FINANCES-
FORMATION CONTINUE- FMI/INTERVENTION(S) (I/II)
FMI :
pourquoi, quand et comment le Fonds monétaire international intervient dans
un pays
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https://theconversation.com/ Wissem Ajili
Ben Youssef, Professeur associé en Finance,
EM Normandie, 28 septembre 2025
La Grèce au bord de la faillite (2008-2010), la Tunisie post-Ben Ali
(2013) ou l’Argentine contrainte de dévaluer sa monnaie (2023)…
dans chaque crise économique majeure, une institution revient sur le devant de
la scène : le Fonds monétaire international (FMI). Mais quel est le rôle
exact de cette institution fondée en 1944 ?
Institution créée en vertu des accords de Bretton Woods, à la fin de la
Deuxième Guerre mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) a pour mission
de préserver la stabilité du système monétaire international. Comment ? À
travers son triple mandat : la surveillance économique de ses
191 pays membres, l’expertise en matière de politique économique et le
déploiement de ses instruments financiers en cas de déséquilibres macro-économiques.Le FMI n’impose
jamais ses interventions. Les pays en butte à des crises économiques
spécifiques sollicitent eux-mêmes son aide. Ces programmes soulèvent un dilemme
entre efficacité macro-économique et coûts sociaux. Au fil des décennies,
son rôle n’a cessé d’évoluer, tout en conservant les
fondements de son mandat d’origine.Dans
quelles circonstances le FMI intervient-il dans un pays ?
Prêteur de dernier ressort : L’intervention du FMI constitue une mesure
d’exception, lorsque plusieurs indicateurs macro-économiques se détériorent simultanément.L’histoire des crises
financières révèle des dynamiques similaires : déséquilibre aigu de la balance des paiements, chute des réserves de change, accélération de l’inflation, dette
publique dépassant des seuils soutenables (60-90 % du PIB), ou encore
fuite de capitaux étrangers.Dans ces situations critiques, le pays concerné ne parvient plus à se financer
sur les marchés internationaux à des taux acceptables. Le FMI assure alors le
rôle d’un prêteur de dernier ressort. L’institution
intervient pour garantir le financement de l’économie et pour éviter un
effondrement brutal. Son action vise à restaurer la confiance des marchés et à
limiter les risques de contagion à d’autres pays.Les interventions du FMI sont soumises à
une conditionnalité, souvent critiquée, visant à garantir le
remboursement du prêt et la stabilisation macro-économique.
Boîte à outils du FMI :Le FMI propose une gamme d’instruments financiers,
adaptés aux besoins spécifiques des pays.Les accords de confirmation sont les plus connus. Le FMI met à
disposition d’un pays membre une ligne de crédit sur une période déterminée,
généralement un à deux ans. En contrepartie, le pays s’engage à mettre en œuvre
un programme de réformes économiques défini, comme la réduction des déficits
publics, des réformes fiscales ou la libéralisation de certains secteurs. Les
décaissements sont effectués par tranches, à mesure que le pays respecte les
conditions convenues.À
l’autre extrémité du spectre, les lignes de crédit modulables s’adressent aux
pays dont les fondamentaux économiques sont solides. Elles agissent comme une
assurance contre les chocs externes imprévus, sans imposer de programme
d’ajustement structurel au pays bénéficiaire. Ces instruments offrent un accès
immédiat et sans conditionnalité ex post à des ressources
importantes.
Les facilités concessionnelles, telles que la facilité
élargie de crédit, ciblent les pays à faible revenu. Ces instruments intègrent
désormais les Objectifs de développement durable (ODD). Ce mécanisme de prêt
offre des conditions particulièrement avantageuses : des taux d’intérêt
très bas, voire nuls, et des périodes de remboursement longues généralement
avec un différé de remboursement de cinq ans et demi, et une échéance à
dix ans. L’accès à ces ressources est conditionné à des réformes adaptées
aux besoins spécifiques du pays bénéficiaire : transparence budgétaire,
amélioration de la gouvernance, ou encore développement de filets de sécurité
sociale.
Illustrations en Argentine, en Grèce et en Tunisie
L’Argentine face au FMI : L’Argentine incarne les difficultés persistantes
que rencontrent certains pays dans leur relation avec le FMI. Après l’effondrement économique de 2001, causé par un régime de
change rigide et une dette externe insoutenable, le pays reçoit plus de
20 milliards de dollars d’aide. Les mesures d’austérité imposées
exacerbent la crise sociale, nourrissant une méfiance durable envers le FMI.En 2018, l’institution aux 191 membres intervient de nouveau avec un prêt record de 57 milliards de dollars,
soit le prêt le plus important de son histoire. Les résultats restent mitigés. Le FMI assumant :« Le programme
n’a pas atteint les objectifs de rétablissement de la confiance dans la
viabilité budgétaire et extérieure, tout en favorisant la croissance
économique. L’accord a été annulé le 24 juillet 2020. »