawarma ou en bazar, mais nous tenons vraiment à ce café » nous dira Yazid. Avec les moyens du bord, les propriétaires tentent de recréer l’atmosphère qui régnait il y a plus d’un demi-siècle. L’oncle de Yazid, Abdelmadjid Koutchoukali, nous assure que le café est un repère des artistes : « Il sert de rendez-vous pour les artistes, malgré toutes les difficultés, il y a beaucoup de touristes et de curieux qui viennent s’attabler à la terrasse et boire un thé. Dans les années 1980, le café restait ouvert 24h24, parce qu’à l’époque, les commerçants grossistes de chaussures et de tissus venaient de tous les coins s’approvisionner ici, à la rue Benmhidi. Aujourd’hui encore, nous organisons des soirées animées par des orchestres de malouf ou de Aissaoua. C’est surtout durant le Ramadhan que nous ouvrons nos portes aux artistes dans la pure tradition constantinoise en servant du thé et des plateaux de gâteaux traditionnels. Lors de festivals internationaux de malouf, les artistes tunisiens, marocains ou algériens venaient chaque soir pour découvrir l’ambiance du café et donnaient des petits concerts. Nous sommes très fiers de cela. » Au mois de janvier dernier, la ministre de la Culture, Khalida Toumi, a effectué une visite surprise au café El-Goufla et est restée plus d’une demi-heure accompagnée par toute une délégation. Mme Toumi a bien évidemment siroté un thé et s’est engagée à restaurer le café dans le cadre de la manifestation Constantine capitale de la culture arabe, une promesse que les propriétaires voudraient bien se concrétiser : « La ministre nous a promis d’essayer de le rénover dans la pure tradition constantinoise, au même titre qu’un autre café mythique à Tlemcen. Nous espérons vraiment que cela se concrétise » souhaite Yazid.