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Saâd Dahleb

Date de création: 19-12-2025 20:20
Dernière mise à jour: 19-12-2025 20:20
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HISTOIRE- PERSONNALITÉS- SAÂD DAHLEB 

Saâd Dahlab s’impose naturellement comme celui d’un artisan discret mais fondamental de la libération nationale. Moins médiatisé que d’autres figures du mouvement indépendantiste, Saad Dahlab a pourtant joué un rôle central dans les négociations qui ont conduit aux Accords d’Evian, mettant fin à plus de sept années de guerre et consacrant l’indépendance du pays. Il fut l’un des piliers de ses accords et son  rôle fut déterminant pour garantir une indépendance claire, totale et juridiquement irréprochable. 

Né le 18 avril 1918 à Rechaïga, dans la région de Médéa, il entame sa carrière comme fonctionnaire des impôts sous l’administration coloniale. Très tôt, il rejoint les rangs du nationalisme, militant au sein de l’Etoile nord-africaine, du Parti du peuple algérien (PPA), puis du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD). Son engagement actif dans la cause nationale lui vaut l’emprisonnement après les massacres du 8 Mai 1945, une épreuve qui ne fait que renforcer sa détermination. 

Homme de conviction, de rigueur et de réflexion Saâd Dahlab s’illustre non pas «par les armes», mais par «sa capacité d’analyse», «sa plume affûtée» et sa fidélité aux principes «de souveraineté», «d’unité» et «de dignité nationale». Son profil de juriste, doublé d’une solide culture politique, le conduit à occuper des fonctions de premier plan au sein du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), où il est d’abord directeur de cabinet du ministre de l’Information M’hamed Yazid, avant d’être nommé ministre des Affaires étrangères en août 1961. Dans les coulisses des négociations d’Evian, il joue un rôle décisif. 

Calme, méthodique, redoutable dans l’art de la formulation juridique, il participe à toutes les phases du dialogue avec la partie française-depuis les premiers contacts jusqu’aux discussions officielles lancées en mars 1962 à Evian. Travaillant en étroite collaboration avec Krim Belkacem, M’hamed Yazid et Réda Malek, il veille à la cohérence et à la solidité des textes. C’est à lui que l’Algérie doit en grande partie la rigueur de certaines formulations, le rejet des pièges juridiques et l’affirmation sans équivoque de l’unité territoriale de l’Algérie, notamment sur des sujets sensibles comme le Sahara ou les bases militaires françaises. Avec Réda Malek, chargé de la rédaction technique des accords, il forme un tandem parfaitement complémentaire.Tous deux partagent la même ligne de fermeté : une indépendance pleine, sans conditions ni arrière-pensées. Dans ses mémoires, Réda Malek raconte plusieurs épisodes révélateurs de l’attitude inflexible de Saad Dahlab. L’un d’eux, resté célèbre, se déroule lors d’un huis clos sur la question du Sahara. Tandis que la délégation française tentait d’imposer un statut spécial pour les gisements pétroliers sahariens, Saad Dahlab aurait refermé calmement son dossier et déclaré : «Nous sommes venus ici pour négocier une indépendance, pas pour organiser une nouvelle dépendance.» Cette sortie force le respect et oblige les Français à revenir à une position plus modérée. 

Aussi les relations avec M’hamed Yazid sont également marquées par une profonde complicité. Yazid, alors ministre de l’Information, pilote la stratégie de communication du GPRA à l’échelle internationale, tandis que Saad Dahlab assure le socle juridique du discours politique. Le premier prépare le terrain diplomatique ; le second en assure la stabilité technique et conceptuelle. Le 18 mars 1962, lorsque les Accords d’Evian sont signés, Saâd Dahlab en maîtrise chaque mot. Il a veillé à chaque détail du texte, qui régit le cessez-le-feu, le retrait des troupes françaises, les droits des Européens d’Algérie et les principes d’une coopération temporaire. Il incarne la figure du négociateur de l’ombre, attaché au fond plus qu’à la forme, dont le travail a permis de transformer une victoire politique en une souveraineté juridiquement incontestable. 

Après l’indépendance, Dahlab est nommé ambassadeur d’Algérie au Maroc. Très vite, il prend ses distances avec les joutes du pouvoir post-révolutionnaire. Il fonde en 1988 les Éditions Dahlab, où il publie ses mémoires et des témoignages précieux sur les coulisses de la Révolution. Jusqu’à sa mort, le 16 décembre 2000, il reste une figure respectée, discrète, jamais éclaboussée par les querelles politiques qui ont marqué les débuts de l’Algérie indépendante. L’université de Blida porte aujourd’hui son nom. Un hommage silencieux mais mérité à celui qui, dans la complexité des négociations internationales, a su défendre sans faiblir les droits inaliénables d’un peuple à disposer de lui-même. 

À l’heure où l’Algérie rend hommage à ses héros, le parcours de Saâd Dahlab rappelle que certaines victoires se forgent dans le calme des salles de négociation, à la force des principes, et par une fidélité sans faille à la cause de la liberté.