HISTOIRE-PERSONNALITES – MOHAMED KOUACI (PHOTOGRAPHE)
Le photographe et Moudjahid Mohamed Kouaci (1922-1996) a laissé un héritage photographique
précieux, à travers lequel il a immortalisé l'action militante et la glorieuse
marche du peuple algérien vers son indépendance, accompagnant sur le terrain
militants et dirigeants politiques et mettant à nu la diplomatie propagandiste
et mensongère de l'administration de la France coloniale.
Depuis son enfance, Mohamed Kouassi
vouait un amour indéfectible à sa Patrie et à la photo, mettant, dès les années
1940, son objectif au service de la résilience des Algériens à recouvrer leur
Indépendance et dénonçant, grâce à sa capacité à saisir les moments-témoins de
l'histoire, les innombrables atteintes graves aux valeurs universelles des
droits de l'Homme, délibérément commises par l'armée coloniale et que
l'administration française cherchait à taire et obscurcir à travers ses relais
médiatiques et sa diplomatie propagandiste et mensongère.
Le regretté prenait des photos qui
restituaient les mouvements des combattants et des moudjahidine algériens, à
l'intérieur et à l'extérieur, ainsi que lors de forums internationaux,
rapportant en images, les plus importantes réunions qui avaient marqué les
moments décisifs de l'Algérie en guerre, jusqu'à devenir le photographe
officiel et attitré du Gouvernement provisoire de la République algérienne
(GPRA).
Surnommé le "Photographe du Front
de Libération National", après avoir rejoint la troupe artistique du FLN
fondée en Tunisie en 1958, Mohamed Kouaci visitera
les camps des réfugiés, les bases de l'Armée de libération nationale et
assistera aux réunions des dirigeants de la révolution, immortalisant à chaque
fois, ces moments historiques dans la vie de la Révolution algérienne.
Né à Blida en 1922, Mohamed Kouaci a grandi à Alger, une ville qu'il affectionnait
particulièrement avec sa vieille cité, la Casbah et ses anciens quartiers et
venelles, dont il avait soigneusement conservé les clichés qui témoignent
encore de ses habitants autochtones et leur condition de vie précaire durant
l'occupation française.
Militant de première heure au sein du
Parti populaire algérien (PPA) et du Mouvement pour le triomphe des libertés
démocratiques (MTLD), Mohamed Kouaci avait montré de
prime abord son savoir-faire en enregistrant les réunions et manifestations du
mouvement national.
En 1946, il part avec sa femme, Safia, à
Paris (France), où il avait trouvé du travail, tout en poursuivant une formation
professionnelle dans l'art de la photographie.
Neuf ans après (juillet 1955), il adhère
à l'Union générale des étudiants musulmans algériens (UGEMA), puis à la
Fédération du FLN en France, où il a trouvé le lieu idéal de lutte et
d'engagement pour la cause nationale, après s'être entouré d'étudiants et
d'intellectuels avec qui, il partageait les mêmes aspirations libérales.
En août 1957, le couple Kouaci avait participé avec la délégation de l'UGEMA à la
représentation de l'Algérie au Festival mondial de la jeunesse à Moscou,
(capitale de l'Ex. Union soviétique), où le reporter infatigable de la cause
nationale avait exploité une série de photos-témoins pour faire connaître les
objectifs de la révolution algérienne, au péril de sa vie, car devenu une cible
potentielle et importante des services secrets français.
Après avoir rejoint la troupe
artistique, Mohamed Kouaci visitera les camps de
réfugiés, les bases de l'Armée de libération nationale et assistera aux
réunions des dirigeants de la révolution, immortalisant à chaque fois ces
moments historiques de la révolution et apposant derrière les photographies le
cachet du "Service photo du ministère de l'Information du GPRA", puis
celui de l'APS, fondée en décembre 1961 et dont il fut parmi les pionniers.
Telle un miroir ou la radiographie d'une
époque, l'œuvre de Mohamed Kouaci aura été d'un grand
apport à la Révolution algérienne, après que ses dirigeants aient saisi la
nécessité de donner à la lutte armée plus d’élan, en permettant une
confrontation médiatique et diplomatique à la hauteur des enjeux, à travers la
photographie et la force qu'elle pouvait représenter pour traduire la douleur
et la souffrance du peuple algérien et exposer l’abjection et la barbarie de la
machine coloniale.
Photographe exclusif de tous les grands
dirigeants de la Révolution, Mohamed Kouaci a laissé
une œuvre conséquente et colossale qui a gardé toute sa valeur historique et
qui continue à servir de référence importante, garante de la mémoire nationale.
Après l’Indépendance, il a dirigé durant plusieurs années , de 1962 à 1969, le
sous-direction photo du ministère de l’Information et de la Culture (Rue Didouche Mourad) qui gérait , entre autres, au sein de la
Direction de la Documentation et des publications, un laboratoire, une équipe
de photographes , les expositions officielles , des archives photos du Gpra
ainsi que celles abandonnées (des doubles) par le service d’information du
Gouvernement génétal français.Par
la suite, il s’est installé Bd Che Guevara à titre privé, gérant un laboratoire
mais aussi organisant plusieurs expositions.