VIE POLITIQUE- FORMATION CONTINUE- MARKETING
COMMERCIAL ET MARKETING POLITIQUE
© https://blogs.mediapart.fr/ Billet
de blog * rédigé
par Christophe Trezy, 15 février 2025.EXtrait
Tout d’abord que le but essentiel,
le principe fondamental, du commerce est la dépendance du client. Et rien ne
répond mieux à ce principe que la drogue (j’entends par drogue toute substance
capable, une fois prise, d’alléger le poids du quotidien, que ce poids trouve
son origine dans la douleur physique, dans le mal-être psychologique ou
simplement dans un désir de meilleure insertion sociale). Je note au passage
que la firme McKinsey est mouillée jusqu’au cou dans ce scandale absolument
colossal qui a fait au total plus d’un million de morts, c’est-à-dire presque
autant que l’ensemble des guerres aux USA depuis leur création (1 350 000 morts
de 1775 à aujourd’hui). On ne peut ici que constater le caractère
essentiellement morbide du capitalisme. Notons à ce propos qu’alors que la
communication sur les guerres des USA (guerres d’indépendance, indiennes, mexicaine,
de sécession, mondiale 1, mondiale 2, de Corée, du Vietnam…) inondent
le marché médiatique et façonnent l’inconscient collectif, l’information sur le
scandale des opioïdes, elle, reste étonnamment discrète.
Ensuite et principalement, je
remarque que l’élément déclencheur de cette catastrophe est le recours à des
campagnes publicitaires agressives. Ce sont ces campagnes qui ont renversé la
situation psychologique : les médecins, puis les consommateurs ont
rapidement été convaincus par le discours, pourtant radicalement et
volontairement mensonger, de ces messages promotionnels. Pour une conséquence
pourtant stupéfiante : 1 million de morts.
Je vois donc ici la preuve que l’on
peut convaincre, changer une opinion à l’échelle d’un pays simplement en ayant
recours à la publicité, à une histoire bien ficelée, à un « narratif », à une
mode, à un engouement. Cela va radicalement à l’encontre des discours
rassurants qui affirment, dès lors qu'il est question de politique, que « les
gens ne sont pas si influençables que ça » et que « ce n’est pas parce que
quelques chaînes de télévision, quelques journaux, quelques radios, déversent à
longueur de journée de la m**** que les gens y prêtent attention ». Après tout,
« les gens sont bien capables de se faire leur propre opinion ». Bullshit. Bien
sûr que oui, les gens y prêtent attention. Bien sûr que oui, déverser de la
m**** à longueur de journée sur une portion tout sauf négligeable du champ
médiatique finit par avoir une influence. Et même une influence absolument
déterminante. Si les efforts de Musk et de tous ses semblables, ceux de Bolloré
et de ses affidés, étaient vains, pourquoi dépenseraient-ils des milliards pour
leur propagande ?
Si les messages publicitaires
étaient si peu efficients, pourquoi les firmes dépenseraient-elles un millier
de milliards de dollars chaque année dans ce grand n’importe quoi, dans cette
vaste fumisterie mondiale qu’est la publicité ?…
Si de telles sommes sont investies, c’est bien que les décideurs, qui sont tout
sauf stupides, du moins tant qu’il s’agit de rendements financiers, savent
pertinemment qu’ils vont en avoir pour leur argent et que ces messages, bien
que mensongers, bien que basés sur du rêve (qui tourne vite au cauchemar), de
l’illusion, pénètrent les cerveaux de leurs cibles et que ces dernières
finissent par adhérer.
Alors pourquoi en serait-il
autrement dans le champ politique ? Pourquoi, sous prétexte que l'on passe du
champ mercantile au champ politique, les choses seraient-elles différentes ? Le
présupposé, non énoncé, peut-être inconscient, de l'affirmation d'une
différence entre la réception d'un message publicitaire mercantile et celle
d'un message publicitaire politique, est que le mercantile est futile et que
les gens se laissent, vaguement consciemment, berner parce qu'après tout ça
n’est pas bien grave de se laisser convaincre que manger un yaourt
machin-truc-chosifié va nous rendre la vie plus belle, alors que la politique
est quelque chose de sérieux, de grave : là, les gens y regardent à deux fois
avant de se laisser convaincre par n’importe quel discours. Ce raisonnement est
bien sûr totalement fallacieux.
Un, si les gens « y regardent à deux
fois avant de se laisser convaincre », comment expliquer le succès du RN dont
le programme est stupéfiant de vacuité ? Comment expliquer l’engouement autour
d'un Bardella qui se contente d’une promo visuelle,
simplement marketing, sur TikTok pour cristalliser
une adhésion hors-norme ?
Deux, si le les gens se laissent
convaincre par la publicité parce « ça n’est pas bien grave »,
comment expliquer ce million de gens morts après avoir consommé des médicaments
recommandés par la publicité ?
Se réfugier derrière l’illusion d’un
libre-arbitre, d’une souveraineté inébranlable dans les choix importants chez
chaque individu, c’est définitivement se voiler la face sur le caractère
éminemment influençable de l’être humain.
Pendant que les républicains se
racontent, plus ou moins consciemment, des mensonges sur la nature humaine, les
fascistes, eux, ont parfaitement identifié la brèche psychologique et entendent
bien l’exploiter.
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* Rédigé suite à la
lecture d’un article Wikipédia sur « la crise des
opioïdes ». https://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_des_opio%C3%AFdes)