RELATIONS INTERNATIONALES-
FRANCE- FRANCE.ALGÉRIE /POSITION E. MACRON (28.2.2025)
© El Moudjahid, samedi 1 mars
2025
Le Président français Emmanuel
Macron a exclu toute dénonciation unilatérale de l’Accord de 1968 réglementant
la circulation des ressortissants algériens en France. «Nous
avons lancé le processus de révision des accords de 1968. On ne va pas les
dénoncer de manière unilatérale, ça n’a aucun sens»,
a-t-il répondu à une question posée par une journaliste, lors de la conférence
de presse conjointe qu’il a animée vendredi 28/2 avec le Premier ministre
portugais. Le chef de l’État français a ainsi désavoué son Premier ministre,
François Bayrou, qui a voulu engager une épreuve de force avec l’Algérie, en
lui lançant, mercredi dernier, un ultimatum d’un mois à six semaines pour la
révision de la totalité des accords sur l’immigration liant les deux pays. M.
Bayrou avait affirmé qu’une fois le délai passé, son gouvernement dénoncera
unilatéralement ces accords. Une déclaration qu’il a faite, selon toute
vraisemblance, sous l’influence et la pression du ministre de l’Intérieur,
Bruno Retailleau, qui use et abuse d’un ton comminatoire envers l’Algérie dont
il fait un sujet de politique interne française. Le recadrage du débat par le
Président français est de nature à rendre nul et non avenu l’ultimatum lancé
par M. Bayrou. M. Macron a assuré dans ce sillage qu’«un
mouvement a été engagé avec le Président Abdelmadjid Tebboune pour moderniser
les accords de 1994. On le fera en bon ordre», a-t-il
dit. Le Président français a poursuivi en lançant des piques à son ministre de
l’Intérieur. Il a, entre autres, affirmé que «ce que
notre pays mérite, c’est que quand on parle de sa sécurité, on doit faire
preuve d’un sens du réel» et d’«une culture d’efficacité». Il a aussi indiqué
qu’un travail a déjà été entamé entre l’Algérie et la France sur les accords de
1968. «Nous avions, avec le Président Tebboune,
nous-mêmes envisagé à l’été 2022 de les rouvrir pour les moderniser, parce
qu’il y a beaucoup de choses qui doivent être faites de part et d’autre sur ces
accords sur lesquels il y a beaucoup de commentaires parfois d’ailleurs factuellement
faux», a-t-il relevé, soulignant que «les Premiers ministres avaient ensuite, à
l’automne 2022, poursuivi cette déclaration que nous avions faite pour ouvrir
ce travail». «Nous, on veut être respecté et on le
fera aussi avec respect», a-t-il précisé, considérant qu’«on ne peut pas se
parler par voie de presse, c’est ridicule, ça ne marche jamais comme cela». «J’ai bien entendu les propos du Président Tebboune et je
souhaite qu’il y ait un travail de fond qui soit réengagé au service de nos
intérêts les uns et les autres, avec exigence, respect et engagement», a-t-il
souligné, tout en estimant que «les choses se font bien quand elles se font
avec exigence et engagement». «Mais il ne faut pas
qu’elles (les relations, ndlr) fassent l’objet de jeux politiques», a-t-il
conclu. Par ces déclarations, le Président français semble ainsi chercher la
désescalade au moment où les relations algéro-françaises
frôlent le point du non-retour. Le Président Abdelmadjid Tebboune avait mis en
garde contre «une séparation qui deviendrait
irréparable», dans un entretien publié le 3 février par le journal français
L’Opinion. Interrogé sur ce qu’il faudra faire pour l’éviter, il avait parlé de
déclarations fortes que devrait faire son homologue français. «Ce n’est pas à moi de les faire. Pour moi, la République
française, c’est d’abord son Président», avait-il
précisé.