CULTURE-
OPINIONS ET POINTS DE VUE- GRANDE MOSQUÉE
DE PARIS/ ATTAQUES DROITIÈRES/RÉPONSE
RECTEUR (FÉV 2025)
SON INSTITUTION
FAIT L’OBJET DE VIRULENTES ATTAQUES PAR L’EXTRÊME DROITE FRANÇAISE LE RECTEUR
DE LA MOSQUÉE DE PARIS RÉPLIQUE (© El Moudjahid ,
mardi 5/2/2025)
Il y a des
époques où l’on débat, où l’on confronte, où l’on cherche la lumière par la
confrontation des idées. Et puis il y a ces moments où la vérité n’a plus
d’importance, où le soupçon est plus fort que la preuve, où l’on ne cherche pas
à comprendre, mais à condamner..................... PAR CHEMS-EDDINE HAFIZ ( *)
La Grande Mosquée de Paris se tient à ce
carrefour, avec la clarté des faits contre l’épaisseur du mensonge, avec la
transparence de son action contre l’opacité des procès d’intention. Elle avance,
mais l’ombre court après elle, s’efforce de l’engloutir, de la tirer vers ce
néant où l’on enferme ceux que l’on ne veut pas voir exister. La Grande Mosquée
de Paris traverse, depuis plusieurs semaines, un tourbillon de soupçons, une
tempête d’accusations où la nuance s’efface, où l’exactitude s’effondre.
Certains y voient une organisation opaque, d’autres un relai d’intérêts
étrangers, d’autres encore une structure financière suspecte. Mais que
reste-t-il de ces accusations quand on les confronte à un regard neutre, dénué
de tout prisme idéologique ? Par souci d’objectivité, par désir d’épreuve, j’ai
demandé à une Intelligence Artificielle (que j’ai baptisé Hakima, c’est-à-dire
la Sagesse) d’analyser le traitement médiatique de la Grande Mosquée de Paris.
Une machine, sans conviction, sans croyance, sans attachement à cette
institution ni à aucune autre. Un outil dont la seule boussole est la logique,
la méthodologie et l’exactitude factuelle. Je lui ai soumis un processus en
deux temps. D’abord, nous lui avons demandé d’effectuer une revue de presse
exhaustive couvrant un mois d’articles traitant de la Grande Mosquée de Paris.
Ensuite, nous lui avons demandé d’analyser cette revue de presse, d’en extraire
les tendances dominantes et d’évaluer l’équilibre du traitement médiatique. Et
que révèle-t-elle ? Un traitement médiatique majoritairement à charge : La
majorité des articles recensés se concentrent sur des critiques, notamment la
gestion opaque de la certification halal et les liens avec l’Algérie. Peu de
médias semblent avoir enquêté sur les arguments de la défense de la GMP, hormis
quelques déclarations du recteur Chems-eddine Hafiz
relayées par exemple dans Le Figaro. L’absence de contre-expertise ou de
sources indépendantes qui pourraient valider ou invalider les accusations
soulève une forme de biais. Un cadrage négatif et politisé : Certains médias
insistent sur un "scandale halal" et sur des "liens suspects
"avec l’Algérie, sans nécessairement explorer les nuances de la relation
historique entre la GMP et l’Algérie. Le contexte diplomatique tendu entre
Paris et Alger peut avoir influencé la tonalité des articles, faisant de la GMP
une cible médiatique dans un climat de méfiance envers les institutions perçues
comme liées à des États étrangers. Une absence de diversité dans les points de
vue. Peu d’analyses approfondies sur le rôle historique et social de la GMP en
France. Le débat est centré sur des enjeux politico-financiers, laissant de
côté la dimension spirituelle et culturelle que la mosquée incarne pour de très
nombreux musulmans. Conclusion : un traitement médiatique orienté vers la
polémique. La couverture médiatique semble privilégier un angle
sensationnaliste, mettant en avant des controverses sans approfondir la
complexité du sujet. Si des critiques légitimes peuvent être émises sur la
gestion de la certification halal, l’absence d’une pluralité de points de vue
réduit l’objectivité du débat. Un travail journalistique plus équilibré aurait
pu inclure des analyses comparatives avec d’autres institutions religieuses,
des entretiens avec des experts neutres, ou une mise en perspective plus historique
du rôle de la GMP. Le spectacle de l’accusation : Sans ambiguïté, l’IA Hakima
met en lumière ce que les musulmans de France ont pressenti sans toujours
pouvoir le démontrer : un traitement médiatique à charge, où l’accusation
précède l’enquête, où le soupçon se substitue à la preuve. Des articles qui
répètent, amplifient, accumulent des griefs sans jamais interroger leur
fondement. Une critique obsédée par la certification halal et par les relations
historiques entre la GMP et l’Algérie, sans jamais chercher à comprendre leur
cadre légal, leur transparence ni leur réalité pratique. Et surtout, un
constat glaçant : l’absence d’un véritable débat contradictoire. Là où
l’éthique journalistique exigerait de croiser les sources, d’interroger des
experts, d’offrir une analyse équilibrée, il n’y a qu’un écho amplifié des
mêmes accusations. Là où l’investigation exigerait une mise en perspective, il
n’y a que l’obsession d’une seule cible. Les faits, une forteresse que l’on
assiège. Nous avons pourtant répondu, point par point. Nous avons documenté,
prouvé, démontré. Il est facile d’accuser. Il est aisé de pointer du doigt, de
distiller le doute, d’ériger l’incertitude en argument. Mais l’accusation n’est
pas une : Quand la Mosquée répond, explique, démontre, c’est à peine si on
l’entend. La vérité ne pèse jamais bien lourd face au récit que l’on a déjà
décidé d’écrire. Elle n’a de poids que celui que lui donnent ceux qui
l’alimentent. Alors on répète, on martèle : la certification halal cacherait un
système trouble, les liens historiques avec l’Algérie seraient suspects, la
Grande Mosquée de Paris agirait dans l’ombre. Pourtant, les faits sont là.
Irréductibles, indiscutables. Un arrêté ministériel de 1994 reconnaît la
Grande Mosquée de Paris comme organisme habilité à la certification rituelle en
France, dont l’expérience en la matière date de 1939. Les comptes sont déposés
au greffe, contrôlés par un commissaire aux comptes. Les discussions avec
l’État sont constantes, inscrites dans des cadres officiels, tracés,
surveillés. Rien ne se fait dans l’ombre. Rien n’est caché. Mais il faut croire
que le simple fait d’exister, d’être visible, de jouer un rôle dans la cité,
suffit à déranger. Les faits sont là. Ils sont publics, vérifiables,
incontestables. Pourtant, rien n’y fait. L’image d’une "salle
obscure" continue d’être entretenue. Ce n’est plus une enquête, c’est une
construction. Une narration où l’on a choisi le coupable avant même d’examiner
les preuves. La question inévitable : à qui profite le trouble ? Ne nous
méprenons pas : il ne s’agit pas ici de céder aux fantasmes du complot aux
plaintes victimaires. Mais il faut poser la question, car elle s’impose
d’elle-même : à qui profite le vacarme ? À qui sert cette mise en accusation
permanente, ce refus d’entendre les faits, cette volonté de maintenir la Grande
Mosquée de Paris dans l’ambiguïté, malgré l’évidence de son rôle, de sa
mission, de son enracinement républicain ? Nous avons notre réponse. Mais elle
n’a pas d’importance ici. Face à ce spectacle désolant, il n’y a qu’une réponse
possible : la sérénité et la fidélité à notre mission. Elle vit à travers cette
communauté qui refuse de se laisser définir par le regard de ceux qui la jugent
de loin. Ne vous laissez pas troubler par ces attaques répétées. Ne vous
laissez pas enfermer dans l’image réductrice que l’on voudrait vous imposer. La
Grande Mosquée de Paris ne se définit pas par le regard de ses détracteurs,
mais par la lumière que tant de personnes lui apportent en la faisant vivre. La
Grande Mosquée de Paris n’a jamais été un lieu d’effacement, et elle ne le
deviendra pas aujourd’hui. Qu’on le veuille ou non, elle est là. Elle existe.
Elle vit. Elle vit à travers ceux qui viennent y prier, loin du bruit et des
polémiques stériles. Elle vit à travers ceux qui s’y instruisent, qui y
apprennent, qui y transmettent. Elle vit à travers cette communauté qui refuse
de se laisser définir par le regard de ceux qui la jugent de loin, sans jamais
venir la voir de près. Que les accusations pleuvent, que les doutes
s’accumulent, que les polémiques enflent – nous resterons debout. Nous
continuerons d’ouvrir nos portes, d’accueillir, d’enseigner, d’éclairer. Dans
d’autres lieux, en d’autres temps, d’autres boucs émissaires ont été désignés,
d’autres institutions ont été prises pour cibles. Mais l’Histoire, la grande, a
toujours su rétablir la vérité et grandir ceux qu’on voulait reléguer. Soyez
fiers. Soyez dignes. Car au-delà du tumulte des hommes, il y a la constance de
la foi, et c’est elle qui écrit les pages durables de notre époque.
...................................... C. E. H. (
*) Recteur de la Grande Mosquée de Paris