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Boudjemia Merzak (Musique)

Date de création: 28-11-2025 14:00
Dernière mise à jour: 28-11-2025 14:00
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CULTURE- PERSONNALITES- BOUDJEMIA MERZAK (MUSIQUE)

Il y a quarante ans, le 21 novembre 1985, s’éteignait à Paris Boudjemia Merzak (né à Alger le 9 mai 1933),  emporté par un cancer. Dans le froid d’une banlieue parisienne, un seul critique musical assista à la levée de corps de celui qui fut le plus grand chef d’orchestre de l’Algérie indépendante. Enterré au cimetière musulman de Bobigny, le maestro d’Alger repose loin de sa terre natale . Boudjemia Merzak n’a jamais bénéficié d’un éditeur musical. Ses arrangements symphoniques, ses orchestrations de la musique andalouse, ses partitions pour le cinéma algérien dorment dans les archives de la Radio-Télévision algérienne, absentes des conservatoires et des programmes d’enseignement.
. Ainsi, aucune partition éditée n’existe d’Ifriqiya, cette chanson interprétée par Miriam Makeba au Festival panafricain d’Alger en 1969, composée par Lamine Bechichi, écrite par Mustapha Toumi, arrangée et dirigée par Merzak lui-même. En novembre 1985, le médaillé d’or du Festival panafricain de 1969 disparaissait dans l’indifférence.
, il a vécu les dernières années de sa vie en France où il a travaillé au sein de l’Amicale des Algériens en Europe en qualité de conseiller artistique du département culturel. Merzak fut victime d’une double condamnation : celle d’une époque, balayée par la déferlante du raï qui ne jurait que par ses chebs autodidactes, et celle d’un système qui n’a jamais considéré la musique savante comme un patrimoine à protéger.Né le 9 mai 1933 à Alger, il décroche le premier prix d’harmonie du conservatoire municipal et le deuxième prix de direction d’orchestre en 1966. Il entreprend alors une entreprise inédite : l’orchestration symphonique de la musique andalouse. Virtuose éclectique, il dirigeait avec la même exactitude les mouwachahate et des improvisations inspirées de Charles Mingus. Il compose pour le cinéma algérien (« L’Opium et le Bâton » d’Ahmed Rachedi en 1969, « Patrouille à l’Est » d’Amar Laskri en 1972), mais aucune de ces partitions n’a jamais été publiée. A la Radio-Télévision algérienne, Merzak fonde un orchestre symphonique sans équivalent. Il recrute les meilleurs talents : Mahfoud Djelmani au synthétiseur, les violonistes virtuoses comme Mohamed Mokhtari, des maîtres du naï et du luth. Ensemble, ils accompagnent Mohamed Badji, Ahmed Wahby, Hachemi Guerouabi, Djamel Allam… Chaque arrangement était un dialogue entre tradition et modernité.

En janvier 1982, Merzak accepte d’accompagner en simple bassiste Slimane Azem à l’Olympia. Epoux de la diva Seloua, il incarnait l’âge d’or des premières années de l’indépendance, quand l’Algérie comptait encore sept orchestres nationaux. L’union avec Seloua permet à Merzak, en 1975, de réaliser un geste de génie qui dit beaucoup de la modernité algérienne des années 1970 : réunir dans un duo son épouse blidéenne et son ami, le chanteur bedoui Driassa, pour interpréter Shems, l’une des plus belles ballades du répertoire algérien. Capté par la télévision nationale, ce duo marque durablement le public du monde arabe, et particulièrement en Irak.
Encore aujourd’hui, des centaines d’Irakiens témoignent sur YouTube de l’empreinte indélébile laissée par Shems sur leur jeunesse. L’un d’eux écrivait, il y a cinq ans : «Quand ma fille est née, je lui chantais cette chanson, même si je ne la connaissais pas bien. Un salut à l’éditeur et à nos frères d’Algérie Le cancer emporte Merzak le 21 novembre 1985, juste après qu’il eut apporté sa touche reconnaissable — chœurs de violons et clarinette solitaire — aux derniers titres de l’album « Salimo » de Djamel Allam.