HISTOIRE- PERSONNALITES- KRIM BELKACEM
Krim Belkacem a combattu pour
l’affranchissement du peuple algérien du joug colonial, et il est mort comme
dans un drame shakespearien. C’était un homme réputé pour sa pugnacité, un
militant intransigeant, un chef respecté, peu économe d’un engagement précoce
au service de la victoire d’une juste cause. Ce fut, aussi, un politique
charismatique, doublé d’un diplomate aguerri, à la communication subtile et
convaincante, ce qui lui a permis, en ces négociations décisives, d’administrer
la preuve de son talent de négociateur devant une partie française supposée
rompue aux arcanes de la diplomatie. Né le 15 décembre 1922 à Aït Yahia Moussa,
une commune de Draâ El Mizan,
en Kabylie, la trajectoire de Krim Belkacem s’est confondue avec celle d’une
Algérie en marche vers son destin, faisant de lui l’un des architectes majeurs
de la liberté. Il découvre la discrimination coloniale et son histoire est
forcément celle d’un colonisé. Seule la violence révolutionnaire fera reculer
la violence coloniale. Dans cet ordre d’idée, la Fédération de Grande-Kabylie
et Krim Belkacem feront pencher la balance, vers le fusil. Krim et un groupe de
maquisards déterminés escaladent les montagnes. Recherché et plusieurs fois
condamné à mort, il épargnera à sa région, la crise politique multiforme qui
s’est emparée de la principale formation indépendantiste, à cause du culte de
Messali Hadj. Un homme qui a entrainé derrière lui d’autres hommes, vers un
destin historique, ne pouvait dire non, quand l’heure de la lutte armée a
sonné, ce moment qu’il a tant espéré. Incorporé dès son jeune âge dans les
rangs nationalistes et, en tant que délégué de l’organisation en Kabylie, il
avait réagi contre l’immobilisme et les querelles intestines qui ont déchiré le
MTLD. Il disait qu’à chaque fois que quiconque voudrait avoir une idée de
l’extension, tant en surface qu’en
profondeur, du FLN et du perfectionnement continu de ses organes de lutte, doit
se rappeler dans quelles conditions la Révolution a éclaté. Le 9 juin
1954, il devient le sixième membre de la
direction intérieure du FLN (« les six chefs
historiques » : Larbi Ben M’hidi, Mohamed Boudiaf, Rabah Bitat,
Belkacem Krim , Zighout Youcef, Mostefa Ben Boulaid), et est désigné responsable de la zone de Kabylie au moment du déclenchement de
l'insurrection.
«Nos forces organisées étaient minimes, mais
nous savions que le potentiel révolutionnaire de notre peuple était immense sur
le plan intérieur, notamment le peuple algérien uni derrière le mot d’ordre
d’indépendance et d’action. Nous savions qu’aucune force au monde ne pouvait
endiguer et, encore moins, briser les dons impétueux de notre peuple», répétait-il.Sans diminuer
du mérite du duo Abbane Ramdane
- Larbi Benmhidi, si les Assises du Congrès de la
Soummam ont été couronnées de succès, c’est aussi grâce à Krim Belkacem. Au
dernier jour des négociations, alors que tout était ficelé, Krim Belkacem
demeurait vigilant. Il proposa une ultime lecture des 93 pages des Accords,
qualifiés à l’époque de chef-d’œuvre juridique par le journaliste Jean Daniel.
Krim Belkacem, un symbole de la lutte contre le
colonialisme.
Dans la course au
pouvoir qui suit le cessez-le-feu, Krim Belkacem s'oppose à Ben Bella et à l'État-major général. Lorsque se crée le groupe
de Tlemcen (11 juillet 1962), il réplique en s'installant à Tizi Ouzou pour organiser la résistance au coup de force ben belliste (25 juillet 1962).
Mais il est dépassé par la rapidité des évènements et leur complexité. Après la
victoire de Ben Bella et de l'État-major, il se retrouve écarté de la vie
politique, se consacre aux affaires et s'installe un moment en France.
Dans
l’opposition politique après le coup d’état du 19 juin 1965, il est en exil à
partir du 4 août 1967. Krim Belkacem est décédé le 18 octobre 1970 à Francfort , assassiné dans son hôtel.Un
crime jamais élucidé mais imputé à des élements des
services secrets algériens.Une grande avenue d’Alger (ex-Télemly) porte son nom depuis 1992 (durant la présidence de
M. Boudiaf) ainsi que l’aéroport international de Hassi-Messaoud.
Son portrait figure avec les autres membres du groupe des six du FLN sur le
billet de 2 000 dinars algériens qui est mis en circulation le 18 mars 2021.