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Roman Tahar Djaout- "Le dernier été de la raison"

Date de création: 21-10-2025 18:11
Dernière mise à jour: 21-10-2025 18:11
Lu: 6 fois


VIE POLITIQUE- BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH- ROMAN TAHAR DJAOUT- « LE DERNIER ÉTÉ DE LA RAISON »

 Le dernier été de la raison. Roman de Tahar Djaout. Editions Quipos, Alger 2014 (Le Seuil, 1999). 149 pages, 900 dinars

 

C’est là la dernière œuvre de Tahar Djaout.Quelques semaines avant son assassinat,il avait annoncé à son éditeur l’entame d’un nouveau roman. Ce qui est publié par la suite a été retrouvé dans ses papiers -sans titre - après sa mort. D’ailleurs , le titre retenu est extrait du livre puisque le manuscrit n’en portait pas. Et,  le texte a été publié tel quel. En le lisant, on s ’aperçoit , en fin de lecture,  qu’il est inachevé. Mais qu’importe puisque réalisme, talent littéraire et grandeur d’âme sont retrouvés et Djaout ,toujours en vie, aurait produit une très grande œuvre historico- politique et littéraire.

On a donc l’histoire d’un petit libraire humaniste, dans une ville (mais pas que !)  les islamistes ont pris le pouvoir . En « Frères vigilants », ils administrent et gèrent tous les aspects de la société. Ainsi, notre libraire s’est même vu abandonné par sa propre famille (femme et enfants) en raison de son ouverture d’esprit et de sa (douce mais déterminée ) résistance. Il sera aussi dépossédé de sa librairie et de ses livres si patiemment acquis et protégés.Ne  lui restent que   ses rêves et ses souvenirs d’enfance ....et de lecture.Un roman inachevé ? ....mais une histoire plantée dans un réel bien et bien vécu dans l’horreur et le sang.

 

 

 

 

L’Auteur : Voir plus haut

Extraits : « Dans la nouvelle ère que vit le pays, ce qui est avant tout pourchassé c’est, plus que les opinions des gens, leur capacité à  créer et à répandre la beauté » (p18), « Des ombres passent :les gens ont acquis une manière de se faufiler au lieu de marcher » (p 23), « Cet été fut le dernier.Car, après, le temps devint sans saisons et sans nuances.Il s’était mué en tunnel dont on ne voyait guère le bout » (p 33), « Le nouveau savoir agréé comporte ytrois règles de base : 1. La science n’a droit dec s’intéresser qu’aux questions non tranchées dans le Livre. 2. Tout résultat , toute découverte scientifique dooivent être confrontés avec le Texte afin de leur y trouver une justification. 3. Notre religion est la source de tout savoir : toute loi scientifique, morale ou législative édictée au temps d’avant cette religion , où l’humanité baignait dans les ténèbres, le mensonge et la barbarie, est nulle et non avenue » (p104),

Avis : Un roman ? En bonne partie .Mais, surtout le récit d’une société en voie de « perdition ». L’auteur avait vu juste puisqu’il sera, par la suite, durant la « décennie noire » ,  assassiné par les islamo-terroristes , harceleurs meurtriers de tous ceux qui ....raisonnaient.

Citations : « Le pays est entré dans une ère où l’on ne pose pas de question, car la question est fille de l’inquiétude ou de l’arrogance, toutes deux fruits de la tentation et aliments du sacrilège » (p 26), « Les couples ! Peut-on réellement parler de couples dans une société scindée en deux, avec une des parts effacée du regard, niée, réduite à un réceptacle, à un lieu de jouissance dans l’obscurité coupable ? »(p 78), « C’est un peu au contact de la vie et beaucoup au contact des livres que des idées ont germé en lui, que des idéaux ont pris racine,que des sensations voluptueuses et des ondes de joie ou de colère ont parcouru son corps frémissant, y laissant des traces durables » (pp 128-129), « La jeunesse même démunie, pouvait opposer à la misère la vigueur, la beauté et l’impertinence de son corps, la hardiesse de son désir » (p 132), « Le monde est un désert, la folie l’a transformé en ossuaire.L’illumination est arrivée, pareille à un ouragan : il ne subsiste, dans les territoires désherbés que des vigiles insomniaques scrutant les horizons dévastés pour repérer l’âme rebelle » (p140), « A l’heure qu’il est, ils ont déjà brûlé tous ses livres en un incendie exorcisant.Ils ont compris le danger des mots, de tous les mots qu’ils n’arrivent pas à domestiquer et à anesthésier.Car les mots, mis bout à bout, porte le doaqute, le changement » (p 149)