Nom d'utilisateur:
Mot de passe:

Se souvenir de moi

S'inscrire
Recherche:

Roman Kitouni Hosni- " Ce que la mort m'a pris de toi"

Date de création: 19-12-2025 20:10
Dernière mise à jour: 19-12-2025 20:10
Lu: 13 fois


HISTOIRE-BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN KITOUNI HOSNI- «  CE QUE LA MORT M’A PRIS DE TOI »

Ce que la mort m’a pris de toiRoman  de Hosni Kitouni (Préface  de Amin Khan) . Casbah Editions, Alger 2025,  159 pages, 1 300 dinars.

 Plusieurs décennies après, et malgré  la mort matériellement constaté, l’auteur, bien qu’il s’y soit habitué -ayant étudié et écrit plusieurs ouvrages et/ou études sur la période coloniale et ses atrocités et sur la guerre de libération nationale – est resté , non pas prisonnier d’un traumatisme datant de son enfance (à peine sept  ans, deuxième enfant d’une fratrie de quatre ....mais enfant mâle ardemment attendu ) suite à la brusque séparation avec son père, forcé de rentrer dans la clandestinité afin de poursuivre son combat  - , mais surtout d’un amour infini doublé d’une admiration sans bornes à l‘endroit de son père-héros  et de sa maman-courage. « Il y avait le soleil et Père, l’un rythmait les jours et l’autre nos vie .......Depuis qu’il était parti, je me sentais comme une espèce de chose sans nom, inutile ; un jouet démembré qu’on aurait oublié dans un coin de la chambre.Je n’étais plus rien, une loque pleureuse qui n’intéressait personne » , écrit-il.

On a donc un récit relativement court, clair et direct    (  romancé afin ,surtout,  de faciliter la lecture et de faire corps avec le lecteur ) très personnel  à la subjectivité pleinement de l’intime. Tellement intime qu’il nous paraît très difficile de le commenter.

 Seulement reprendre une  partie de la préface : « A tout point de vue, ce récit est saisissant de vérité, inaltérée par les années écoulées depuis 1955.Vérité des émotions de chacun des protagonistes, l’amour, la pudeur, la peur, le courage, vérité qui résonne à l’intérieur du silence imposé aux adultes et qui atteint les enfants, vérité de la douleur, évidente et indicible , de celui qui fait son devoir jusqu’au sacrifice de sa vie..... »

Tout est dit.

 L’Auteur Etudes en économie (Paris VIII Vincennes), enseignant durant quelques années avant de rejoindre la télévision algérienne où il écrit et réalise des émissions culturelles et de nombreux documentaires historiques et sur le patrimoine, chercheur associé à l’Université d’Exeter en Angleterre entre 2018 et 2021. Chercheur indépendant en « Histoire du fait colonial ». Déjà auteur d’une monographie sur « la Kabylie orientale dans l’histoire » (2013),   d’un essai sur le « Désordre colonial » (2018)et d’une étude sur « l’Histoire, mémoire et colonisation » (2024) ainsi que  de plusieurs études consacrées à la violence et aux changements induits par les dépossessions massives au cours du XIXème  siècle .A, aussi,  réalisé des émissions culturelles et des documentaires historiques et sur le patrimoine 

Extraits : «  Je les vois encore, ces amis de mon Père, ces jeunes dans la force de l’âge, impeccablement mis, sous l’épaisse fumée de cigarette, visages rongés par le mauvais sommeil, sirotant un café, s’invectivant à coups de citations du Coran, de Lénine, de Messali Hadj, de Mustapha Kamel, comme si une formule bien tournée allait changer la face du monde.Et, ils en lançaient de belles ! » (p19), « La fin de l’Os sonnait donc le glas d’un certain nationalisme algérien,bureaucratique et velléitaire, dans la mesure où elle libérait d’extraordinaires énergies,  contraintes d’agir en dehors des cadres traditionnels et de chercher ailleurs les forces capables de porter la lutte » (p30), « Ah ! la fierté de la Mère, à elle seule une légende » (p 86), « Pas une maison ne fut épargnée par les tourments de la guerre.Les adultes, les enfants, les murs, les pierres, la terre, les arbres, chez tous et partout c’était la même désolation, la même douleur, le même cri, la même souffrance.Des morts, des disparus, des fous, des qui ne savaient quoi faire de leur désarroi et de leurs désespérances » (p121), « La paix apportait avec elle l’insouciance et la vacuité dans un décor fait de bric et de broc, où s’était éteinte à jamais une âme » (p130)

Avis :Un grand bonhomme qui raconte sa douleur d’enfant  (et celle de sa maman) après le  départ à la guerre et la perte de son papa.Un récit terrible d’émotion. Car, une douleur qui, on le sent avec lui, perdure encore. Texte plus qu’émouvant car on vit, avec lui, sa douleur. Âmes sensibles, à consommer avec modération. Note complémentaire : La photo de couverture exprime, par ailleurs, tout l’amour et toute la fierté du père

 Citations « A quoi sert-il de prétendre porter une grande cause et manquer de force pour lui sacrifier ce si peu, notre égoïsme » (p 25), « Le fameux « l’islam est ma religion, l’arabe ma langue et l’Algérie mon pays » laissait pendante la question de l’indépendance (....).Réformer l’homme colonisé suffisait-il à le rendre moins corvéable et le Code de l’indigénat moins injuste à son égard ? » (p34), « Le serment sur le Coran est le geste le plus engageant (note : dans la lutte de libération nationale) pour un musulman, cela lui imposait un devoir de fidélité, auquel il devait souscrite toute sa vie ; le trahir constituait le pire des sacrilèges » (p39), « La tristesse des enfants, rien ne peut la cacher, elle reste là, à vous tourner dans la tête, tel un mauvais présage » (p 66), « Etre un « enfant du quartier, oulid elzanka, cette autre école infiniment plus compliquée que la vraie car, là, il n’y avait ni maîtresse ni livres pour y apprendre ses leçons » (p 84), « La guerre, la guerre, la guerre.....Elle s’était immiscée en nous, partout, devenant notre vie, habitant notre respiration, nos gestes , nos regards » (p93), ; « Les adultes oublient trop souvent que les enfants ont des yeux et des oreilles.Qu‘ils sentent et comprennent souvent plus vite qu’il n’y paraît « (p109)