FINANCES-
FORMATION CONTINUE- FMI/INTERVENTION(S) (II/II)
FMI :
pourquoi, quand et comment le Fonds monétaire international intervient dans
un pays
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https://theconversation.com/ Wissem Ajili
Ben Youssef, Professeur associé en Finance,
EM Normandie, 28 septembre 2025
La Grèce : quand l’austérité devient la seule voie de sortie : La crise grecque entre 2010 et 2015 reste l’un des épisodes les plus scrutés de l’histoire
récente de la zone euro. Tout commence lorsque le gouvernement hellène révèle
un déficit budgétaire bien supérieur aux chiffres officiels. En réponse, le FMI
et l’Union européenne mettent en place un plan de sauvetage de 110 milliards d’euros.
Les réformes exigées – baisse des retraites, privatisations massives,
hausses d’impôts – plongent le pays dans une récession profonde. Le
chômage explose, la pauvreté s’installe, et la colère sociale augmente. Si la
stabilité budgétaire est progressivement restaurée, le coût humain et politique
reste lourd. La Grèce devient le symbole d’une austérité imposée,
alimentant un euroscepticisme durable.
La Tunisie : une transition démocratique qui freine les réformes
économiques :Depuis 2013, la Tunisie,
engagée dans une transition démocratique post-révolution, bénéficie de plusieurs programmes du FMI
totalisant plus de 3 milliards de dollars. Ces interventions visent à
réformer le système de subventions, à moderniser la fiscalité et à renforcer la
gouvernance publique.Si certaines avancées techniques
sont réalisées, les résultats macroéconomiques déçoivent :
une croissance stagnante à 1 %, un chômage des diplômés dépassant
35 %, une augmentation de la dette publique et des inégalités croissantes.Ce cas illustre les limites de l’action du FMI
dans des contextes de transition, où les équilibres économiques sont
étroitement liés à des dynamiques sociales et institutionnelles encore
fragiles.
Approche plus souple : Depuis la crise financière mondiale de
2008, le FMI a engagé une réflexion profonde sur ses méthodes d’intervention.
L’évolution institutionnelle du fonds est
marquée par plusieurs inflexions majeures, en développant de nouveaux mécanismes,
comme les lignes de crédit modulable. Elle offre un accès
rapide à des financements importants, sans conditionnalité ex post :
seuls des critères stricts d’admissibilité sont exigés en amont. Son accès
reste limité à un petit nombre de pays jugés exemplaires par le FMI. L’institution
internationale met l’accent sur la protection sociale, en imposant par exemple
des planchers de dépenses sociales dans certains
programmes. Elle adapte également ses recommandations aux contextes nationaux,
avec des calendriers de réformes plus souples.Lors
de la pandémie du Covid-19, le FMI ajuste ses exigences pour permettre aux pays
de soutenir leurs économies avant d’engager des réformes structurelles. Le
dialogue avec les autorités et la société civile est renforcé par des consultations
régulières, comme les forums avec les ONG lors de ses Assemblées annuelles, permettant
de mieux intégrer les attentes locales et d’accroître l’appropriation des
politiques recommandées.Deux
dilemmes persistent : comment concilier discipline budgétaire et justice
sociale ? Comment éviter que les interventions du FMI ne deviennent elles-mêmes
des facteurs de déstabilisation dans des sociétés déjà fragilisées ?