CULTURE- PERSONNALITES-HADJ
RAHIM (TÉLÉVISION)
Le Ramadan en Algérie rime avec « Caméra
cachée », un genre télévisuel très apprécié qui trouve ses racines dans
l'innovation de Hadj Rahim, considéré comme le père de la Caméra invisible dans
le pays. Son parcours, jalonné de passion et de créativité, témoigne d'un amour
inébranlable pour le métier et d'une maîtrise remarquable de l'art
cinématographique. Né en 1934, Hadj Rahim quitte Alger dans les années 1950
pour Paris, où il découvre le monde de la télévision et de la radio. Il y
occupe divers postes, notamment celui de régisseur, et s'imprègne du médium
audiovisuel tout en côtoyant l'activisme algérien en faveur de l'indépendance.
Au début des années 1970, de retour à Alger, Hadj Rahim collabore avec Moussa
Haddad en tant qu'assistant réalisateur sur Les Vacances de l'inspecteur Tahar,
l'un des plus grands succès du cinéma algérien. Il y retrouve Hadj
Abderrahmane, son frère, avec qui il partageait auparavant la scène théâtrale
au sein des Scouts musulmans algériens. En 1970, Hadj Rahim marque l'histoire
de la télévision nationale en introduisant la Caméra invisible, un concept où
il piège des anonymes dans des situations cocasses. Avec peu de moyens, il
parvient à captiver les téléspectateurs grâce à son ingéniosité et son talent
de comédien, car il apparaît souvent lui-même devant la caméra. Ce concept
novateur deviendra une tradition télévisuelle incontournable, particulièrement
pendant le mois sacré du Ramadhan. Son film Serkadji,
diffusé en 1985, suscite un vif débat, notamment avec les témoignages
d'anciennes détenues relatés dans Barberousse mes sœurs
de Hassan Bouabdellah. En 1986, avec la
restructuration de la Radio-Télévision Algérienne (RTA), Hadj Rahim rejoint
l'ENPA, structure chargée de produire des contenus pour la Télévision
nationale. Il y réalise Khoud ma âtak
Allah (1983), La Fin d’une grève (1992), Le Portrait (1994) et la série Hikayat Ennas (2005). Cependant,
avec la disparition progressive de l'ENPA, la production audiovisuelle
algérienne s'essouffle, et le talent de Hadj Rahim tombe peu à peu dans
l'oubli. Hadj Rahim s'éteint le 13 janvier 2017 à l'âge de 83 ans, victime
d'une crise cardiaque. Malgré sa contribution majeure au paysage audiovisuel
algérien, aucun hommage officiel ne lui est rendu par la Télévision nationale,
hormis un reportage lors de ses funérailles où Moussa Haddad et Ahmed Bedjaoui expriment leurs regrets quant à cet oubli. Hadj
Rahim restera pourtant une figure incontournable du cinéma et de la télévision
algérienne, un pionnier dont le travail mérite d'être réhabilité et célébré,
notamment à chaque mois de Ramadhan où la caméra cachée continue d'animer les
soirées des téléspectateurs algériens.