EDUCATION- ENQUETES ET
REPORTAGES- BACCALAURÉAT 2025/ RÉUSSITE FILLES
©Farid Ait Sâada, El Moudjahid, 22 juillet 2025
A bien analyser la
cartographie du développement scolaire, c’est tout sauf une surprise. Plus même
: c’est la confirmation d’une tendance nationale qui tend à se propager à
travers l’ensemble du pays. Rawnak Zani (Souk-Ahras),
Malak Yahiaoui (Mascara) et Nardjes Kamel (Alger) ont
été omniprésentes dans les médias, ces deux derniers jours. Totalement
inconnues du grand public avant dimanche, deux chiffres les ont sorties de
l’anonymat : 19,70 et 19,52, soit les moyennes obtenues au bac respectivement
par la première nommée et les deux autres. Que des filles brillent au
baccalauréat et figurent parmi les meilleurs n’est pas (ou plutôt n’est plus)
une nouveauté. Ce qui l’est, en revanche, c’est que les trois premières places
soient accaparées par des filles. Des filles issues de l’est, de l’ouest et du
centre du pays, soit de presque toutes les régions. Tout un symbole. Est-ce là
le seul fait d’armes des demoiselles bachelières ? Non. Il y a plus
significatif : la majorité des lauréats sont des filles. Il s’agit d’une
tendance devenue vérité, tant les examens des dernières années ont confirmé que
les filles réussissent dans les études mieux que les garçons. On pourrait
croire que dans les grandes villes, la gent féminine, en raison d’une supposée
plus grande ouverture d’esprit vers les études, s’affirme sur le terrain du
savoir. Or, les résultats à travers les régions révèlent que cela n’est qu’un
préjugé : les filles bonnes élèves se trouvent dans les différentes régions du
pays. Qu’on en juge par quelques chiffres du baccalauréat 2025. Dans la wilaya
de Tizi Ouzou, encore une fois N°1 en matière de taux de réussite, les filles
sont devant sur tous les plans : plus grand nombre de candidats inscrits, plus
grand nombre de candidats présents dans les établissements publics, plus fort
taux de réussite au niveau local (62,56%, contre 37,44% pour les garçons), un
fort pourcentage de réussite parmi les filles qui se sont présentées dans les
établissements publics (69,59%), ce qui veut dire que plus des deux-tiers des
candidates au bac à Tizi Ouzou ont réussi à le décrocher. Plus même : alors qu’il
y a eu plus de garçons que de filles parmi les candidats issus des
établissements privés, il y a eu quand même plus de filles reçues que de
garçons. Cerise sur le gâteau : la meilleure moyenne au niveau de la wilaya de
Tizi Ouzou a été décrochée par une fille, Sara Boukelal.
La wilaya qui est arrivée deuxième au niveau du taux de réussite local, Relizane, n’est pas en reste, puisque la majorité des
lauréats ont été des filles (65,58%). Toujours à l’Ouest, le taux de réussite
des filles à Mascara est de 58%. Autre exemple, de la région Est cette fois : à
SoukAhras, les filles constituent 61,42% des
lauréats. Et le Sud, alors ? Ghardaïa vient confirmer on ne peut mieux la
tendance : 63,85%, soit près des deux-tiers des lauréats, sont des filles.
Ainsi, que ce soit en montagne, dans la campagne ou au milieu d’oasis, l’élève
algérienne est plus appliquée dans les études que l’élève algérien. Il s’agit
donc, pour les lycéennes algériennes, d’une véritable «prise
de pouvoir par le savoir». Sans préjuger des conclusions auxquelles une étude
sociologique sérieuse et exhaustive de ce phénomène pourraient aboutir, une
réalité se dégage : la fille croit en plus aux vertus du savoir que le garçon.
Quel que soit le milieu social et quelle que soit la région. Que ce soit parmi
les populations présumées ouvertes d’esprit ou dans les milieux connus pour
être conservateurs. Peut-être en raison d’une plus grande discipline, sans doute
dans le but de se doter des moyens d’une émancipation personnelle future, plus
probablement du fait de l’échec scolaire qui touche de plus en plus de garçons,
plus tête-en-l’air, plus préoccupés par le gain rapide et facile ou plus
facilement victimes des vices engendrés par les mauvaises fréquentations. Ce
qui est sûr, c’est que la gent féminine est de plus en plus présente dans les
secteurs-clés de l’économie, des sciences pointues, de la santé et de la
fonction publique. Cela est loin d’être un hasard. Chiffres à l’appui.