Nom d'utilisateur:
Mot de passe:

Se souvenir de moi

S'inscrire
Recherche:

Etude Farid Benramdane- "Nation et nomoination...."

Date de création: 23-02-2025 18:55
Dernière mise à jour: 23-02-2025 18:55
Lu: 27 fois


SCIENCES- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ETUDE FARID BENRAMDANE- « NATION ET NOMINATION.... »

 

Nation et nomination.L’Algérie par l’histoire de ses noms propres. Essai (Étude) de Farid Benramdane. Édité par le Haut Commissariat à l’Amazighité, Alger 2024, 300 pages, ?????dinars

 

 L’Algérie est un pays vaste.Rien d’étonnant donc de constater (sur le terrain, et avec les chercheurs, bien sûr) que son système de dé/nomination n’est pas chose aisée. Un tel patrimoine immatériel dans ses expressions linguistiques les plus diverses  et ses catégories de nomination les plus usitées investit des domaines d’investigation multiples et divers. Pour s’en sortir, il y a toute une science ....celle des noms propres, appelée par les spécialistes « l’onomastique »........la science des noms propres.

A travers cette science, on peut arriver (peut-être !) à avoir des réponses à bien des interrogations : Qui sommes-nous ? Qui sommes -nous par rapport aux noms que nous portons, que portent nos massifs montagneux, nos cours d’eau, nos reliefs, nos habitats, nos saints, nos tribus et familles... ?

L’étude attache une attention particulière à la citation de beaucoup de noms propres à titre d’illustration.Des noms employés tous les jours.Des noms de lieux (toponymes) et des noms de personnes (patronymes) qui font l’objet d’un traitement systématique approfondi à l’effet de rendre compte de la profondeur des ancrages historiques du patrimoine onomastique algérien et de la richesse des hypothèses explicatives de ces noms. Surtout ne rien rejeter car tout est possible.

Chapitre intéressant , celui portant sur l’écriture des noms algériens, abordée sous l’angle culturel mais surtout sous ses déclinaisons fonctionnelles dans la gestion moderne d’un pays.Souvenez-vous du temps récent avec un gros lot de plaintes , auprès des services de l’Etat-civil, ayant trait à l’écriture des noms. Le rapport colonialisme/onomastique a pris dans le contexte algérien une des expressions culturelles et redénominatives uniques dans l’histoire de l’humanité  .Une entreprise génocidaire soft « ayant touché aux noms propres de tout un peuple avec pour but de fonder et/ou de refonder autoritairement et arbitrairement une nation homogène, sur la base d’une langue unique, au mépris des populations qui la composent, dont le passé et la culture sont déniés et dont les droits sont bafoués » (Lapierre, N., 2001 cité).

A souligner que l’étude exprime clairement un objectif : poser l’Algérie comme sentiment collectif d’appartenance (Nation), la penser comme totalité (Territoire), la désigner historiquement (Nomination) et la restaurer comme concept fédérateur (Algérianité).Bonne lecture...et vous irez de découverte en découverte....peut-être sur votre nom ou sur l’endroit où vous êtes né

 

L’Auteur : Professeur de l’Enseignement supérieur en sciences du langage et spécialiste en onomastique (sciences des noms propres).Ancien doyen de Faculté (lettres et arts). Chercheur -fondateur (Unité de recherche « Rasyd » au Crasc) .Président de la « Saso » (Société algérienne savante d’onomastique). Auteur de nombreuses publications . 

 

Table des matières : Introduction/  9 chapitres.... dont « Identité , culture nationale et question des noms propres », « Qui sommes-nous par rapport aux noms que nous portons ? », « Algérie : les noms propres algériens...... », « Théorie coloniale et noms propres... », «  Les noms algériens et leur(s) écriture(s).....  / X. Conclusion : L’Algérianité

 

Extraits : « Si le concept d’ « algérianité » est une centralité, ses paradigmes, tels que façonnés par l’histoire et la culture, substrat de base et apports étrangers: amazighité, arabité, islamité, africanité, méditerranéité, latinité, ottomanité , etc....sont des composantes » (p16), « Un nom propre est aussi bien un produit que le fait d’un processus, soit il est saisi tel qu’il est usité et perçu présentement (exemple en 2024), soit il est apprehendé dans le cheminement temporel de sa formation linguistique à travers le temps » (p 21), « De temps en temps, depuis des décennies, le champ politique et médiatique national s’emballe, avec stupeur pour les uns, inquiétude pour les autres, curiosité pour les étrangers, et non sans grande peur, cette fois-çi, pour les forces patriotiques du pays, quand les insultes, les injures ciblent , à une telle échelle de généralisation, jamais égalée depuis l’indépendance, avec une précision inouïe, les ressorts les plus profonds de la matrice ethnolinguistique de l’Algérie ( p25), « A partir du VII° siècle, avec la conquête musulmane, l’onomastique algérienne va connaître une arabisation massive de son stock lexical.Les noms de souche arabe constituent désormais une composante importante du patrimoine local, en toponymie mais surtout en anthroponymie » (p 111), « Cet Etat civil (note :colonial), comme cela a été orchestré , a opéré une rupture dans la continuité identitaire de l’Algérien et a opéré une « fracture du nom » et par là-même une fracture dans l’identité algérienne que l’on traîne toujours.L’Algérien vit aujourd’hui « le syndome identitaire nominal » du fait qu’il y a eu détournement du sytème nominatif traditionnel » (p 128), « Du point de vue de l’histoire de l’Afrique du nord, seule la France coloniale a procédé à des changements radicaux dans la matrice ethnolinguistique des populations autochtones : « Les Romains ont généralement respecté dans les pays conquis les noms préexistants à leur venue, à l’inverse de ce qui se passe de nos jours, où des noms de lieux français sont journellement substitués aux noms indigènes » écrit Mercier Gustave en 1924 ( p 136)

 

Avis Des hommes, des noms, et des lieux....à la loupe très , très grossissante d’un spécialiste. Une recherche très, très pointue mais globalement accessible.....et même plus que passionnante. A noter que « deux sociétés savantes en onomastique existent en Afrique et dans le monde arabe : celle de l’Afrique du sud et de l’Algérie...........précurseurs en la matière »

Citations «  Il ne suffit pas de décréter que le débat sur l’identité  est clos pour que la lumière fut.Le paraître est une chose, l’être en est une autre » (p27), « Ce qui fonde le peuplement en Algérie et au Maghreb,  en matière sociale et culturelle, ce n’est pas la personne mais le groupe (noms formés avec béni, ouled, ait/at, douar, ahl, doui, al...) , d’où l’importance stratégique des ancrages communautaires d’ordre généalogique et de leurs légitimations » (p 35), « Les

noms algériens sont là, tout de même, pour rappeler ceci : l’ancestralité en Algérie et au Maghreb, un des paradigmes d’une nation , a un rapport beaucoup plus avec le Sol qu’avec le Sang (come en Orient)........la Terre ou le Territoire et sa dénomination joueront un rôle d’une forte identité et la fonction d’une puissante identification » (p157)