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Finances/ Dette extérieure africaine 2025

Date de création: 02-02-2025 17:22
Dernière mise à jour: 02-02-2025 17:22
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FINANCES- ENQUÊTES ET REPORTAGES- DETTE EXTÉRIEURE AFRICAINE 2025

©  https://elwatan-dz.com/ M. Abdelkrim, 02/02/2025

 

 

Le poids de la dette extérieure accentue la vulnérabilité financière des pays africains et limite leur marge de manœuvre aux plans économique et politique. Elle a doublé en quinze ans et menace la stabilité économique du continent africain, selon le dernier rapport de Business Insider Africa. Cette spirale de l’endettement touche, en particulier, plusieurs pays du Maghreb avec une dette extérieure cumulée de 176,48 milliards de dollars pour l’Egypte, le Maroc et la Tunisie, rapporte le site Afrik.com.

«L’endettement massif des pays du Maghreb sonne l’alarme», souligne la même source. Selon un récent rapport de Global Firepower, trois nations – l’Egypte, le Maroc et la Tunisie – figurent parmi les dix pays africains les plus endettés en 2025. Premier pays africain en termes d’endettement avec 103,75 milliards de dollars, l’Egypte (50e rang mondial) «illustre les paradoxes d’une modernisation à crédit», fait remarquer le média en ligne. Celui-ci estime que les mégaprojets portant sur la réalisation de la nouvelle capitale administrative et la modernisation du canal de Suez ont «certes transformé le pays, mais au prix d’une inflation galopante et d’une dévaluation chronique de la livre égyptienne».

Quatrième pays africain le plus endetté avec 45,65 milliards de dollars (66e rang mondial), le Maroc a pratiquement plongé dans une crise structurelle aggravée par une sécheresse qui sévit depuis au moins six ans.  
La politique d’endettement du Maroc, orientée vers les énergies renouvelables et l’industrialisation, «témoigne d’une vision claire mais pose la question de la soutenabilité financière à long terme», révèle Afrik.com.

La Tunisie affiche, elle aussi, un niveau d’endettement élevé induit par une longue période d’instabilité post-«Printemps arabe». Avec 27,08 milliards de dollars de dette (81e rang mondial), la Tunisie «peine à sortir d’une décennie d’instabilité politique et économique», note la même source.

Et d’ajouter : «Les négociations tendues avec le FMI reflètent la difficulté du pays à concilier réformes structurelles et attentes sociales.» Pour le média en ligne, l’endettement du Maghreb n’est que la partie émergée d’un phénomène qui touche l’ensemble du continent africain. En effet, la dette extérieure africaine a, en quinze ans, plus que doublé en pourcentage du PIB, passant de 18,8% en 2008 à un inquiétant 41,6% en 2023, selon les données fournies par Afreximbank.

Service de la dette

Cette progression vertigineuse trouve ses racines, est-il expliqué, dans une série d’événements qui ont fragilisé les économies africaines : la crise financière de 2008, la pandémie du Covid-19 et plus récemment les perturbations économiques liées au conflit en Ukraine.

Un constat alarmant s’impose : avant même la pandémie, plus de 30 pays africains consacraient davantage de ressources au service de leur dette qu’aux investissements dans la santé. Cette situation rappelle la crise de la dette des années 1980, qui avait conduit à une décennie d’ajustements structurels douloureux pour de nombreux pays africains.

En 2023, 67% de la dette extérieure africaine était détenue par seulement dix pays, illustrant une concentration préoccupante du risque financier. Cette situation rend le continent particulièrement vulnérable aux chocs économiques externes, comme l’a démontré la récente volatilité des prix des matières premières. En Afrique subsaharienne, le ratio d’endettement moyen a, lui, presque doublé en dix ans, selon le FMI.  Il est passé de 30% du PIB à la fin de 2013 à un peu moins de 60% du PIB à la fin de 2022.

Selon la Banque mondiale, 22 pays du continent présentent un risque élevé de surendettement ou l’ont déjà atteint. Après la crise économique mondiale de 2009, rapporte le journal Le Monde, les marchés financiers internationaux se sont ouverts aux pays du Sud qui, jusque-là, empruntaient essentiellement à des créanciers publics. «De nombreux pays en développement, qui avaient désespérément besoin d’injecter des liquidités dans leurs économies, se sont rués sur ces prêts à bas coûts dans des marchés sans règle», déclarait au quotidien français l’économiste kényane AttiyaWaris, experte indépendante auprès de l’ONU. A partir de 2015, les fragiles économies africaines, dépendantes de l’exportation de matières premières (hydrocarbures, bois, minerais...) ont subi de plein fouet la baisse des cours mondiaux.

Leurs revenus ont sombré. Une situation aggravée par la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine. «A court de liquidités, plusieurs pays ont alors contracté de nouveaux emprunts afin de payer le service de leur dette, créant une spirale infernale qui empêche des investissements vitaux dans les infrastructures, la santé ou l’éducation», indiquait Le Monde. En Avril 2023, 22 pays présentaient un risque élevé de surendettement, avait calculé la Banque mondiale. Parmi eux, le Ghana et la Zambie, qui ont fait défaut, ainsi que le Malawi et le Tchad, sous assistance du Fonds monétaire international (FMI).

En 2022, la dette publique en Afrique a atteint 1800 milliards de dollars (près de 1700 milliards d’euros à l’époque), en hausse de 183% depuis 2010, selon l’ONU. Par contre, l’on estime que les pays les moins endettés sur le continent ont peu de contraintes économiques et se donnent plus de marge de manœuvre pour répondre aux préoccupations nationales cruciales. 
En évitant de s’endetter lourdement auprès du FMI, ces pays ont pu réduire les risques économiques, promouvoir le développement durable et préserver leur souveraineté nationale, fait savoir le site Buisness Insider Africa.

En évitant des conditions de prêt sévères, ils peuvent, poursuit-il, mieux déployer leurs ressources vers des domaines importants tels que les infrastructures, les soins de santé, l’éducation et la protection sociale. De plus, les pays africains peu endettés évitent les difficultés des politiques d’austérité qui accompagnent parfois les prêts importants du FMI, contrairement à ceux qui sont lourdement endettés.

Ces politiques, qui consistent généralement en des hausses d’impôts, des réductions des dépenses ou la suppression de subventions, peuvent stabiliser temporairement les économies mais entravent souvent la croissance et le progrès à long terme. La capacité de ces pays à faible dette à donner la priorité aux investissements qui favorisent le développement durable et la réduction de la pauvreté est une autre indication de leur résilience économique.