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Roman.Récit Tahar Djaout- "L'invention du désert"

Date de création: 21-10-2025 18:05
Dernière mise à jour: 21-10-2025 18:05
Lu: 11 fois


CULTURE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN.RÉCIT TAHAR DJAOUT- « L’INVENTION DU DÉSERT »

L’invention du désert. Roman(récit)  de Tahar Djaout. Editions Quipos, Alger 2014 (Le Seuil, 1984). 207 pages, 900 dinars

 

Tout a commencé lorsqu’un éditeur a demandé à l’auteur un récit sur une dynastie ancienne d’Afrique du Nord, les Almoravides. On a donc  pour résultat un récit historique intégré dans un roman ; en fait, le récit d’une enfance heureuse au sein de l’univers champêtre avec, au loin, bien visible , la mer  (en Grande Kabylie), d’une jeunesse, d’une « errance » ou « marche » sans fin, en fait un « enracinement »  (entre autres à Bougie où Ibn Toumert avait, dit-on,  brisé les jarres de vin, vitupérant les déviants  et les mécréants...).Il s’en ira même à Paris en compagnie de son Ibn Toumert lequel, lui, « l’ascète parmi les purs » s’y « perdra » comme tous les autres immigrés. En définitive, les Almoravides et les Almohades  et Ibn Toumert , le puritain, sont présentés par bribes seulement, mais on en apprend des choses sur leur grande aventure.

Le romancier entame en fait une « marche sans fin » , parcourant les déserts d’Arabie, jusqu’à Aden et le Sud profond du Sahara. Mais toujours seul car partout, la communication n’existait pas. Seul aspect positif, dans le désert on prend du recul et on s’y trouve seul, en face de soi-même .

Passage émouvant en fin d’ouvrege, décrivant les jeux de sa fille gambadant sur les terres  jadis « terrain » de ses trêves et de ses explorations :  « Elle est dépositaire de mes rêves et de ma sensibilité découvreuse. C’est elle qui me prolongera dans les joies et les déconvenues de la chair interrogeante.Et, c’est mon unique consolation..... ». On était en 87.....et une décennie rouge en vue.....Prémonition ?

 

 

L’Auteur : Journaliste, poète, écrivain, né le 11 janvier 1953 à Ighil Ibahriyen (Oulkhou) , près de Azzefoune. Licence de matths’ et études en sciences de l’inforamtion. Auteur de plusieurs ouvrages.  Grièvement blessé dans un attentat le 26 mai 1993 à la sortie de son domicile (Baïnem)  , il meurt le 2 juin 1993 à Alger. Il est l'un des premiers intellectuels victime de la « décennie noire » en Algérie et des attentats islamo-terroristes.

Extraits : « Don Quichotte avant Cervantès, voici tout ce qu’était Ibn Toumert.Il guerroya à lui seul contre les moulins du pouvoir et contre les moulins du plaisir.Le plus étrange est qu’il vainquit » (p16), « Oui, le désert se venge parfois.D’avoir été trop aplani.D’avoir été réduit-alors que dans son ventre se fomente la calcination définitive du monde- à un chevauchement inoffensif de dunes, à des soleils se coucahnt dans une profusion docile d’ocre et d’or.A une séance de thé rituel où l’encens ressuscite l’âge des transes » (p 45), « On m’a raconté que les premiers cavaliers arabes arrivant en Afrique du Nord se sont écriés :Voici le Paradis que le Livre a promis aux plus méritants d’entre nous » (p 66), « Quelques années encore, et les villes du tiers monde se resembleront toutes, des Andes jusqu’à l’Indus, le dépaysement sera vaincu : même victoire de la rectitude, des parpaings et des embouteillages insolubles » (p89), » Nous étions tenus d’apprendre que l’individu ne possède ni penchant ni décision ,que c’est le clan qui réglemente » (p 151), « L’obsession de la Grande Bleue.......Pour rejoindre l’ailleurs merveilleux, il n’y avait que la solution de s’ouvrir un chemin dans ces eaux qui fermaient l’horizon » (p183), « La Casbah (d’Alger) ressemble à un corps profondément meurtri dont le plâtre aide à soutenir à grand-peine les membres désarticulés.Restez quelques mois hors de la vieille ville et votre retour sera accueilli par un nouveau mur écroulé ou une fontaine qui ne coule plus » (p200)

Avis :Roman, récit, reportage,histoire.....un voyage dans le temps et l’espace, dans une écriture magnifique alliant prose maîtrisée et élans poétiques.Une fiction contre l’intolérance.  De quoi se réconcilier avec la bonne et belle écriture.

Citations : « Quand l’Histoire s’estompe, la légende parsème de ses balises le terreau du quotidien  qui retient juste dans sa gadoue quelques débris de remparts, de colonnades, de poteries » (p33), « Etre immigré, ce n’est pas vivre dans un pays qui n’‘est pas le sien, c’est vivre dans un non-lieu, c’est vivre hors des territoires » (p58), « Consigner par l’écriture, c’est comme tailler dans la pierre.Donner la même froideur et le même figement servile » (p80), « Les lumières du voyage ont topujours cette apparence -providentielle et fragile-d’une oasis » (p 85), « L’oiseau , c’est l’horloge du monde, le régulateur des couleurs et des intempérances terrestres.Par la perfection de son vol, par sa justesse de trapéziste, par son emprise sur les saisons, l’oiseau est le maître des sabliers.C’est la cheville qui affermit l’édifice volatil du ciel, c’est la ponctuation nécessaire au temps qui goutte dans l’oubli » (p131)  , « La blessure faite par la femme est la plus dure à effacer » (p188), « Revenir sur les chemins d’enfance est un pèlerinage trop douloureux.Cela doit être le propre des gens que le présent rejette.Les gens heureux n’ont ni âge ni mémoire, ils n’ont pas besoin du passé » (p 196), « La Casbah (d’Alger) est un mille-pattes dont chaque appendice mène vers une ville différente » (p 198)