HISTOIRE- GUERRE DE LIBÉRATIOIN NATIONALE- OAS
1962/CRIMES
© ■ WALID AÏT SAÏD, L’Expression, lundi 17 février 2025 (Extrait)
Alors
que l’extrême droite française mène une « guerre médiatique » contre l’Algérie,
un collectif d’intellectuels français demande des comptes à l’OAS. Dans une
tribune parue, hier (15 février 2025) dans « Le Monde », ce collectif
appelle l’État français à «reconnaîtrepleinement
cette page sombre du passé » de la France. « L’Organisation de l’armée secrète,
qui mena des actions terroristes pour maintenir l’Algérie française, a fait de
très nombreuses victimes en 1961 et 1962 », rappellent ces intellectuels dans
cette tribune intitulée La République doit rendre hommage à toutes les victimes
de l’OAS, en Algérie et en France . Ils soulignent
qu’avant Emmanuel Macron, «aucun autre chef d’État n’avait
accordé autant d’importance aux mémoires blessées de la guerre d’Algérie »,
répertoriant pas moins de « dix-neuf actes mémoriels, dont sept déclarations
formelles ». Pourtant, malgré ces avancées, aucun mot sur les massacres commis
par cette organisation criminelle, dont certains membres ont par la suite fondé
le Front national. « Ces nombreuses interventions accentuent le silence du
président de la République sur les quelque 3 000 victimes de l’OAS en
1961-1962, en Algérie (2 551) et en France (71) », rappellent-ils. Ce
collectif s’interroge: pourquoi ce silence ? « D’autant
plus que, parmi les personnes tombées sous les coups de cette organisation
terroriste, figurent 77 militaires et gendarmes, dont 15 officiers comme le
général de corps d’armée Philippe Ginestet, ainsi que 20 policiers, dont six
commissaires, mais aussi des civils, des élus, des magistrats et des
fonctionnaires », poursuivent-ils. « Certaines de ces victimes ont même été
reconnues comme ‘mortes pour la France’, et les Archives nationales, rendues
accessibles depuis l’arrêté du 22 décembre 2021 voulu par Emmanuel Macron, démontrent
que les tueurs de l’OAS étaient loin d’appartenir à une ‘armée de patriotes’,
mais s’apparentaient clairement à un ‘gang de malfaiteurs payés’ », insistent-ils.
Pour eux, « Macron doit rendre hommage à toutes les victimes de l’OAS et
reconnaître cette page de notre passé, qui pèse encore aujourd’hui sur la vie
institutionnelle, politique et militaire française », comme il l’a lui-même
écrit. « Toute nation qui oublie son passé est condamnée à le répéter »,
affirment-ils. Un plaidoyer puissant qui rouvre une page sombre de l’histoire
de la France, que les « fascistes » de l’extrême droite tentent d’effacer sous
la pression. Aujourd’hui, ce collectif vient rappeler le passé criminel de
cette organisation, qui a donné naissance au parti de Jean-Marie Le Pen