COMMUNICATION- FORMATION CONTINUE- JOURNALISME/L’ENTRETIEN
LES ENTRETIENS DANS LES JOURNAUX ALGÉRIENS
© Pr. Ahmed Cheniki /
Fb, fin avril 2024
Un
journal sérieux se doit de s’adresser au grand public, en adoptant une approche
accessible et engageante. Les entretiens, lorsqu’ils sont bien réalisés,
constituent une des formes journalistiques les plus captivantes. Ils doivent
être fluides, simples et clairs, avec une utilisation parcimonieuse des
chiffres, idéalement présentés dans des encadrés pour ne pas alourdir le texte.
Les
questions doivent être précises et pertinentes, tandis que les réponses doivent
informer sans s’étendre inutilement, permettant ainsi au lecteur de respirer et
de suivre aisément le fil de l’échange.
La
préparation d’un entretien est une étape cruciale. Elle exige une connaissance
approfondie du sujet, des thèmes abordés et de l’interviewé. Ce travail de fond
est indispensable pour garantir la qualité et la pertinence des échanges.
L’interview
n’est pas un exercice anodin : elle requiert des compétences journalistiques
solides et une maîtrise des techniques du métier. Sans un véritable dialogue,
l’entretien risque de se transformer en un monologue aride, truffé de phrases
interminables et de termes techniques, qui éloignent le lecteur.
Un
entretien réussi repose également sur une structure claire et des transitions
bien travaillées.
Celui
qui pose les questions doit éviter deux écueils : la complaisance, qui
affaiblit la crédibilité de l’échange, et l’agressivité gratuite, qui détourne
l’attention de l’information essentielle. L’objectif principal reste d’aller
droit au but, en posant les questions que le lecteur lui-même se poserait.
Il est
regrettable de constater que certains entretiens dans la presse algérienne
manquent de cette rigueur. Trop souvent, les interviewés et les intervieweurs
semblent ignorer le lecteur, comme s’ils évoluaient dans un espace déconnecté
de toute interaction réelle. Ce genre journalistique, pourtant exigeant, perd
de son impact lorsqu’il est mal préparé ou réalisé sans considération pour le
public.
Nota
bene : Les contributions d’universitaires et d’«
experts » posent également problème. Trop souvent, elles se présentent sous
forme de textes longs, peu agréables à lire, avec des phrases interminables et
des paragraphes denses. Ces articles, souvent dépourvus d’éléments ludiques ou
attractifs, ressemblent davantage à des exposés académiques qu’à des contributions
journalistiques.
Les
rubriques spécialisées, telles que « contribution », « université », « économie
» ou « L’actualité autrement vue », peinent à captiver le lecteur en raison de
leur style lourd et de leur manque d’aération. Une écriture journalistique
efficace devrait privilégier la clarté, la concision et l’interactivité, tout
en respectant les attentes du public.
Enfin,
la tendance récente à publier des contributions sous forme de feuilletons,
soulève des interrogations.
Ces
séries d’articles, souvent perçues comme du remplissage, s’éloignent des
standards du journalisme de qualité. Elles risquent de diluer l’information et
de lasser le lecteur, au lieu de l’informer et de le séduire. C’est tout
simplement ce qu’il ne faut pas faire dans un journal normal.
En
somme, le journalisme algérien gagnerait à repenser ses pratiques, en mettant
davantage l’accent sur la préparation, la clarté et l’engagement envers le
lecteur. Un entretien ou un article bien conçu est avant tout une œuvre de
communication, qui doit captiver et informer sans jamais perdre de vue son
public.