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Parcours scolaire et universitaire/Population féminine/Réussite (I/II)

Date de création: 12-03-2025 17:00
Dernière mise à jour: 12-03-2025 17:00
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EDUCATION- ENQUÊTES ET REPORTAGES- PARCOURS SCOLAIRE ET UNIVERSITAIRE/ POPULATION FÉMININE/RÉUSSITE (I/II)

 

©El Watan/ Nassima Oulebsir, lundi 9 mars 2025

 

Au-delà de leur capacité supérieure de s’accrocher au parcours scolaire, en plus d’être disciplinées et plus résistantes aux longues études et aussi d’être des multi-tâches, les chercheurs donnent une explication sociologique sur le fait que les femmes sont de plus en plus diplômées.  Ce sont autant d’éléments déclencheurs de nouvelles mutations familiales algériennes. Détails... 

 Les filles restent dans le parcours éducatif plus longtemps, poursuivent des études plus longues. Le nombre de femmes diplômées est plus important que celui des hommes. Elles figurent moins dans l’échec scolaire, particulièrement dans l’examen du baccalauréat. 

A l’université, plus de 67% des bancs universitaires sont occupés par des filles. Elles sont plus présentes en post-graduation et les listes des résultats de concours de doctorat qui viennent d’être rendues publiques en sont une preuve. 

Un constat qui n’est pas contredit par les chercheurs universitaires. Nabila Hamedi Siad, enseignante à la faculté de biologie à l’Université de Tizi Ouzou, se pose la question sur l’absence des garçons dans les promotions qu’elle enseigne.  «Je me retrouve, témoigne-t-elle, avec un seul garçon ou aucun parfois dans les différentes promotions de la spécialité écologie et environnement.» Cependant, les femmes sont moins présentes sur le marché du travail. Elles ne représentaient en 2019 que 17%, un taux passé à 20,1/% en 2019. 

Les récentes statistiques de l’Office national des statistiques (ONS) viennent confirmer cette tendance. On enregistre plus de filles que de garçons dans les trois paliers scolaires. Contrairement aux idées reçues, la tendance s’accentue dans les villes du Sud ! Tindouf et Ouargla viennent en pole position. Les données chiffrées de l’ONS pour l’année scolaire 2022-2023, au primaire, les deux sexes sont égalitaires même si dans certaines wilayas, comme Ilizi, Djelfa, Oum El Bougui, Sidi Bel- Abbès, il y a plus de filles que de garçons aux écoles primaires. Plus on avance dans le niveau, moins les garçons s’accrochent. Au total, le taux de féminisation des scolarisés est de 47,4%. Cette proportion varie selon le cycle. Au secondaire justement, les filles représentent 58% des scolarisés. 

A Beni Abbès, le taux de 62%, suivie de Boumerdès, puis Tindouf. A El Meniaâ et Ouargla, la barre ne descend pas moins de 59%. Cette tendance de féminisation des scolarisés au même titre que le personnel encadrant (particulièrement les enseignants) est observée depuis des années. Les statistiques des années 2000 font état d’un début de féminisation. 

En dehors de la volonté de l’Etat d’élargir, de démocratiser l’école et de la rendre accessibles à tous (enseignement obligatoire et gratuit), une interprétation sociologique de ces chiffres révèle un autre état d’esprit. 

Il ne s’agit certainement pas de capacités intellectuelles, mais simplement d’une volonté de se construire et de bâtir un statut et d’exister dans l’espace public, selon les chercheurs. Les avis de filles que nous avons rencontrées à l’Université Alger 3 se résument à «l’autonomie», «l’ouverture», «l’indépendance financière» et surtout une «réponse aux garçons qui, traditionnellement, se permettent beaucoup de choses».

Poursuivre ses études puis être au travail, si travail il y a, est le visa de la femme pour accéder à «l’espace public». C’est-à-dire, selon la sociologue Fatma Oussedik, que face à cette offre scolaire, les réactions varient historiquement. Au lendemain de l’indépendance, être diplômé garantissait systématiquement un emploi. Or, aujourd’hui, les plus grands nombres des chômeurs sont les diplômés. Raison pour laquelle plusieurs jeunes universitaires abandonnent tôt leurs études pour se consacrer au commerce et au business (informel généralement), selon des explications de certains chercheurs en éducation que nous avons rencontrés à l’Institut nationale de recherche en éducation (INRE). L’Institut ayant quatre sections de recherche (l’école et son environnement, la didactique et la gouvernance en éducation) n’a pas effectué une recherche dans ce sens, mais les chercheurs évoquent des résultats de l’échec scolaire, plus élevé chez les garçons. 

Ces derniers se sentent aussitôt responsables donc obligés de travailler et de gagner de l’argent.

Autrement dit, des facteurs cultuels, sociologiques et psychologiques infligeant une responsabilité financière aux hommes, selon les chercheurs. Convaincu que le diplôme universitaire n’offre pas spécialement de l’emploi, les jeunes, même bacheliers, s’orientent vers la formation militaire, témoigne l’un des chercheurs. Si la scolarité n’offre donc pas d’emploi, qu’offre-t-elle ? «Un statut», répond Fatima Oussedik. Un nouveau «statut» de la femme au sein de la famille, de la société même sans emploi.  «On sait qu’on sait !» Le pire des scénarios, il s’agit d’une «diplômée chômeuse» et pas une femme au foyer. Puis, toujours selon Fatima Oussedik, vient «la ville et l’urbanisation»