HISTOIRE- OPINIONS ET POINTS DE VUE- COLONISATION DE
L’ALGERIE/CRIMES DE GUERRE FRANÇAIS/ OPINION J.M APHATIE
Le journaliste et chroniqueur politique Jean-Michel Aphatie est au cœur d’une vive polémique en
France après avoir déclaré
publiquement les crimes de guerre commis par la France en
Algérie. Sa déclaration choc, faite mardi 25 février 2025 sur RTL, a déclenché
une vague de critiques de la part de plusieurs personnalités politiques et a
été signalée à l’Arcom, l’Autorité de régulation de
la communication audiovisuelle et numérique française.
Lors d’un débat avec Florence Portelli, vice-présidente Les Républicains de la région
Île-de-France, Jean-Michel Aphatie a abordé la
responsabilité historique de la France en Algérie. Il a affirmé avec force : «
On les a massacrés et on ne l’a jamais reconnu. » Puis, il a ajouté : « Vous
savez, chaque année en France, on commémore ce qu’il s’est passé à
Oradour-sur-Glane, c’est-à-dire le massacre de tout un village. On en a
fait des centaines nous en Algérie. Est-ce qu’on en a conscience ? »
Cette comparaison avec le massacre
d’Oradour-sur-Glane perpétré par les nazis en 1944 a provoqué une réaction immédiate
du co-animateur Thomas Sotto, qui a tenté de nuancer
les propos d’Aphatie. Mais le chroniqueur a maintenu
sa position, précisant que les exactions françaises en Algérie avaient précédé
celles du régime nazi : « Les nazis n’existaient pas. On ne s’est pas comporté
comme des nazis. Les nazis se sont comportés comme nous l’avons fait en
Algérie. Combien de femmes, combien d’enfants, combien de villages ont été
massacrés ? »
Face à ces déclarations, Florence Portelli s’est indignée, qualifiant les propos d’« horribles » et accusant Aphatie
d’ignorer l’histoire coloniale française. Mais le journaliste a insisté,
évoquant notamment les enfumages pratiqués par le général Bugeaud en 1845, une
tactique consistant à asphyxier des populations entières cachées dans des
grottes.
Les propos de Jean-Michel Aphatie ont rapidement déclenché un tollé sur les réseaux
sociaux et dans la classe politique française. Éric Ciotti, président des
Républicains, est allé jusqu’à comparer le journaliste à un « influenceur
algérien », reprenant une rhétorique hostile souvent utilisée contre l’Algérie.
De son côté, Jordan Bardella, président du
Rassemblement National, a dénoncé une « odieuse falsification de
l’Histoire » et une « insulte aux rapatriés d’Algérie ».
Dans une tentative de clarification, Aphatie a répliqué sur X (ex-Twitter), raillant les
critiques d’Éric Ciotti et appelant à une meilleure connaissance de l’histoire
: « Il faut se plonger dans les livres pour comprendre le malheur qu’a
parfois répandu le peuple français. Refuser de le faire, c’est
s’interdire de connaître l’histoire de son propre pays. » Il a également
invité les internautes à écouter l’émission dans son intégralité afin de mieux
comprendre le contexte de ses propos.
Cette
controverse révèle une fois de plus la difficulté pour la
France d’affronter son passé colonial. Plutôt que d’engager une
réflexion sur les crimes commis durant les 132 années d’occupation de
l’Algérie, certains responsables politiques préfèrent attaquer ceux qui osent
rappeler ces faits historiques. Loin d’être une falsification, les massacres
coloniaux sont pourtant largement documentés par des historiens.
Jean-Michel Aphatie,
bien qu’étant un journaliste et non un chercheur spécialisé, s’est appuyé sur
des faits avérés. Mais en France, évoquer ces vérités reste tabou et
suscite systématiquement des réactions indignées, souvent déconnectées de la
réalité historique. Cette crispation démontre à quel point l’histoire coloniale
continue de hanter le débat public et divise profondément la société française.
Si la polémique actuelle reflète
l’hostilité de certains cercles politiques à toute remise en question du récit
national, elle met aussi en lumière le courage de ceux qui, comme Jean-Michel Aphatie, osent affronter les faits. La reconnaissance des
crimes coloniaux reste une étape essentielle pour une réconciliation historique
entre la France et l’Algérie.
-----------------------------------------------------------------------------------------------©L’Expression, 27 février 2025
Les Français
sont-ils «complexés» vis-à-vis de leur passé colonial
? Cela semble être le cas de bon nombre de personnalités médiatiques et
politiques à chaque fois qu’on évoque un funeste épisode de cette triste période
coloniale française en Algérie. Jean-Michel Aphatie,
par ses récentes déclarations, a une nouvelle fois fait l’objet d’une vive
polémique, notamment en raison de ses propos sur la colonisation française en
Algérie. En affirmant que «la France a fait des centaines d’Oradour-sur-Glane
en Algérie», il n’a pas seulement comparé les
exactions commises par l’armée française aux atrocités nazies, mais a aussi mis
en lumière une réalité souvent occultée du passé colonial français.
Les enfumades de la Dahra sont pourtant des
faits mentionnés, étudiés et reconnus par les historiens des deux rives. C’est
une réalité historique indéniable. En effet, les massacres et atrocités commis
par l’armée française en Algérie sont d’une ampleur inouïe et ne doivent pas
être minimisés. Parmi ces actes, les enfumades de Sbéha,
du 11 juin 1844, et celles de la Dahra, le 18 juin 1845, commises par les
tristement célèbres général Bugeaud et Cavaignac, demeurent un symbole tragique
des violences infligées aux populations algériennes.
Plusieurs centaines de villageois ont trouvé la
mort, asphyxiés dans des grottes où ils s’étaient réfugiés après avoir été
encerclés par l’armée française. De véritables crimes contre l’humanité. Ces
méthodes de répression, à la fois brutales et inhumaines, rappellent les
tactiques d’anéantissement systématique utilisées par les nazis pendant la
Seconde Guerre mondiale, comme l’attaque du village d’Oradour-sur-Glane un
siècle après, en 1944, où 643 innocents ont été massacrés par la Waffen-SS, évoquée par Jean-Michel Apathie. Si ces deux
événements n’ont évidemment pas les mêmes causes, la logique de destruction des
populations est, elle, semblable dans les deux cas. Le parallèle que
Jean-Michel Aphatie fait entre l’attitude de la
France en Algérie et celle des nazis dans des territoires occupés soulève un tollé
dans les milieux médiatiques et politiques. Par ignorance ou par déni de
l’histoire, ces réactionnaires ne mâchent pas leurs mots pour dénigrer le
journaliste et chroniqueur. Cependant, ces réactions soulèvent un débat crucial
: comment la France peut-elle faire face à son histoire coloniale, et comment
concilier les mémoires des victimes de ces exactions ? Loin de chercher à
excuser les crimes nazis, Aphatie met en lumière une
réalité gênante pour la mémoire collective française, celle d’un empire colonial
qui a utilisé des méthodes de répression et de torture dignes des pires régimes
totalitaires. Les polémiques suscitées par ses propos ne doivent pas détourner
l’attention de cette question fondamentale : la France a-t-elle véritablement
pris toute la mesure de son passé colonial et des crimes qui ont été commis au
nom de l’Empire ? La mémoire de ces atrocités, comme celle de l’enfumade de la
Dahra, reste souvent sous silence, ou à peine abordée dans les manuels
d’histoire. Pourtant, le devoir de mémoire imposerait de regarder ces
événements en face, de les analyser et d’en tirer des leçons. En mettant en
lumière les crimes de l’armée française, Aphatie,
loin d’être dans la provocation gratuite, a ainsi le mérite de poser une
question essentielle : jusqu’à quand la France continuera-t-elle à minimiser
son histoire coloniale, à ignorer les souffrances infligées aux Algériens et à
défendre une vision trop édulcorée de son passé ?
Le journaliste a, de cette manière, rappelé
l’urgence d’un débat national sur la reconnaissance de ces injustices et le
besoin de réconcilier les mémoires pour permettre un véritable travail de
réparation. Ce qui, visiblement, met dans une situation très gênante le clan de
l’extrême droite et ses relais médiatiques, à l’image du clownesque Hannouna et consorts. Ces derniers mènent, depuis quelques
mois, une guerre médiatique sans merci contre l’Algérie.