Nom d'utilisateur:
Mot de passe:

Se souvenir de moi

S'inscrire
Recherche:

Une lecture des médias algériens/Premiers journaux à l'indépendance du pays (V/V)

Date de création: 02-03-2025 20:45
Dernière mise à jour: 02-03-2025 20:50
Lu: 11 fois


COMMUNICATION- FORMATION CONTINUE- UNE LECTURE DES MÉDIAS ALGÉRIENS  /PREMIERS JOURNAUX A L’INDÉPENDANCE (V/V)

 

© Pr Ahmed Cheniki/Fb, mars 2025

 

En Algérie, la belle aventure des premiers journaux de l'indépendance

Il y avait de l’enthousiasme, mais aussi de l’inquiétude. A Tripoli, le verbe ne faisait pas partie d’un lexique de haute voltige. A Alger, les gens étaient sortis dans la rue pour calmer les belligérants. Il fallait construire un État, le colonialisme a tout déraciné, il fallait le faire le plus vite possible. C’était peut-être le piège. Mais pouvait-on faire autrement.

Dans ce contexte très singulier, les rares intellectuels tentaient de construire quelque chose. Des débats et des discussions partout. La presse rendait compte de ces moments enrichissants. Surtout Révolution Africaine et Alger-Républicain. On bougeait, il y avait encore dans les rédactions des Français qui avaient soutenu l’indépendance. C’était l’euphorie.

Au théâtre, au cinéma, à l’UEA (Union des Écrivains Algériens) ou à l’UNAP (Union Nationale des Peintres Algériens) qui venaient de naître, on parlait de tout, mais davantage de quel art faire pour dévélopper un pays qui voyait le jour, pour la première fois. Il y avait des journaux qui entretenaient les lecteurs de tout ce qui se passait. Des réussites, mais aussi des blocages. Des titres algériens dans les kiosques, c’était nouveau.

Peuple qui était le journal gouvernemental officiel de septembre 1962 à juin 1965 : Echaab, puis Le Peuple à partir de mars 1963. Il existait également d’autres titres durant la période 1962 à 1965 : Alger ce soir (avril 1964-septembre 1965, fondé et dirigé par Mohamed Boudia, son rédacteur en chef était Serge Michel. Son crédo : « donner plus souvent la parole aux dockers qu’à leur ministre », Révolution africaine (né en 1963) avec comme premiers journalistes des noms prestigieux : Georges Arnaud, Gérard Chaliand, Juliette Minces, Siné, Robert Namia, Jacques Vergès qui était son premier directeur avant d’être remplacé par Mohamed Harbi, El Joumhouria, An Nasr et Révolution et travail.

À côté des journaux algériens, continuaient à sortir des quotidiens, existant durant la période coloniale, dont La dépêche de Constantine et L’écho d’Oran, qui ne disparaitront qu’en 1963. Il y avait aussi la belle revue culturelle, de très sérieuses contributions, « Novembre », née grâce à Mohamed Boudia, mais aussi El Moudjahid (Hebdo, en arabe, qui a pris le relais d’El Moudjahid de la lutte de libération), pas El Moudjahid actuel, apparu après le coup d’État du 19 juin 1965, à la suite de l’annonce d’une fusion Le Peuple-Alger Républicain, réalisée dans la douleur.

Il y avait des débats, beaucoup de débats, la presse, il faut le dire, proposait souvent des articles bien écrits, de beaux moments de débats. Théâtre, cinéma, littératures, arts, on essayait de donner à lire les différents projets possibles. Discussions contradictoires.

A Révolution Africaine, un débat sérieux est parti d’un entretien de Mostefa Lacheraf, en exil, accordé à la revue de Sartre et de Jeanson, « Les Temps Modernes », reprise par l’hebdomadaire dirigé par Harbi. Mais vite arrêté.

La censure y était déjà. La presse était peut-être l’expression d’un pluralisme qui s’imposait, dans certaines structures, grâce à de grandes et prestigieuses signatures. Il y avait dans les espaces culturels et médiatiques, des intellectuels libres, dignes qui osaient s’exprimer, -qui pouvait les arrêter à l’époque ?-, ils disposaient déjà de la légitimité historique et intellectuelle, Boudia, Kateb, Mammeri, Haddad, Djebar, Ouettar, Verges, Harbi, Bourboune et beaucoup d’autres, ils comprirent vite que le véritable pouvoir n’était pas le lieu de la mise en œuvre de projets de société, surtout dans un pays piégé dès le départ par un parti unique qui semblait carrément éloigné des définitions politiques et idéologiques.

Ce qui était important, c’étaient les affaires de personnes. Au-delà de quelque discours idéologique.