HISTOIRE- GUERRE DE LIBÉRATION – GUERRE DE LIBÉRATION
/ARMÉE FRANCAISE/ TORTURE
Le quotidien en ligne français « Médiapart »
a publié, dimanche 16 mars 2025 , une enquête
intitulée « Guerre d’Algérie : ordres militaires pour généraliser la
torture« , se basant sur des documents d’archives datant de 1957. Elle
révèle que la torture durant la guerre de libération nationale était une
pratique généralisée ordonnée par une instruction très secrète du général Raoul
Salan, destinée à tous les hauts gradés de l’armée française.
Le média indique qu’après avoir été testée à Alger en
1957, la torture était recommandée pour une application généralisée par les
généraux. L’enquête de Fabrice Riceputi désigne
explicitement le général Raoul Salan comme l’auteur de l’instruction sur
« l’interrogation des suspects« .
Le journaliste souligne que cette instruction
justifiait la torture en s’appuyant sur « les expériences récentes menées
dans certaines régions, qui ont mis en évidence les bénéfices pouvant être
tirés, notamment dans les villes, grâce à des interrogatoires poussés et
immédiatement exploités« .
Selon ce document, « la note contraignante »
a conduit les chefs militaires français à appliquer les ordres oralement, avec
consigne de ne laisser aucune trace écrite de cette directive
personnelle. Il a évoqué un « camouflage linguistique minutieux » sur
ordre de cette note, qui incluait également la méthode d’interrogatoire. « C’est
le cas pour de nombreuses instructions du général Salan, mais cette instruction
en particulier était difficile à dévoiler (…) les mots avaient été choisis avec
soin pour éviter des accusations infamantes et des poursuites judiciaires si le
cadre politique venait à changer« , affirme l’auteur de l’enquête.
Dans le détail, Médiapart révèle que les
interrogatoires devaient être « aussi durs et intenses que possible« , et ce, pour infliger une douleur
extrême à ces Algériens et les faire céder. L’enquête rappelle que l’armée
française employait ces méthodes, incluant des chocs électriques et des
simulations de noyade, depuis la guerre d’Indochine.
L’enquête baptisée « Guerre d’Algérie :
ordres militaires pour généraliser la torture« a
révélé qu’avant même la publication de l’instruction de Salan, le 10 mars 1957,
Massu avait émis une instruction similaire à la 10e division de parachutistes
qu’il dirigeait en Algérie.
Par ailleurs, quelques jours après, notamment le 23
mars 1957, le général Allard a également suivi les directives de Salan et de
Massu concernant la généralisation des méthodes employées
à Alger. De plus, les opérations de « disparition
temporaire et soudaine de certains habitants par sélection aléatoire ou
identification comme suspects pour les interroger » ont été documentées,
jugeant que « tout Algérien pouvait être exploité pour sa connaissance
potentielle des activités des moudjahidines, s’il n’était pas lui-même
impliqué« .
L’investigation a reconnu la responsabilité de la
France dans le recours à la torture, une pratique qui avait l’aval de
l’autorité politique, incarnée par le gouvernement socialiste de Guy Mollet.
Dans ce cadre, l’auteur de l’enquête a rappelé l’adoption, à une large majorité
en mars 1956, de la « loi sur les pouvoirs spéciaux« ,
qui conférait aux militaires français une « autorité exorbitante » de
désigner, arrêter et interroger qui ils voulaient comme « suspects« .
Selon Médiapart, en raison de cette décision
politique, le nombre de victimes, sans distinction de sexe, d’âge ou
d’origine, a atteint des dizaines de milliers jusqu’en 1962.
« Dès le lendemain des accords d’Évian, l’État français dirigé par de Gaulle
s’auto-amnistia de ces crimes par décret » ,
conclut le quotidien français.