POPULATION- IMMIGRATION- EUROPE/ÉTRANGERS 2024 .2025
Globalement, le nombre d’étrangers en Europe augmente,
même si les flux ralentissent. L’organe statistique Eurostat dénombrait au 1er
janvier 2024 quelque 29 millions de ressortissants de pays tiers, soit 6,4% de
la population. En 2021, ils étaient 23,8 millions. L’Allemagne, l’Espagne, la
France et l’Italie concentrent près de 70% des étrangers vivant dans l’UE. «Une partie de notre économie est basée sur l’immigration»,
souligne à l’AFP Matthieu Tardis, co-directeur du
centre de recherche indépendant
Synergies Migrations, prenant l’exemple de la France où «la révolution
industrielle s’est faite sur la main d’oeuvre
italienne, polonaise». Aujourd’hui, les titres de séjour pour le travail sont
largement en tête des premiers titres délivrés par l’UE, avec 1,1 million en
2024 (soit 32% des premiers titres émis) contre 589 000 en 2015 (29,6%).Et dans certains secteurs, les «étrangers sont
surreprésentés» par rapport à leur poids dans la population européenne,
notamment dans la santé ou le bâtiment, poursuit le chercheur. Les médecins
étrangers représentent ainsi 22% des médecins en Allemagne, 18% en France ou
41% au Royaume-Uni, selon l’Organisation de coopération et de développement
économiques.
Fin 2024,
Eurostat dénombrait un million de demandeurs d’asile en Europe, en baisse de
11% par rapport à 2023. Parmi eux, moins de la moitié (438 000) ont obtenu le
statut de réfugié leur donnant le droit de rester. Le nombre de demandeurs
d’asile n’a plus jamais égalé le niveau de la crise migratoire de 2015, quand
des centaines de milliers de réfugiés syriens fuyant la guerre étaient arrivés
en Europe. 1,3 million de demandeurs d’asile avaient alors été recensés. Sur le
plan de l’immigration clandestine, près de 200 000 arrivées irrégulières sur
les côtes européennes ont été recensées en 2024, cinq fois moins qu’en 2015,
selon les Nations unies. Une baisse qui s’explique notamment par les accords
noués avec la Turquie, la Libye ou la Tunisie pour contrôler les départs. Ces
accords suscitent de nombreuses critiques, notamment sur le respect des droits
de l’homme.
En Allemagne, pays qui accueille le plus d’étrangers dans l’UE, le chancelier
conservateur Friedrich Merz a mis en oeuvre une
politique d’asile plus stricte depuis son arrivée au pouvoir en mai, lors
d’élections où le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne a réalisé
des scores historiques.
Depuis début 2025, le nombre de demandes d’asile en Allemagne a diminué de plus
de moitié par rapport à 2024. A l’échelle communautaire, les 27 ont adopté
lundi une série de textes pour encadrer plus fermement les arrivées et les
renvois de migrants, ouvrant la voie à des centres d’accueil situés hors de
l’UE. Le Parlement européen doit encore donner son feu vert. L’Italie a déjà
signé un accord controversé avec l’Albanie pour y externaliser le traitement
des demandeurs d’asile interceptés en mer. La mesure est toutefois bloquée par
de multiples recours devant les tribunaux.
Depuis son élection en 2022, la Première ministre Giorgia
Meloni, cheffe du parti d’extrême droite Fratelli d’Italia, a fait de la lutte contre l’immigration
clandestine une de ses priorités. Dans le même temps, le gouvernement italien a
augmenté le nombre de visas de travail (450 000 entre 2023 et 2025, contre 75
700 en 2022), afin de répondre à la pénurie de main-d’oeuvre
dans un pays vieillissant et confronté à une chute du taux de natalité.
Ce double standard s’applique aussi en Hongrie, où
seuls 29 demandeurs d’asiles (hors Ukraine) ont été comptabilisés en 2024.
Parallèlement, le nombre d’étrangers résidant dans le pays dirigé par le
Premier ministre nationaliste Viktor Orban a augmenté en 10 ans, via sa
politique de travailleurs «invités», passant de près de
146 000 à plus de 255 000 attendus pour 2025, dont un peu moins de la moitié
recensés comme «Asiatiques» et «Africains».
Hors UE, au Royaume-Uni, l’immigration nette a plongé de près de 69% sur un an
en 2025, selon l’Office national des statistiques. Des données qui confirment
une tendance à la baisse depuis le pic atteint en 2023, sous l’effet des
politiques du précédent gouvernement conservateur. Les traversées irrégulières
de la Manche, elles, se poursuivent.