VIE POLITIQUE- PERSONNALITÉS-
ABOUBAKR BELKAÏD
Né le 19 mars 1934 à Tlemcen, Belkaïd rejoint à quinze ans le Mouvement pour le triomphe
des libertés démocratiques (MTLD). À vingt ans, il prend naturellement le
chemin du FLN, au moment où l’insurrection de Novembre embrase le pays. Très
vite, il s’impose comme cadre actif de la Fédération de France et du mouvement
ouvrier algérien, en militant au sein de l’Association générale des
travailleurs algériens (AGTA). En France, il se rapproche des syndicalistes de
Renault et contribue à la défense des détenus algériens en lien avec des
avocats engagés. Arrêté en 1961, il est incarcéré à Fresnes jusqu’à sa
libération en avril 1962, après les Accords d’Évian. L’indépendance n’apaise
pas son ardeur politique. Aux côtés de Mohamed Boudiaf, il participe, dès mai 1962,
à la création du Parti de la Révolution socialiste (PRS), première force
d’opposition au régime en place. Recherché, il vit dans la clandestinité, puis
rallie le Front des forces socialistes (FFS) de Hocine Aït Ahmed. Son
arrestation, fin 1963, marque un tournant : après sa libération, il choisit de
poursuivre son combat à l’intérieur des institutions. Cette décision ouvre un
long parcours au sein de l’appareil d’État. Fonctionnaire scrupuleux, il se
forge rapidement une réputation de rigueur et d’intégrité. Des années 1960 aux
années 1990, Aboubakr Belkaïd
occupe de nombreux postes de responsabilité. Directeur de la formation
professionnelle, puis directeur de l’éducation et de la culture à la présidence
de la République, il devient secrétaire général du ministère de l’Habitat,
avant d’entrer au gouvernement. De 1986 à 1992, il est successivement ministre
du Travail et de la Formation professionnelle, ministre de l’Enseignement
supérieur, ministre de l’Intérieur et de l’Environnement, puis ministre de la Communication
et de la Culture. Autant de portefeuilles qui témoignent de sa polyvalence,
mais aussi de la confiance que les autorités plaçaient en sa loyauté et en sa
compétence. En 1995, l’Algérie est à feu et à sang. C’est dans ce climat de
violence politique (décennie noire) qu’Aboubakr Belkaïd tombe sous les balles du terrorisme islamiste. Il
est assassiné par la horde terroriste le 28 septembre 1995 au square Port-Saïd
à Alger-Centre alors qu’il venait de participer à une réunion des anciens
militants de la Fédération de France du FLN de la guerre d’indépendance.