EDUCATION- BIBLIOTHEQUE
D’ALMANACH- ESSAIS TAYEB KENNOUCHE- « DES HUMEURS D’ÉCRITURE »
Des humeurs d’écriture . Essais de Tayeb Kennouche. Editions El Qobia, Alger 2024, 1 200 dinars
Près d’une cinquantaine
de textes présentées « dans la nudité de leur naissance ». Une
partie, la plus consistante avec des textes pour la totalité publiées dans la
presse et presque toujours liés à l’actualité toujours brûlante (L’Université,la Violence, la Culture , le Bac’, la
Recherche scientifique, la Sociologie, la Vie politique, le Hirak ,
les Langues, Constantine, Alger.......Il y a, aussi, Bhl,
Kamel Daoud , Christine Chaulet, Mohammed Dib, Ali El
Kenz) , et d’autres (9), assez
récents relevant bien plus de la confession et de l’intime .Ces derniers,
assez émouvants car nous connectant à nos propres vies et expériences.....de
sexagénaires et plus.......et de plus jeunes .....encore sensibles: Le premier
livre de lecture/Mon jardin public (qui n’existe plus)/ Les agates (des billes
de belle qualité)/ Je suis né de toutes mes morts/Demain ou la nostalgie de
l’avenir/ La maison abandonnée de mon père/Majless
« Ma » Barkahoum/ Zohour
(prénom de la maman)/Pèlerinage à l’ombre de ma mère.
En gros, des écrits
épars liés à l’humeur du moment mais porteur d’un parfum « national »
qui colle à la peau.Unique
en son genre. L’Algérie, avec ses pluies , sa terre et
ses soleils mélangés..... dans la peau.
De l’aveu et de l’avis
de l’auteur lui-même, des écrits qui n’apportent, certes aucune forme de
réponse aux thèmes qu’ils abordent mais qui invitent à formuler les questions
qui auront, dit-il, la sagesse d’apporter les
meilleures réponses qui permettent de contempler le monde dans ce qu’il reste
de bien, de bon et de beau.Et, malgré tout, ce ne
sont pas de ces restes qui manquent.
L’Auteur :Né à Guelma, universitaire, enseignant-chercheur (sociologie) à Alger et dans
plusieurs centres de recherche. Membre du Consortium des Universités
Euro-Méditerranéennes, C.u.e.m. Auteur de plusieurs
publications.
Sommaire : Préambule/Préface
(Mohamed Mebtoul, Sociologue, Professeur des universités)/Textes (47)/ Postface (Rabeh
Sbaa, Professeur des universités,
écrivain)
Extraits : « Au-delà des
chiffres, l’école, aujourd’hui, est encore incapable d’être moderne dès lors
qu’elle renforce les frontières au lieu d’ouvrir les horizons pour la société
toute entière » (p 51), « Dans la nature comme dans les sciences qui
prennent cette dernière pour objet, rien ne se perpétue dans la continuité.Assuréemnt, ces adeptes ignorent que la
continuité est une pure illusion.Mais aujourd’hui,
dans la traversée du désert qui est la nôtre, cette continuité prend la forme
d’un mirage » (p 82), « Si certaines questions ne sont pas
encore résolues, le Hirak a le mérite de les rendre
visibles pour qu’elles soient enfin abordées » (p135), « C’est une
écriture (note : celle de Kamel Daoud) de fermeture.Toute
recroquevillée sur ses ressentis et ses émotions.Elle
est de partout clôturée par l’idéologique où l’esthétique est polluée par des
mots trop chargés de valeur et de jugements » (p159), « Ma mère,
c’est la joie. Ma mère c’est la fête.Ma
mère ce sont toutes nos guérisons, nos anniversaires, nos réussites, nos
fiançailles et nos mariages. Ma mère porte sur son beau visage l’histoire de
tous nos bonheurs » (p 303),
Avis : Une très, très belle gymnastique de phrases , de mots et de
pensées. Sur des sujets toujours d’actualité brûlante.Avec , un beau brin de nostalgie...Il était
une fois.
A lire -sans se presser
pour mieux comprendre et apprécier- sans tarder.
Citations : « Ecrire est une
vocation qui enrôle la personne toute entière dans une existence où les mots
deviennent capables d’inventer dess mondes et des
saisons » (p 7), « L’innovation n’est pas une vision du monde,
c’est un ensemble de moyens pour y parvenir .....Il s’agit d’une création
nouvelle qui se construit sur les décombres de l’ancienne » (p
59), « Il ne suffit pas, disait en substance P. Bourdieu,
d’énoncer des opinions généreuses, le devoir d’un intellectuel est d’abord de
produire et de mettre au clair une vision scientifique de la réalité, et à
travers elle les raisons d’agir » (p 73), « Dieu, pour protéger
l’homme du désespoir, a donné à l’espoir une sœur qui s’appelle
l’espérance » (p 88), « C’est par la qualité de ses enseignements et
de ses productions que chaque université se donne la seule langue qui dit
fidèlement ses vraies compétences, comme ses réelles incompétences » (p
107), « L’intellectuel est le contemporain le plus immédiat non seulement
du monde mais surtout de sa propre société dont il est le premier
visionnaire ....Il est celle ou celui qui est capable de voir plus vite et
plus loin. Cette faculté l’engage, immanquablement, à prendre part dans
l’histoire « (pp 144-145), « Dans les sociétés où l’art et la culture
se font rares, l’amour de la liberté devient un amour
illicite » (p148), « C’est quand il perd la mémoire
qu’un peuple disparaît ou s’exclut de l’Histoire.Il ne sait plus qui il est.Il ignore ce qu’il était.Il
se retrouve incapable de dire ce qu’il veut devenir » (p173), « Une société
n’existe que par le récit que l’on fait de son existence.Sinon
comme une Arlésienne , tout le monde en parle mais personne ne la voit »
(p 211),