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Marketing commercial et marketing politique

Date de création: 16-02-2025 18:52
Dernière mise à jour: 16-02-2025 18:52
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VIE POLITIQUE- FORMATION CONTINUE- MARKETING COMMERCIAL ET MARKETING POLITIQUE

©  https://blogs.mediapart.fr/ Billet de blog * rédigé par Christophe Trezy, 15 février  2025.EXtrait

Tout d’abord que le but essentiel, le principe fondamental, du commerce est la dépendance du client. Et rien ne répond mieux à ce principe que la drogue (j’entends par drogue toute substance capable, une fois prise, d’alléger le poids du quotidien, que ce poids trouve son origine dans la douleur physique, dans le mal-être psychologique ou simplement dans un désir de meilleure insertion sociale). Je note au passage que la firme McKinsey est mouillée jusqu’au cou dans ce scandale absolument colossal qui a fait au total plus d’un million de morts, c’est-à-dire presque autant que l’ensemble des guerres aux USA depuis leur création (1 350 000 morts de 1775 à aujourd’hui). On ne peut ici que constater le caractère essentiellement morbide du capitalisme. Notons à ce propos qu’alors que la communication sur les guerres des USA (guerres d’indépendance, indiennes, mexicaine, de sécession, mondiale 1, mondiale 2, de Corée, du Vietnam…) inondent le marché médiatique et façonnent l’inconscient collectif, l’information sur le scandale des opioïdes, elle, reste étonnamment discrète.

Ensuite et principalement, je remarque que l’élément déclencheur de cette catastrophe est le recours à des campagnes publicitaires agressives. Ce sont ces campagnes qui ont renversé la situation psychologique : les médecins, puis les consommateurs ont rapidement été convaincus par le discours, pourtant radicalement et volontairement mensonger, de ces messages promotionnels. Pour une conséquence pourtant stupéfiante : 1 million de morts.

Je vois donc ici la preuve que l’on peut convaincre, changer une opinion à l’échelle d’un pays simplement en ayant recours à la publicité, à une histoire bien ficelée, à un « narratif », à une mode, à un engouement. Cela va radicalement à l’encontre des discours rassurants qui affirment, dès lors qu'il est question de politique, que « les gens ne sont pas si influençables que ça » et que « ce n’est pas parce que quelques chaînes de télévision, quelques journaux, quelques radios, déversent à longueur de journée de la m**** que les gens y prêtent attention ». Après tout, « les gens sont bien capables de se faire leur propre opinion ». Bullshit. Bien sûr que oui, les gens y prêtent attention. Bien sûr que oui, déverser de la m**** à longueur de journée sur une portion tout sauf négligeable du champ médiatique finit par avoir une influence. Et même une influence absolument déterminante. Si les efforts de Musk et de tous ses semblables, ceux de Bolloré et de ses affidés, étaient vains, pourquoi dépenseraient-ils des milliards pour leur propagande ?

Si les messages publicitaires étaient si peu efficients, pourquoi les firmes dépenseraient-elles un millier de milliards de dollars chaque année dans ce grand n’importe quoi, dans cette vaste fumisterie mondiale qu’est la publicité ?… Si de telles sommes sont investies, c’est bien que les décideurs, qui sont tout sauf stupides, du moins tant qu’il s’agit de rendements financiers, savent pertinemment qu’ils vont en avoir pour leur argent et que ces messages, bien que mensongers, bien que basés sur du rêve (qui tourne vite au cauchemar), de l’illusion, pénètrent les cerveaux de leurs cibles et que ces dernières finissent par adhérer.

Alors pourquoi en serait-il autrement dans le champ politique ? Pourquoi, sous prétexte que l'on passe du champ mercantile au champ politique, les choses seraient-elles différentes ? Le présupposé, non énoncé, peut-être inconscient, de l'affirmation d'une différence entre la réception d'un message publicitaire mercantile et celle d'un message publicitaire politique, est que le mercantile est futile et que les gens se laissent, vaguement consciemment, berner parce qu'après tout ça n’est pas bien grave de se laisser convaincre que manger un yaourt machin-truc-chosifié va nous rendre la vie plus belle, alors que la politique est quelque chose de sérieux, de grave : là, les gens y regardent à deux fois avant de se laisser convaincre par n’importe quel discours. Ce raisonnement est bien sûr totalement fallacieux.

Un, si les gens « y regardent à deux fois avant de se laisser convaincre », comment expliquer le succès du RN dont le programme est stupéfiant de vacuité ? Comment expliquer l’engouement autour d'un Bardella qui se contente d’une promo visuelle, simplement marketing, sur TikTok pour cristalliser une adhésion hors-norme ?

Deux, si le les gens se laissent convaincre par la publicité parce « ça n’est pas bien grave », comment expliquer ce million de gens morts après avoir consommé des médicaments recommandés par la publicité ?

Se réfugier derrière l’illusion d’un libre-arbitre, d’une souveraineté inébranlable dans les choix importants chez chaque individu, c’est définitivement se voiler la face sur le caractère éminemment influençable de l’être humain.

Pendant que les républicains se racontent, plus ou moins consciemment, des mensonges sur la nature humaine, les fascistes, eux, ont parfaitement identifié la brèche psychologique et entendent bien l’exploiter.

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* Rédigé suite à la lecture d’un   article Wikipédia sur « la crise des opioïdes ». https://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_des_opio%C3%AFdes)