FINANCES- INFORMATIONS PRATIQUES- RÉSERVES D’OR
AFRIQUE 2025
Le Conseil mondial de l’or a publié, dans sa dernière
mise à jour, la liste des cinq plus grandes réserves d’or en Afrique détenues
par les banques centrales. Avec 173,56 tonnes d’or au premier trimestre 2025,
l’Algérie se classe en tête du continent africain, devant la Libye (146,65
tonnes) et l’Égypte (128 tonnes). Ces trois pays représentent à eux seuls près
de 70% des réserves africaines déclarées.
L’Algérie a régulièrement augmenté ses réserves depuis 2020, afin de
diversifier ses actifs face à la volatilité des prix des hydrocarbures. A noter
que l’or a atteint un record historique d’environ 3.500 dollars l’once en avril
2025, en raison des tensions géopolitiques et des incertitudes monétaires. «Ce que nous avons comme réserves connues est une chose,
mais ce que nous avons comme potentiel en soussol,
que l’on peut transformer en gisements, en est une autre », explique le Pr
Abdelhak Boutaleb, directeur du Laboratoire de
métallogénie et magmatisme de l’Algérie. À ce sujet, il précise que les roches
contenant de l’or en Algérie sont essentiellement du quartz,
«contrairement à d’autres pays où l’or est contenu dans des roches
détritiques, beaucoup plus faciles à désagréger». Cela signifie, selon lui, que «l’exploitation aurifère en Algérie exige un savoir-faire
plus poussé et des moyens techniques et financiers plus importants». Une telle
perspective, indique-t-il, ouvre la voie à une exploitation industrielle, à
condition de mobiliser des infrastructures adaptées. «Nos installations
minières peuvent être modernisées pour répondre aux standards internationaux,
notamment grâce à des investissements publics et privés, en partenariat avec
des acteurs expérimentés», suggère-t-il, précisant que les ressources sont
estimées à 120 tonnes d’or métal, plus exactement 121,2 tonnes, selon les
calculs issus des données géologiques
disponibles. «Cette quantité place le pays
parmi les dix premières nations africaines en termes de réserves potentielles,
mais pas à l’échelle mondiale», tient à nuancer le Pr Boutaleb
qui est également enseignant chercheur à la Faculté des sciences de la terre au
département de géologie à l’USTHB Alger. En termes de comparaison, le Pr Boutaleb relativise ainsi la position de l’Algérie,
rappelant que «le pays est encore loin derrière les
géants africains comme l’Afrique du Sud (6.000 tonnes de réserves), le Ghana
(1.000 tonnes), le Mali (800 tonnes) ou le Burkina Faso (500 tonnes)». S’agissant des principales zones aurifères,
il cite le site de Tirek (Hoggar) qu’il décrit comme
l’un des plus prometteurs, avec des indices d’or associés à des formations
géologiques précambriennes. À cela s’ajoute le gisement d’Amesmessa,
dans le Hoggar, «une mine historique exploitée
partiellement, dont les minéralisations sont liées à des structures de
cisaillement», rappelle-t-il, précisant qu’il s’agit de la seule mine
actuellement en activité. Il évoque également la zone d’In Ouzzal,
connue pour sa richesse en métaux précieux, dont l’or. L’expert estime que
l’Algérie pourrait attirer des investissements miniers nationaux publics,
privés et étrangers, à condition d’adopter des politiques incitatives»,
notamment à travers la nouvelle loi minière qu’il juge «plutôt attractive». «Une exploitation rationnelle et encadrée permettrait de
faire de l’or un levier économique, tout en diversifiant nos revenus»,
souligne-t-il. Mais pour atteindre ce niveau, plusieurs défis restent à
relever, avertit le Pr Boutaleb. Il y a un «manque
d’exploration approfondie et une cartographie géologique plus détaillée», lance t-il. Quant aux infrastructures, il note que les
principaux gisements sont souvent situés dans des régions isolées, ce qui exige «des investissements conséquents en logistique et en
connectivité». Quant aux perspectives, il estime que «l’Algérie
pourrait transformer son potentiel aurifère en véritable pilier économique», à
condition de «nouer des partenariats
internationaux pour accélérer l’exploration et moderniser le secteur avec des
technologies de pointe». Pour le Pr Boutaleb, «le potentiel aurifère
de l’Algérie reste sous-exploité, mais une stratégie minière bien pensée
permettrait au pays de devenir un acteur important du marché aurifère africain,
au service de la croissance économique et de l’emploi». Sur le plan économique,
le professeur insiste sur l’importance stratégique de ce métal précieux. «La part réelle de l’or dans le produit intérieur brut de
l’Algérie est loin d’être négligeable.
C’est un métal précieux aux multiples usages, qui peut être exploité par
des orpailleurs artisanaux et par de grandes multinationales»,
souligne-t-il. Pour donner, poursuit-il, «une idée du
revenu potentiel généré par notre or, son chiffre d’affaires brut pourrait être
estimé entre 6 et 7 milliards de dollars.» L’activité minière aurifère est,
renchérit-il, «porteuse d’emplois durables pour les
populations», rappelant que «des villes entières ont été créées, dans le monde,
sur la base de cette activité». L’exploitation du potentiel aurifère pourrait
même, à terme, représenter une alternative sérieuse aux hydrocarbures, en
termes de valeur ajoutée et revenus pour l’État. «En
termes de chiffres, le potentiel aurifère dépasse largement celui du pétrole»,
conclut-il.