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Laâdi Flici

Date de création: 05-01-2025 17:27
Dernière mise à jour: 05-01-2025 17:27
Lu: 13 fois


CULTURE- PERSONNALITES- LAÂDI FLICI

Laâdi Flici était un gardien de la mémoire. Il était l’un des auteurs algériens qui se sont inspirés le plus des épreuves du peuple durant la colonisation.

Il a toujours décrit et dénoncé le caractère injuste et violent du colonialisme. Quand il a été assassiné, en mars 1993, Laâdi Flici exerçait son métier de médecin dans un cabinet dont la fenêtre donnait sur la rue Ammar Ali (ex-Randon), comme s’il voulait rester toujours au milieu des humbles. Rien ne lui était inconnu ou indifférent dans ce quartier où il est né en 1937 et y a longtemps vécu. Un de ses premiers textes écrit 1957 en prison a, d’ailleurs, pour titre symbolique «Fils de la Casbah». Il avait été arrêté l’année d’avant à cause de ses activités militantes.

Son 1e recueil de poèmes dans la veine militante «La Passion humaine» paraît en 1958, à Paris, en pleine guerre chez l’éditeur Millias Martin. Le nom de Flici commence, toutefois, à se faire connaître davantage dans la presse nationale juste après l’indépendance. Président du comité exécutif de l’UGEMA, il publiait souvent dans «Le peuple», «Révolution africaine», «Novembre». Les vers d’un poème comme «Le Peuple de décembre» glorifie les sacrifices qui ont conduit à l’indépendance et «US Go homme» exprime sa colère contre un ordre injuste. Sa vocation de poète dont les sujets de prédilection étaient la recherche du bonheur et la guerre a germé durant sa détention à Serkadji où il a vécu «avec les yeux de la certitude» et dans sa propre chair, l’épreuve de la libération.

Laâdi s’est surtout toujours impliqué dans la vie culturelle, surtout dans les colonnes d’un moudjahid. Il a évoqué les ambigüités de Camus, le théâtre dans une interview- fleuve au milieu des années 1980, qui a duré une quinzaine de jours, et confia des récits à la revue «Promesses» lancée par Malek Haddad. L’homme est resté fidèle aux idéaux de sa jeunesse militante. Il chante les valeurs du nationalisme et s’en prend parfois avec virulence à quiconque oserait remettre en cause le combat séculaire. Il se montre aussi sensible et solidaire des causes justes, notamment celle du peuple palestinien.

En 1969 paraît «La Démesure et le Royaume» qui sera suivi par d’autres. Tous, qui l’ont connu s’accorde à dire qu’il était généreux. On l’appelait, d’ailleurs, le «médecin des pauvres» parce qu’il ne faisait pas payer les patients démunis. Pour éviter que cela soit assimilé à un geste d’humiliation, il demandait en retour des m’hadjeb ou des makrout.

Au début des années 1990, lorsque les premiers assassinats d’intellectuels, des amis et des proches lui ont conseillé de quitter le pays. Ce militant dans l’âme a toujours refusé et affirmait se sentir plus en sécurité dans sa Casbah. Le 17 mars 1993, il était attendu pour les obsèques de Dijilali Liabès, assassiné la veille mais n’ira pas au cimetière.

Dans la bibliographie de Flici, figure des pièces de théâtre comme «La Cour des miracles (théâtre)», Éditions SNED 1978 et surtout «Qui se souvient de Marguerite» ENAL, 1984. Cet ensemble de chroniques revisite la révolte qui a secoué la localité d’Aïn Torki située à un jet de pierre de Khemis Miliana au tout début du siècle dernier.

«Clair-obscur (nouvelles)», «Le temps des cicatrices», parus chez le même éditeur, sont aussi un voyage dans la mémoire de la capitale dont il se plaît à évoquer le quotidien durant la colonisation. Avec minutie pour que ses écrits ne soient pas une simple dénonciation politique au 1e degré, il s’attachait aussi à l’épaisseur humaine des événements.