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Information /Sources

Date de création: 19-10-2025 19:14
Dernière mise à jour: 19-10-2025 19:14
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COMMUNICATION- FORMATION CONTINUE- INFORMATION/SOURCES

 ©  Pr Ahmed Cheniki, Fb, 12 octobre 2025

On évoque fréquemment l’« absence de sources », comme si celles-ci devaient être livrées, prêtes à l’emploi, au journaliste. Or, la source n’est pas une matière inerte, figée ou simplement informative. Elle est souvent un espace symbolique, un adjuvant possible, un élément actif dans la quête de sens. Elle participe à la construction du récit, à l’élaboration du regard, à l’orientation de l’interprétation. Elle est, en ce sens, une composante essentielle du travail journalistique.

Il devient presque anormal aujourd’hui de parler de journalisme- et cela ne concerne pas uniquement l’Algérie, où toute forme de polyphonie semble absente, laissant place à un discours monologique-, mais également certaines grandes rédactions à travers le monde.

Dans de nombreux cas, la diversité des voix, des points de vue, des récits, tend à s’effacer au profit d’une ligne unique, d’un récit dominant. Certes, des résistances existent encore, portées par des sociétés de rédacteurs soucieuses de préserver l’éthique du métier, comme à la BBC, au Washington Post, ou encore dans certaines rédactions japonaises. Mais ces résistances sont de plus en plus fragiles, confrontées à des logiques de contrôle, de formatage, voire de censure douce.

La quête de polyphonie, pourtant fondement du pluralisme et de la démocratie médiatique, semble aujourd’hui reléguée au second plan. Même les grands médias, contraints par des impératifs économiques, politiques ou réglementaires, se voient parfois réduits à en donner l’illusion. Ils recourent alors à une figure censée incarner un discours alternatif, une voix dissonante, mais dont la fonction est avant tout décorative : elle permet de cocher la case du contradictoire, d’éviter les sanctions des instances de régulation, sans pour autant remettre en cause l’architecture du discours dominant.

Dans ce contexte, le journaliste devrait retrouver le sens de sa mission première : s’informer par lui-même, aller vers la source qu’il juge pertinente pour son enquête ou son reportage. Il ne devrait reprendre aucune « information », d’où qu’elle vienne, quelle qu’en soit l’origine, sans l’interroger, la confronter, la mettre à l’épreuve. Il lui faut savoir être impertinent sans être irrespectueux, exigeant sans être arrogant. Il doit être l’otage de sa conscience, et d’elle seule.

Tout est à interroger. Il n’existe pas d’argument d’autorité, pas d’instance infaillible, pas de vérité livrée clé en main. Le journaliste ne doit rien à personne, sinon à la rigueur de son propre travail. Le reste, il n’en a cure.

La source, loin d’être neutre, est le lieu d’articulation du discours journalistique. Elle est ce point de départ - ou d’arrivée-où se nouent les enjeux de sens, de vérité, de responsabilité. Le journalisme, c’est l’écrit, l’image, leur justesse. Mais c’est aussi, et surtout, la pluralité des sources. Leur diversité, leur confrontation, leur mise en tension : c’est cela qui crédibilise le travail du journaliste, qui lui donne sa densité, sa légitimité, sa portée.