COMMUNICATION-PERSONNALITES-
BOUBEKEUR HAMIDECHI
« Bob » est
décédé à Constantine, sa ville natale et de vie familiale et professionnelle,
dimanche 12 octobre 2025 à l’âge de 82 ans. Paix à son âme !
« Bob » pour
les amis et les intimes, c’est Boubekeur Hamidechi.
Affaibli par la maladie
ces toutes dernières années, il avait déserté les colonnes du journal de ses
compagnons de route (Zoubir Souissi, aujourd’hui décédé, et Mâamar Farah) et
sa chronique hebdomadaire « Lettres d’un provincial » nous manquait
beaucoup. En le lisant, on ré-apprenait à
réfléchir, à écrire, à argumenter, et, surtout à manipuler avec talent et art
la langue française. Un trésor pour la mémoire collective (ou, ce qui en
reste), ses écrits pouvant servir de modèle à bien de nos étudiants en
journalisme, quelle que soit la langue maîtrisée...tant il est vrai ,
aujourd’hui, avec tous les incessantes révolutions technologiques et cette
sacrée I.a , continuellement rabâchée, et dont
on nous casse sans arrêt les oreilles, que le journalisme vrai a plus à voir
avec le « savoir-écrire » qu’avec la maîtrise d’une langue,
avec le « sentir-vrai » des pulsions de la société , la sienne et
toutes les autres, qu’avec l’engagement idéologique et politique. Dans le respect des
fondamentaux de l’éthique et de la déontologie de la profession, cela va de
soi.
Presque 60 années de carrière. Qui dit mieux ? Et, quelle
carrière ! : Hamidechi a fait ses débuts en 1966, alors qu’il avait à
peine 23 ans, au quotidien « An-Nasr » qui
paraissait en français à l’époque avant son arabisation en 1972, sous la
houlette d’Ahmed Benslama. Le journal avait pour
siège les locaux de l’ancienne « Dépêche de Constantine » à l’ex-Rue
Nationale (actuelle Larbi-Ben M’hidi) au centre-ville
de Constantine. Il y avait côtoyé Malek Haddad, qui animait le supplément
culturel du journal. Il a aussi cotôyé Kateb Yacine
et bien d’autres sommités de la culture et de la communication
. . Par la suite , il fera le tour des
rédactions dans les organes de presse publique, dont « El Moudjahid » »,
l’ « Aps » et enfin
l’hebdomadaire « El Hadef ». C’est dans ce
dernier qu’il avait vécu l’une de ses plus belles aventures journalistiques
avec ses amis et collègues Manceri, Mesbah, Rahmani, Kamas et par la suite Benmohamed
et Bouchetib. Hamidechi faisait
partie de la formidable équipe qui avait fait la grande épopée de
l’hebdomadaire sportif « El Hadef » entre
les années 1970 et 1990. Elle comptait alors de belles et bonnes
plumes (Azzag, Mohamed-Larbi Abboud, Bellagha, Bouacida, Allouache, ainsi que Adjal El Houari du bureau d’Oran et Sid-Ali Azzoug du bureau d’Alger). Sans oublier ceux qui ont marqué
leur passage au journal, à l’exemple de Zoubir Souici,
Maâmar Farah, Ahmed Benslama
et bien d’autres . Avec l’avènement de la presse
indépendante en 1989, Hamidechi collabore à la
création de l’hebdomadaire « Les Nouvelles de l’Est », avant de
travailler au sein du quotidien « El Watan »
entre 1992 et 1997.
Il atterrira par la
suite au journal « Le Matin », avant de terminer sa carrière au
« Soir d’Algérie ». Le parcours de Hamidechi
reste marqué par sa célèbre «Lettre de Province», une
chronique atypique régulièrement publiée à compter de novembre 2000 par le
journal « Le Matin », avant de rejoindre les pages du « Soir
d’Algérie ». C’est sur insistance de ses confrères dans ce journal que Boubakeur Hamidechi avait accepté
de publier ses chroniques dans un livre (403 pages) paru en 2011 à Arcanes
éditions, sous le titre « Lettres de Province ».
L’homme a résisté
durant sa vie à de nombreuses épreuves (il avait perdu ,
en juillet 2021, son fils Adlène , ancien
directeur du journal sportif « El Mouhtarif »)
qui n’ont pas eu raison de son sens de l’humour et de sa verve. Il avait
forgé sa personnalité au long d’un parcours faisant de lui un des doyens de la
corporation à l’échelle nationale.
Et, il ne s’est jamais
départi de son caractère d’éternel rebelle, critique et insatisfait, mais dont
la profondeur révèle un homme patriotique ayant défendu les causes de son pays,
un citoyen humble, généreux et aimable qui s’impliquait dans tout ce qui touche
à la société. Franchement à gauche, très engagé socialement
, démocrate jusqu'au bout
de sa plume, son style et ses
analyses ne laissaient personne
insensible . C'est pour cela
(et ,aussi, pour son humilité) qu'il a accumulé les Prix spéciaux ,
"pour l'ensemble de son oeuvre" ; celui des Amis de Abdelhamid Benzine en
2008 puis, en 2011 , et celui d’El Khabar/
Omar Ourtilane .Il a , aussi, été
classé parmi les 10 “Personnalités nationales influentes” en 2011, par le
site d’informations documentaires almanach-dz.com.