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RELATIONS
INTERNATIONALES- ESPAGNE- ALGERIE/ESPAGNE 2025
©L’Expression, Walid
Ait Said, 26 février 2025
Après
trois ans de tensions diplomatiques, l’Espagne revient à la raison ! Depuis sa
décision controversée de reconnaître la prétendue «marocanité»
du Sahara occidental, Madrid a multiplié les gestes d’apaisement pour recoller
les morceaux. L’Algérie, inflexible, a maintenu sa position, forçant l’Espagne
à redoubler d’initiatives et à ouvrir des canaux de discussion. Les premiers
signes de détente sont apparus fin 2023, sans pour autant retrouver la relation
privilégiée d’autrefois. Un ambassadeur espagnol a été nommé, et les échanges
économiques ont repris timidement. Mais c’est véritablement la diplomatie qui a
fait avancer le rapprochement, avec l’implication directe du président
Abdelmadjid Tebboune. En octobre dernier, il a adressé un message de
condoléances au roi Felipe VI après les inondations en Espagne, qualifiant ce
pays d’«ami» et exprimant sa «haute considération». Un
mois plus tard, le roi d’Espagne a répondu par un message à Tebboune à
l’occasion du 70? anniversaire du déclenchement de la
guerre de Libération. Ce qualificatif d’«ami» a été
réaffirmé récemment par le président Tebboune, en félicitant l’écrivain Yasmina
Khadra, primé en Espagne. Parallèlement, les rencontres officielles se sont
accélérées. À Johannesburg, en marge d’une réunion ministérielle du G20, Ahmed Attaf, chef de la diplomatie algérienne, a rencontré son
homologue espagnol, José Manuel Albares, pour la
première fois depuis trois ans. Ce fut le signe concret d’un véritable dégel.
En ce début de semaine, les paroles ont laissé place aux actes. Le ministre de
l’Intérieur, Brahim Merad, s’est rendu en Espagne,
accompagné du directeur général de la Sûreté nationale, Ali Badaoui,
et du directeur général de la Protection civile, Boualem Bourelaf.
C’est la première visite officielle entre les deux pays depuis la suspension du
Traité d’amitié. À Madrid, Merad a eu droit à un
accueil «royal». Il a rencontré son homologue,
Fernando GrandeMarlaska Gomez, qui a qualifié
l’Algérie de «partenaire-clé en matière de sécurité et
de gestion migratoire». «L’Algérie est le partenaire
principal de l’Espagne en matière de coopération sécuritaire et de gestion de
la migration», a-t-il soutenu. Dans une déclaration qui semble adresser un
tacle au Maroc, souvent accusé d’utiliser la migration comme un levier de
pression sur l’Europe, il a salué «les efforts de
l’Algérie dans la lutte contre les réseaux de trafic de migrants», ayant permis
le démantèlement de plusieurs organisations criminelles. Il a également
remercié les autorités algériennes pour leur rôle décisif dans la libération
d’un citoyen espagnol kidnappé en Algérie, le 14 janvier dernier. Le ministre
espagnol de l’Intérieur a souligné que les deux pays partagent «de nombreux
défis communs nécessitant des réponses collectives et efficaces».
Plus encore, Grande-Marlaska a annoncé la reprise des
échanges bilatéraux et la relance des commissions mixtes entre les deux pays.
Il a précisé que «les discussions avaient également
porté sur la préparation de la prochaine commission mixte dans le cadre de
l’accord de coopération sécuritaire, signé en 2009, incluant la lutte contre le
terrorisme et le crime organisé». Une avancée majeure qui marque la fin des
tensions. Au-delà de la sécurité, la coopération algéro-espagnole «reprend de plus belle». À Madrid, Brahim Merad a visité le siège de la Direction générale du trafic
et discuté avec les autorités espagnoles des solutions technologiques pour
fluidifier la circulation routière en Algérie. Les deux parties ont convenu
d’organiser des rencontres entre experts pour partager les meilleures
pratiques. Dans la foulée, la presse espagnole a annoncé le retour en Algérie
de Repsol, le géant pétrolier espagnol, avec un investissement de près de 800
millions d’euros dans un projet pétrolier. Tout semble donc
«gazer» entre Alger et Madrid. Le ciel entre les deux capitales n’est
plus «gris», d’autant plus que Brahim Merad, qui a conduit cette visite, est un homme de
confiance du président Tebboune, ayant été son directeur de campagne pour le
second mandat. Un signe fort que la relation entre les deux pays est en train
de retrouver des couleurs
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©L’Expression/ Mohamed Touati, 26 février
2025
L’Énergie
est le secteur qui a permis à la coopération algéro-espagnole
de maintenir un lien. L’investissement de 731 millions d’euros du géant
pétrolier espagnol Repsol rapporté, hier, par The Economist est un indicateur
incontestable de relations commerciales fructueuses entre l’Algérie et
l’Espagne. En quoi consistet-il ? Ce projet concernera
les sites de Rhoude El Rouni
Nord (Reggane Nord) et le Bloc 405A, incluant les
licences M’lein Inn, EMK et Ourhoud,
indique le magazine. Quel est son objectif ? Cet investissement devrait permettre
de récupérer environ 150 millions de barils équivalent pétrole, avec des
réserves prouvées estimées, au 31 décembre 2024, à 13,9 millions de barils,
dont 89 % sous forme de gaz provenant du champ de Reggane,
précise la même source. Repsol est présente en Algérie depuis 1973. Depuis
1991, Repsol maintient un bureau permanent à Alger pour soutenir son activité
dans le pays et renforcer ses liens avec les autorités et les institutions,
notamment ses relations avec Sonatrach, Alnaft et
ARH. Repsol compte environ 100 employés dépendant de la Business Unit Algérie.
Repsol est actuellement impliquée dans l’exploitation de quatre projets en
production Menzel Ledjmet Nord (MLN), El-Merk, Ourhoud et Reggane. L’Algérie est une zone stratégique pour Repsol en raison
de son potentiel en ressources naturelles et de sa proximité géographique avec
l’Espagne (l’un des principaux destinataires du gaz algérien). La production
moyenne de Repsol en Algérie en 2023 est supérieure à 60 000 bep/jour (2 % de la production nette mondiale du Groupe),
dont près de 60 % de gaz. Repsol dispose de réserves prouvées en Algérie de 50
millions de barils (2 % des réserves prouvées nettes de Repsol, calculées en
équivalent barils). Les capitaux employés en Algérie à fin décembre 2023 sont
de 312 millions de dollars et les investissements totaux des cinq dernières
années s’élèvent à 290 millions de dollars. Repsol est la sixième entreprise
internationale par ordre de production et la septième par ordre de réserves. Il
faut rappeler qu’elle avait signé le 15 juin 2023 avec la Compagnie nationale
des hydrocarbures Sonatrach et l’entreprise indonésienne Pertamina
un contrat d’hydrocarbures sur le périmètre contractuel de
«Menzel Lejmat» (Bloc 405a), sous l’égide de
la loi 19-13 régissant les activités hydrocarbures. Un nouveau jalon dans le
partenariat entre les trois sociétés, de type partage de production, qui
s’inscrit dans le cadre du protocole d’accord signé entre les trois compagnies
le 28 septembre 2022. Il portait notamment, sur la construction d’une unité
d’extraction des GPL Forage de 12 puits d’huile et un puits d’injection de
l’eau, et le raccordement des nouveaux puits de développement et l’entretien
des installations existantes ainsi que l’acquisition sismique 3D, et fait
mention d’un Projet WAG (Water Alternating Gas), un
projet de digitalisation, une étude laboratoire sur l’EOR et un projet de
production d’énergie solaire.