SCIENCES- FORMATION CONTINUE-
SCIENCES ET VULGARISATION SCIENTIFIQUE
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janvier 2025
Cécile Langlet,
enseignante-chercheuse au Laboratoire Lorrain de Psychologie et Neurosciences
de la dynamique des comportements (2LPN)
Qu’est-ce qui vous a motivé à participer à cet échange entre chercheurs et
journalistes, et qu’en avez-vous retenu pour vos propres recherches ?
Après mes études en Biologie, j’ai envisagé de me tourner vers une carrière
de journaliste scientifique. J’ai toujours apprécié lire des magazines
scientifiques, car leur approche de vulgarisation permet de rendre
compréhensibles des mécanismes complexes et de rester informé des dernières
avancées scientifiques. Par ailleurs, il est de plus en plus demandé aux chercheurs
de savoir vulgariser leurs connaissances, de participer à la médiation
scientifique et de disposer d’une culture générale suffisante pour l'intégrer
dans nos enseignements, ce qui peut parfois être difficile lorsqu'on est plus
habitué à échanger avec ses pairs. J’ai rejoint l’équipe du Figaro Santé, qui
couvre des sujets variés allant de l’écologie aux neurosciences. Après avoir
découvert leur mode de fonctionnement, le responsable m’a donné l’opportunité
d’écrire un article sur l'impact des confinements sur le cerveau des
adolescents. Cet exercice, très différent de notre façon de rédiger habituelle,
m’a confronté à quelque chose de beaucoup plus complexe et éloigné de ce qui
est utilisé dans les articles scientifiques.
Cet échange m’a permis de prendre conscience de l’importance de la
vulgarisation scientifique et de la manière dont elle peut enrichir nos
recherches. En tant que chercheur, on a souvent tendance à se concentrer sur
des aspects très spécifiques et techniques, mais l’exercice de rendre ces
connaissances accessibles au grand public nous oblige à revoir nos idées sous
un autre angle
Qu’avez-vous découvert sur le traitement et la diffusion des informations
scientifiques ainsi que sur le quotidien des journalistes scientifiques lors de
votre immersion au sein d’une rédaction ?
Cette expérience m’a permis de découvrir un environnement dynamique,
constamment influencé par l’actualité scientifique, où la réactivité est
essentielle pour être parmi les premiers à diffuser une information. Ce qui m’a
particulièrement surpris, c’est le grand nombre d’alertes que reçoivent les
journalistes. J’ai pu observer qu’une fois qu’un article les intéresse, ils
contactent rapidement des experts pour discuter des résultats de la recherche
et les rendre compréhensibles pour le grand public. J’ai eu l’opportunité de suivre
le responsable de la section Santé lors des comités de rédaction qui rythment
sa journée, d’assister à une conférence de presse ainsi qu’à une interview
d’une ancienne astronaute, de le suivre dans le cadre d’une émission de la
chaîne Figaro, et enfin, de découvrir le processus de sélection des actualités
les plus pertinentes
Comment pensez-vous que les chercheurs et les journalistes peuvent mieux
collaborer pour rendre la science plus accessible au grand public ?
Les chercheurs et les journalistes pourraient travailler ensemble de
manière plus régulière, en créant des partenariats à long terme. Ces
collaborations faciliteraient la compréhension mutuelle des besoins et des
contraintes de chaque partie. Nous pourrions également dans la mesure du
possible, organiser des ateliers ou des sessions de formation où les chercheurs
et les journalistes pourraient échanger leurs compétences spécifiques. Les
chercheurs pourraient apprendre à simplifier et à vulgariser leurs travaux sans
dénaturer les résultats, tandis que les journalistes pourraient mieux
comprendre les méthodologies et les enjeux scientifiques pour éviter les
simplifications excessives ou les erreurs. Et enfin, une des choses les plus importantes
à mon sens serait d’encourager l’accès direct aux chercheurs par
l’intermédiaire de forums, ou des réseaux (type linkedin)
ce qui faciliterait la diffusion de l’information. Cela permettrait aussi aux
chercheurs de mieux comprendre les questions et préoccupations du public, et de
sortir de nos laboratoires.