INFORMATIQUE-
FORMATION CONTINUE- INTELLIGENCE ARTIFICIELLE (I/III)
©France
Télévisions/Luc Chagnon, 9 février 2025
. La France accueille, lundi 10 et mardi
11 février au Grand Palais, le Sommet mondial pour l'action
sur l'IA, où des chefs de gouvernement et des
patrons des géants de la tech sont attendus. L'occasion d'analyser
l'impact de ces technologies, accessibles au grand public sur les
plateformes ChatGPT, DeepSeek, Grok ou Midjourney.
Ces IA promettent, selon
leurs créateurs, de révolutionner notre société, le monde du travail ou de
l'éducation. D'autres y voient plutôt une menace synonyme d'augmentation du
taux de chômage, voire, dans le pire des cas, d'apocalypse… /////1 Concrètement,
qu'est-ce que l'intelligence artificielle ?:L'intelligence artificielle ne désigne pas
vraiment une technologie, mais un objectif. En l'occurrence, réussir à recréer,
avec des machines et des logiciels, des fonctionnements qui imitent ceux du
cerveau humain. Il s'agit de reconnaître des motifs ou des corrélations, créer
des phrases ou des images, déterminer le meilleur comportement à adopter en
fonction d'un environnement.Selon la Commission nationale de l'informatique et des libertés
(Cnil/France) , l'IA désigne "tout système
mettant en œuvre des mécanismes proches de celui d'un raisonnement
humain". Le plus souvent avec des systèmes qui imitent le
fonctionnement du cerveau, appelés "réseaux de neurones". La première
machine à utiliser ces réseaux de neurones remonte à 1951, avec le Snarc. Le terme "intelligence artificielle" est
lui né aux Etats-Unis en 1956 lors du Dartmouth Summer Research Project on Artificial
Intelligence, un colloque scientifique.////2 Pourquoi en parle-t-on
autant ces derniers temps ?: La
raison tient en sept lettres : ChatGPT. L'IA a
connu un retour en force avec la sortie en novembre 2022 de ce chatbot (un agent conversationnel) à destination du grand
public, créé par la start-up américaine à but non lucratif OpenAI,
capable d'écrire des phrases crédibles sur tout et n'importe quoi – tant
qu'on n'y regarde pas de trop près.Le logiciel d'OpenAI a lancé la popularité des IA
dites "génératives", c'est-à-dire capables de créer des textes (comme
le chinois DeepSeek ou le
français "Le Chat"), des
images (Midjourney, Grok),
des sons (Eleven
Labs) ou des
vidéos (Sora, Veo, Runway).
Le plus souvent à partir d'une consigne écrite, appelée "prompt".////3 Les IA sont-elles vraiment "intelligentes" ?: Tout dépend de la manière dont on
définit l'intelligence. "Ça fait très longtemps que les machines
nous dépassent sur certaines tâches comme le calcul", rappelait en
2023 Jean-Gabriel Ganascia, chercheur au Laboratoire d'informatique
de Paris 6 (LIP6) et spécialiste en intelligence artificielle, auprès de Bfmtv.Est-ce suffisant pour dire que ces programmes sont
"intelligents" ? Pas vraiment, selon de nombreux chercheurs,
notamment parce que ces logiciels sont souvent bons pour un nombre de tâches
restreint. De plus, "les IA actuelles sont des programmes
statiques. Ce sont les humains qui décident quand et comment elles sont
entraînées ou mises à jour", rappelle à BFMTV Thomas Wolf, cofondateur
de la plateforme d'IA Hugging Face. Une IA peut
tenter de reconnaître ou imiter une émotion dans un texte, mais elle ne la
"ressent" pas. Elle n'a pas non plus conscience d'elle-même ou de son
existence, même si ChatGPT ou d'autres IA génératives
de texte peuvent écrire le contraire////.4 Pourquoi entend-on souvent parler d'une "révolution" ?Pour Bill Gates, l e
fondateur de Microsoft, le changement majeur apporté par cette innovation sera
plus profond que la révolution provoquée par la création de l'ordinateur. Le patron de Google, Sundar Pichai(), évoque, lui, rien de moins qu'une
technologie "plus marquante que [la découverte du] feu
ou de l'électricité".Sans
forcément aller jusque-là, de nombreux spécialistes pointent l'intérêt de ces
programmes pour effectuer plus rapidement des tâches potentiellement
fastidieuses, comme écrire des mails ou rédiger des notes de synthèse. Et ainsi
laisser plus de temps pour la réflexion et les tâches créatives.Les IA transforment également certains
domaines comme la médecine. Un logiciel peut, avec suffisamment de puissance de
calcul et de données, être entraîné à réaliser des tâches avec une précision
chirurgicale : en radiothérapie, la localisation de la tumeur pour que le
traitement frappe au bon endroit "pouvait prendre deux à trois
heures, voire une demi-journée dans les cas complexes. Désormais, nous
disposons de logiciels qui reposent sur du deep learning (...) qui sont capables de le faire en deux ou
trois minutes", applaudissait le professeur Jean-Emmanuel Bibault auprès de franceinfo en
juillet 2023. Et "nous ne connaissons pas encore le
dixième des possibilités qu'offre l'IA dans le secteur de la santé".Avec
suffisamment d'exemples, un programme peut notamment créer des molécules
prometteuses ou aider à comprendre leur structure. C'est le cas du logiciel AlphaFold, du laboratoire Google DeepMind, dont les
dirigeants ont été récompensés
du prix Nobel de chimie 2024. En
analysant des cellules, il peut aussi identifier
l'origine d'un cancer retors,
permettant d'apporter un diagnostic plus rapide.