COMMUNICATION- PRESSE-
ALGÉRIE/RÉVOLUTION AFRICAINE, HEBDO
©Pr Ahmed Cheniki, février 2025
L'HEBDO, RÉVOLUTION AFRICAINE, UNE BELLE AVENTURE
« J’étais à
Algérie-Actualité. J’avais promis en 1981 à Zoubir Zemzoum,
alors directeur de la rédaction de Révolution Africaine qu'on appelait Revaf, de faire partie de son équipe dès qu’il prendra la
direction. En 1985, chose faite. Zoubir avait débauché de nombreux journalistes
de l’APS, Algérie Actualité et El Moudjahid. Il ne m’avait pas raté. Nous
étions de nombreux arrivants dans cet hebdo du FLN, mais il n’y avait qu’un
seul militant encarté, Zahir Gadouche,
d’autres, les nouveaux, certains d’entre eux étaient au PAGS ou FFS.
Personnellement, je n’étais nulle part. Comme de nombreux autres.
Il y avait des plumes
très connues, Bachir Rezzoug, Kheirredine
Ameyar, Boukhalfa Amazit, Mohamed Hamdi, Abdou B, Mouny
Berrah, Belaid Ahmed, Akli Hamouni, Ali Laib, Slim et
beaucoup d’autres.
Il y avait aussi des
collaborateurs de renom, Mostefa Lacheraf, Mourad Bourboune, Tahar Ouettar,
Abdelhamid Benhadouga, Rachid Boudjedra,
Ahmed Azzegagh, Mohamed Morsli,
Youcef Sebti et de nouveaux journalistes qui allaient animer la rédaction, Déchir, Khorsi, Izza, Laras, Ould
Hamou, Kaouah, Saidani, Bouattoura et j’en oublie.
Il y avait des journalistes qui étaient déjà là, comme Souissi,
rédacteur en chef, Zentar, Zemmouri,
Ould Moussa, Farah, Maziz,
Saci.
L’objectif était clair
pour la direction : donner à lire un journal professionnel qui devait être
meilleur qu’Algérie-Actualité. Les deux, disait-on, à l’époque, représentaient
deux mondes, l’un, le secteur public et l’autre, l’infitah.
C’est ce que disait, mais ce qui nous intéressait, certains d’entre nous,
c’était d’exercer notre métier dans la mesure où, dans les deux rédactions,
nous bénéficions de certaines libertés de dire. C’était important.
Revaf était un journal très bien écrit, les journalistes maîtrisaient les
contours de l’écriture journalistique. Sur le plan de la liberté d’écrire, nous
savions que le FLN n’avait ni ligne idéologique ni existence symbolique,
c’était un simple appareil, nous pouvions donc exercer notre métier avec
responsabilité et de relatives libertés. Une fois, un responsable du
secrétariat du FLN était venu nous voir pour nous présenter une alternative :
adhérer au « parti » ou quitter, nous étions sur le point de regagner nos
rédactions antérieures, mais en entendant l’histoire, le responsable du
secrétariat permanent du FLN s’était déplacé pour nous dissuader de partir,
désavouant ainsi son assistant.
L’hebdo disposait de
belles rubriques, mais aussi d’une forme très attrayante, grâce à Bachir Rezzoug. Sa culturelle, d’une quinzaine de pages, était
d’une grande ouverture, des textes extrêmement bien écrits. Comme à
Algérie-Actualité, ici aussi, la rédaction en chef accordait une grande
importance à l’enquête et au reportage, on nous doublait souvent nos frais de
mission tout en nous interdisant toute prise en charge par les structures
extérieures (wilayas, ministères ou à l’étranger).
C’était un espace de
débat. On discutait beaucoup des questions culturelles et intellectuelles,
d’autant que les intellectuels des deux langues s’y retrouvaient. Il y avait Lacheraf, Djeghloul, Khellas, Ouettar, Bois, Benhadouga et ceux qui produisaient du savoir à Alger. Nous
avions nos lieux de rencontres à Alger, là aussi, nous débattions des questions
de la presse et de la culture.
Tous les exemplaires
étaient vendus, mais l’imprimerie ne pouvait produire davantage. Quelle
frustration ! Zoubir Zemzoum quitte l’hebdo pour
prendre la direction d’El Moudjahid et de la RTA. C’en était fini de cette très
belle expérience qui avait commencé en 1963 avec comme premiers journalistes
des noms prestigieux : Georges Arnaud, Gérard Chaliand,
Juliette Minces, Siné, Robert Namia,
Zohra Sellami, Jacques Vergès qui était son premier
directeur avant d’être remplacé par Mohamed Harbi. En
1964, eut lieu un débat très sérieux, parti d’un entretien de Mostefa Lacheraf, en exil, accordé à la revue de Sartre et de
Jeanson, « Les Temps Modernes », reprise par l’hebdomadaire dirigé par Harbi. »