CULTURE- PERSONNALITÉS- BOUDJEMAÂ KARÈCHE
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O. HIND/L’Expression, jeudi 5 juillet 2925
L’ancien directeur de la Cinémathèque algérienne, Boudjemaâ Karèche, a été le
récipiendaire cette semaine (début juillet 2025) du prix Vittorio Boarini 2025, du nom du fondateur de la cinémathèque de la
ville italienne de Bologne. Le prix a été récupéré par le cinéaste et
producteur tunisien Mohamed Challouf qui a reçu
lui-même ce prix en 2023. La cérémonie de remise de prix à Boudjemaâ
Karèche a eu lieu à l’occasion de la 39ème édition du
Festival « Il cinema ritrovato
» qui s’est tenu du 21 au 29 juin, un festival dédié aux chefs-d’œuvre du
cinéma et aux classiques intemporels. Ce prix est venu récompenser l’important
apport de la protection et diffusion du patrimoine cinématographique par Boudjemaâ Karèche .
Animateur, dés 1971,
de la Cinémathèque algérienne, Boudjemaâ Karèche a contribué à faire de la cinémathèque un « lieu de
référence du cinéma dans son pays et une scène reconnue et appréciée dans le
monde du cinéma international », ont souligné les organisateurs. En effet,
pendant trente-quatre ans, il sera son directeur de 1978 à 2003 (sans être
nommé officiellement nommé par décret, comme cela est de coutume) , la
transformant en l’institution de réfèrence des
réalisateurs, producteurs et journalistes algériens – qu’il a su soutenir de
toutes les manières – mais aussi de tout les auteurs
pionniers du cinéma arabe et africain et plus généralement du cinéma
indépendant du monde entier qui, cherchait de nouveaux langages pour raconter
la transformation de nos sociétés. Et le jury de rajouter : « La Cinémathèque
devint ainsi le point de rencontre d’une société civile algérienne qui connut
le développement du mouvement féministe et se développa autour de la
programmation voulue et proposée par Boudjemaâ Karrèche. En particulier, les années autour de 1988
constituèrent une sorte d’âge d’or de la Cinémathèque Algérienne et chaque
programmation, chaque rencontre programmée, attirait un large public qui
animait des débats passionnés sur le cinéma et les valeurs civiques. » Et de
faire remarquer : « Avec le déclenchement des événements tragiques dans les
années 1990, la Cinémathèque n’a jamais interrompu sa programmation, devenant
un lieu de résistance culturelle dans une société traversant une longue et
progressive période d’incertitude, de désespoir et de désintégration. ». Et les
organisateurs de souligner encore émotion : « Dans la mémoire de nous tous, il
reste les centaines de rencontres organisées par Karèche,
sa programmation riche en culture et en créativité, sa capacité à créer une
institution culturelle de référence dans son pays et reconnue dans le monde
entier, la force du partage qui l’a conduit à transmettre sa passion du cinéma
à un large public et le mérite d’avoir transformé, pendant longtemps, sa
Cinémathèque en une institution qui a vécu et grandi aux côtés d’une large
communauté de cinéphiles et de passionnés. Pour toutes ces raisons exemplaires,
nous avons décidé d’attribuer le prix Vittorio Boarini
2025, une récompense qui a été créée en 2022 en l’honneur du fondateur de la
Cinémathèque de Bologne et décerné chaque année, lors du festival « Il Cinema Ritrovato », à des personnalités
internationales qui se sont distinguées dans la protection et la diffusion du
patrimoine cinématographique à Boudjemaâ Karèche. » Auteur d’ouvrages sur le cinéma, il est bon de
rappeler que Boudjemâ Karèche,
dont le réalisateur Mohamed Latrèche a consacré, par
ailleurs, un très joli documentaire, a publié en 2005 Un jour, un film, un
recueil d’anciens articles parus dans la presse nationale, « Juste un mot « (2009)
et « L’héritage du charbonnier » , récit sur
la vie etl’œuvre du cinéaste algérien Mohamed Bouamari (1941- 2006). Ce prix qui vient distinguer Boudjemaâ Karèche n’est que
justice pour son immense contribution à la sauvegarde de la mémoire
cinématographique algérienne, son savoir-faire et son travail assidu à l’époque
car depuis, aucun directeur de cinéma n’a su rivaliser avec Karèche
ou faire le quart de ce qu’il avait fait à l’époque..
Un prix amplement mérité d’autant qu’il est aujourd’hui délaissé et presque
abandonné par ses pairs, lui qui a beaucoup apporté au monde du septième art en
Algérie.
Note : Boudjemaa Karèche a exercé durant près de deux décennies.....sans avoir (pour des
raisons obscures) un arrêté ou un décret de nomination, ce qui a eudes réepercussions importantes
sur le montant de sa retraite...et sur sa santé