Alger
et Madrid ont consolidé leur réconciliation. Le ministre espagnol de
l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, a effectué une
visite officielle à Alger,le
20octobre 2025, la première d’un responsable espagnol de ce
rang depuis la fin de la «brouille» entre les deux pays. Il était accompagné
d’une importante délégation. Cette visite a été marquée par une réunion de
travail entre Grande-Marlaska (qui a étéreçu par le Chef
de l’Etat) et le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et des
Transports, Saïd Sayoud. Les deux responsables ont
coprésidé un groupe de travail mixte algéro-espagnol.
La rencontre, qui s’est étendue toute la matinée, a porté sur plusieurs
dossiers sensibles, principalement l’immigration clandestine et la lutte contre
la traite des êtres humains. À l’issue des discussions, Sayoud
a indiqué que la rencontre avait abouti à «des
décisions importantes et pertinentes». Il a souligné que l’Algérie et l’Espagne
partagent «la même vision et la même approche»
concernant la migration irrégulière, dans le respect des intérêts des deux
pays. Il a également été convenu de relancer le protocole de coopération sur la
mobilité et le retour des migrants clandestins dans leur pays d’origine,
notamment à travers la réactivation de l’accord de 2002. Un comité technique
conjoint examinera sa mise à jour afin d’en améliorer l’efficacité. GrandeMarlaska a, de son côté, réaffirmé l’engagement de
son pays à renforcer la lutte contre les réseaux de traite, saluant le rôle déterminant
de l’Algérie face au défi migratoire. Il a qualifié l’Algérie de «partenaire clé» pour l’Espagne et rendu hommage aux forces
de sécurité algériennes, qui ont intercepté 30 000 départs illégaux en 2024,
évitant ainsi «des milliers de morts en mer». Il a insisté sur la nécessité de
coordonner davantage les efforts face à l’essor des réseaux criminels, qui
mêlent désormais trafic d’êtres humains et narcotrafic. Sayoud
a rappelé que l’Algérie a empêché 100 000 migrants de rejoindre l’Afrique du
Nord et l’Europe, et organisé le retour volontaire de 82 000 personnes dans des «conditions dignes» depuis 2024. Il a souligné que
l’Algérie ne se sert pas de la migration comme moyen de pression politique,
contrairement à «certaines parties», allusion
implicite au Maroc. Les échanges ont également porté sur la coopération
technique. L’Algérie souhaite bénéficier de l’expertise espagnole en matière de
contrôle des frontières et d’identification ADN des victimes de naufrages. Sayoud a annoncé la relance d’un cadre opérationnel
bilatéral contre l’immigration clandestine, comprenant notamment la lutte
contre la falsification de documents et l’échange d’expériences. Les deux
ministres ont convenu d’intensifier la circulation d’informations entre les
services de sécurité chargés du crime organisé, ainsi que le partage de
protocoles d’enquête. Sayoud a indiqué que les
démarches pour le rapatriement de sept mineurs algériens se trouvant en Espagne
se poursuivent, affirmant que toutes les informations et documents requis ont
été transmis aux autorités espagnoles, qui devraient répondre prochainement. Un
accord a également été trouvé pour créer des pôles spécialisés dans la lutte
contre les différentes formes de criminalité transnationale. Un dispositif
commun d’échange et de comparaison des données biométriques et des empreintes
des personnes décédées en mer sera mis en place. Sayoud
a également évoqué la coopération en cours pour récupérer les fonds et biens
détournés par l’ex-oligarchie et localisés en Espagne. La visite a aussi permis
d’aborder la gestion des catastrophes naturelles. Un comité d’experts de la
protection civile sera créé pour coordonner la prise en charge des risques liés
au changement climatique. Le dossier de la sécurité routière a, lui aussi, été
intégré au partenariat, l’Algérie souhaitant tirer profit de l’expérience
espagnole dans ce domaine. Sayoud a exprimé la
volonté de l’Algérie de maintenir un contact régulier pour pérenniser et
renforcer cette coopération. Grande-Marlaska, pour sa
part, a salué les perspectives prometteuses de ce partenariat et estimé que
l’Algérie est appelée à devenir «un exemple à suivre
en matière de sécurité routière à l’échelle régionale et africaine».